The Legend Of Heroes Trails From Zero : une pure masterclass !

Le paysage vidéoludique du JRPG est des plus vastes, mais certaines licences ressortent aisément. The Legend Of Heroes est sans aucun doute l’une d’entre elles. Avec plusieurs arcs et séries, Nihon Falcom et Nippon Ichi Software s’apprêtent à sortir un titre jusqu’alors réservé au Japon : The Trails Of Zero. Sorti initialement sur PSP 2010 puis en 2020 sur PS4 au Japon, le voici enfin arriver chez nous pour notre plus grand bonheur. On conclut ce mois fort en JRPG en beauté avec un titre puissant alliant une narration encore une fois de hautes volées, une DA rétro qui cartonne et un gameplay jouissif.

The Legend Of Heroes Trails from Zero se place dans la continuité de la trilogie Trails in the sky. Même s’il n’est pas obligatoire d’avoir fait cet arc, les avoir complétés permet de comprendre certains faits, évènements ou clin d’œil. Mais soyez rassuré, on assimile très bien Tales From Zero même si on débute ici. On incarne Lloyd Bannings, sur la route vers la ville de Crossbell qu’il a quitté quelques années plus tôt afin de suivre une formation de police. Il rejoint une toute nouvelle unité secrète, la SSS, afin de lutter contre le crime et la corruption qui gangrène la ville, mais de plus sombres desseins planent au-dessus de la cité. 

Lloyd veut suivre les traces de son frère (un policier connu comme étant parmi les meilleurs, mais malheureusement décédé pendant l’exercice de ses fonctions) et découvrir les circonstances de sa mort. Arrivé à Crossbell, il découvre ses nouveaux camarades, avec un casting détonant regroupant encore une fois des personnages travaillés et diversifiés. Comme tout bon Trails, l’histoire débute lentement, en positionnant petit à petit son contexte avant que le rythme s’accélère plaçant son long rush pour nous tenir en haleine durant plusieurs heures. Le monde et le contexte de Trails from Zero sont bien plus sombres que ce qu’il n’y parait et la dernière ligne droite accentue ce sentiment d’autant qu’on ne fait pas face aux habituels cliffhangers nous laissant bouche bée jusqu’au prochain opus. Trails From Zero se montre plus décisif et, même s’il laisse quelques questions en suspens, ne nous laisse pas sur notre faim.

Le tout est superbement bien écrit, complet et complexe à la fois, nous tenant intrigués jusqu’au dénouement final en réservant son petit lot de surprises et rebondissement. J’ai fait une bonne partie des The Legends Of Heroes et celui-ci se classe sans aucun doute parmi mes préférés. Il est dommage par contre de ne toujours pas voir de sous-titrage dans notre langue d’autant qu’il faut un certain niveau d’anglais pour suivre le langage soutenu des innombrables dialogues.  On voit de plus en plus de cadors jusqu’alors disponibles que dans la langue de Shakespeare proposer du STFR depuis quelques mois/années, espérons que NIS suive la donne, car en l’état ils se privent d’une clientèle certaine (qui elle rate une licence excellente).

Une structure revue et constante à la fois.

Chaque chapitre de l’aventure Trails From Zero donne un objectif central accompagné de multiples quêtes secondaires facultatives, mais fortement recommandées, du bon gros The Legend Of Heroes. Il faut dire qu’on est bien loin des quêtes Fedex imbuvables qu’on pourrait trouver ailleurs. Tout y est scénarisé, tout apporte une petite pierre à l’édifice et au lore avec même des cinématiques complètes. À la vue de la construction globale de Trails From Zero, il est même compliqué de se dire réellement que ce contenu est secondaire tant tout s’imbrique parfaitement avec la trame principale.

La petite différence se trouve ailleurs. Au lieu de voir une narration s’étaler sur tout un continent, Trails From Zero fait le pari inverse : l’action se déroule dans Crossbell et aux alentours proches. On enchaine les petits aller-retour entre la ville et quelques colonies environnantes, avec un retour au QG en fin de journée comme s’il s’agissait d’une journée de travail. On se retrouve dans un rythme où Lloyd et sa bande suivent un cycle qui pourrait nous rappeler le nôtre journée réveil boulot « enquête/donjon » dodo assez bien foutu. Il est même bizarre de se dire que cette boucle pourtant bien répétitive casse la monotonie qu’on a pu ressentir dans les autres Trails.

