Test Romancing SaGa 2 Revenge of the Seven : un classique remis au gout du jour

Square Enix a de vraies mines d’or entre les mains et s’amuse à en ressortir certaines avec des remakes divers et variés. SaGa en fait partie. Disponible depuis quelques jours sur PC et consoles, Romancing SaGa 2 Revenge of the Seven est une réécriture habile d’un hit ayant plus de 30 ans, apportant son lot de nouveautés surtout en termes de gameplay, sans toucher le fond côté narration. Une première version en occident, améliorée, on prend !

L’histoire raconte que sept héros ont un jour sauvé le monde et qu’ils reviendraient si le chaos réapparaissait. Mais le monde commençait à craindre leurs pouvoirs et les exila dans une autre dimension. La paix est à présent fragile et il n’en fallait pas plus pour qu’une nouvelle guerre éclate. Les derniers croyants de ces héros ressemblant plus à que légende aujourd’hui espéraient le retour des guerriers iconiques mais rien ne se passe comme prévue. L’empire d’Avalon est dirigé par le roi Léon, accompagné de ses deux fils, Victor et Gérard. Cependant, un malheur se produit : la capitale du royaume est mise à feu et à sang et l’un des princes a été grièvement blessé. La créature à l’origine de l’attaque prétend être l’une des sept légendes passées, revenues pour se venger de leur exil forcé et semer le chaos. Le joueur a un objectif clair : protéger l’empire, assurer le maintient de la couronne et abattre chacune des légendes à présent corrompues pour retrouver un jour la paix, et ce même s’il faut plusieurs générations pour y parvenir.

Sur le papier, le jeu s’annonce excellent et offre surtout une liberté sans faille. Romancing SaGa 2 articule son expérience autour de plusieurs axes qui s’imbriquent à la perfection. On débute par la montée d’une troupe prête à prendre les armes afin de reconquérir une à une chacune des régions d’Avalon et d’éradiquer chaque menace. Mais face à des avatars d’une telle puissance, il est impossible de traiter cela d’une seule vie. Deux notions s’intercalent alors pour rythmer la progression : le fait que la trame s’étale sur plusieurs générations, mais surtout la grande liberté qui nous est laissée pour progresser.

Tous les chemins mènent à Rome

Romancing SaGa 2 nous fixe un but et nous donne les étapes pour y parvenir. À nous d’organiser l’itinéraire et dans quel ordre nous souhaitons résoudre chaque problème. Chaque région est associée à un chapitre, et on est libre d’y aller dans l’ordre de notre choix. On est loin de la progression linéaire typique du RPG traditionnel, où l’ordre des missions est défini et ancré dans le jeu. C’est appréciable de pouvoir cadencer selon notre humeur ce qu’on fait, et comment. Néanmoins, je trouve que cela a un impact sur la narration elle-même et son rythme. Pour rester sur ce sujet, n’y allons pas par quatre chemins, le fil conducteur narratif reste assez classique, se concentrant sur notre objectif principal avec des thématiques connues des JRPG, des valeurs sûres. Ce remake apporte par contre un peu de lore additionnel concernant les sept légendes via des flashbacks qui apportent quelques détails en plus.

L’autre axe sur lequel Romancing SaGa se repose énormément est cette notion de génération et le système de transmission. À plusieurs reprises, RS2 fait un bond dans le futur, provoquant une perte de certains de nos acquis (notamment toute notre équipe) afin de débuter une nouvelle aventure avec un nouveau roi et de nouveaux compagnons. Comme énoncé, on est parti pour une lutte sur des siècles et des siècles, mais ce phénomène est aussi frais et original qu’il peut être frustrant. En effet, ces sauts dans le temps arrivent parfois de façon un peu abrupte, et lorsqu’on est attaché à l’un ou l’autre avatar, on doit le quitter bon gré mal gré et repartir de zéro. Cette mécanique me plaît personnellement, mais ce n’est pas forcément le cas de tout le monde.

Cependant, ce n’est pas un retour à zéro total, on retrouve en effet des personnages assez proches visuellement des anciens, mais surtout qui retrouvent une partie des statistiques de leurs aînés ainsi que des capacités acquises par un ascendant, mais aussi l’équipement ! Ce nouveau départ reste surtout sur le papier, car au fil du jeu, chaque nouveau venu hérite d’une partie de ce qu’a acquis son prédécesseur. On ne perd pas tout ce qu’on a durement gagné, fort heureusement.

Effet papillon

Certains de nos actes ont également des conséquences à court, moyen ou long terme, pouvant ouvrir ou à l’inverse fermer les portes de l’une ou l’autre quête. L’un des autres aspects qui vont fortement altérer le futur est le moment où l’on choisit un nouvel héritier sur le trône, ou une notion de classe peut jouer dans l’équation. Le nouveau roi hérite lui aussi du passif de son prédécesseur. Changer l’archétype génère parfois des combinaisons assez intéressantes avec des approches hybrides originales.

Au final, on s’aperçoit que le système est moins complexe que prévu, sans pour autant perdre de son intérêt, mais il y a tout de même quelques points d’alerte à garder à l’esprit, d’autant que Romancing SaGa 2 est assez corsé par moment, même en poussant tous les curseurs au plus bas côté difficulté. On peut perdre un personnage définitivement si on se rate et le drame est clairement vite arrivé : quand un personnage meurt au combat (PV mis à 0), il perd un point de cœur et son corps reste à terre jusqu’à la fin du combat… manque de bol, il peut toujours prendre des coups qui continuent à lui rincer les points de cœur. Et si par malheur ceux-ci arrivent à zéro, on dit adieu à notre compagnon. Heureusement, les nouvelles recrues sont légion dans Romancing SaGa 2, avec parfois même de nouvelles classes qui se débloquent quand on fait adhérer le bon avatar à notre cause.

Romancing SaGa 2 prend les allures d’un JRPG au tour par tour tout ce qu’il y a de plus classique, mais on y dénote immédiatement de nombreuses composantes maison qui apportent un vent de fraîcheur à un genre très représenté ces dernières années, à commencer par le fait qu’on ne débloque pas de nouvelles compétences en levelant un avatar, mais en utilisant ses armes. En effet, plus on utilise une arme, et plus sa maîtrise augmente. Effet immédiat : ses dégâts sont plus élevés, mais surtout, on a des chances d’acquérir de nouveaux talents de la sorte. Remake oblige, on ajoute du confort en augmentant ce taux de chance, mais surtout en ajoutant un petit outil de tooltip visuel indiquant que telle ou telle attaque a plus de chance de faire popper un nouveau sort.

Ready ? Fight !

À cela s’ajoute la gestion de la formation selon notre composition et façon de jouer avec par exemple les tank devant, les caster/soigneurs au fond, agencement en croix, etc, la gestion de la timeline/chronologie du tour à prendre en compte pour choisir nos priorités de sort (on sait qui cible qui, quand, etc côté ennemi