On a aussi l’habitude de croiser et incarner de nombreux personnages. Ici, hormis quelques invités temporaires ci et là, notre aventure se concentre principalement sur les quatre membres de la SSS. Tout au long de notre voyage, on ne fait que tourner autour de notre équipe et ce qui lie notre unité, qui travaille ensemble et qui va résoudre les enquêtes en groupe. J’ai apprécié en tout cas le choix de construction de notre « famille », et la façon dont ils évoluent ensemble.

Ready? Fight!

Trails From Zero conserve une base éprouvée dans la licence avec du tour par tour basique en amenant son lot de nouveautés à commencer par le lancement d’un combat. On se balade dans les donjons avec les ennemis visibles. Selon comment on engage la baston, on peut acquérir certains bonus. En venant dans le dos de l’ennemi, on lance une embuscade. Si en plus on a pris la peine de l’assommer via le coup de base, on dispose d’un bonus encore une fois comme une attaque critique d’entrée de jeu, pas mal non ? Mais attention, ce qui est valable pour nous l’est aussi pour l’ennemi !

Dans l’action, on retrouve la recette classique du genre, avec l’ordre des personnages, pouvant chacun effectuer une action unique par tour comme une attaque basique, se mettre en position défensive, utiliser un consommable ou encore se déplacer. À côté de cela, on acquiert très rapidement les Arts qui sont les attaques magiques consommant des SP et nécessitant surtout un temps d’incantation. Puis viennent les crafts, une autre catégorie de compétences consommant cette fois-ci les CP qui se stackent au fil de l’eau. Dès lors qu’un personnage dispose de 100 CP ou plus, il peut enclencher quand il le souhaite son S-STACK quand bon lui semble (même si son tour a action a déjà eu lieu ce tour-ci), son ultime attaque, pouvant faire des dégâts maximums ou des soins de groupe et j’en passe. Pour finir, le Team Rush est une attaque commune des quatre personnages en simultanées frappant toute la zone qui peut s’enclencher assez régulièrement.

Chaque avatar dispose de ses compétences propres, monocible pour certains multi pour d’autres, leur portée et j’en passe. Le système de combat se prend très facilement en main et les vastes possibilités offertes donnent un résultat plaisant, fun et addictif. Certes, la difficulté ne répond présente que si on pousse les curseurs, mais la sauce prend quoi qu’il arrive. J’ai adoré parcourir The Trails et n’est pas peur d’énoncer le gameplay comme étant surement l’une de ces composantes que j’ai préférées d’autant que toute l’interface a été revu et modernisée pour apporter un maximum de clarté aux joueurs. Bref, un superbe travail de refonte nous est donné.

Nouvelle version ? Nouvelle version !

Côté confort, on note le fait que les ennemis plus bas level que nous ne viennent pas en chaine nous affronter (c’est l’inverse, ils se sauvent), le mode accéléré aussi bien pour les cinématiques/dialogues qu’en jeu qu’on active/désactive en un clic via l’une des gâchettes de la manette, les voyages rapides et j’en passe. Tout en conservant son aspect oldschool, Trails from Zero donne un coup de jeune à plusieurs fonctionnalités et le tout passe crème. Il en est de même pour l’aspect visuel qui marie ambiance 16 bits/rétro avec des parties animé-like à la perfection et que dire de la bande son signée par Nihon Falcom comme d’habitude de qualité ultra. On retrouve des thèmes à différentes ambiances, décrivant toujours avec justesse l’ambiance ou le décor à l’écran.

Je suis un grand fan (pas forcément connaisseur ou expert) des JRPG et j’ai retrouvé un feeling comme ce que je pouvais ressentir pendant ce que je considère comme l’âge d’or du genre (périodes SNES / PSX). On a trop tendance aujourd’hui, via les RS, à s’enflammer pour un rien et à en oublier le plaisir simple de kiffer un jeu et là pour le coup, je ne sais pas trop comment l’expliquer mais je me suis vraiment retrouvé « à l’ancienne ». J’étais fasciné du début à la fin de The Legend Of Heroes : Trails From Zero, à sourire bêtement à chaque découverte d’une nouvelle fonctionnalité, à chaque rebondissement, etc rien de plus que profiter purement et simplement et bordel qu’est-ce que c’était plaisant ! Il n’y a pas eu un instant où je n’étais pas dedans. Certes, l’absence de STFR va surement en pénaliser plus d’un (d’autant que le jeu est très verbeux et très long avec pas loin de 100 h pour faire l’intégralité en mode all inclusive), mais tout m’a plu que cela soit l’histoire couplée à cette DA enchanteresse, la bande son comme toujours aux petits oignons et ce gameplay complet. Si vous n’êtes pas allergique à l’anglais et fan de RPG nippon, foncez et kiffez !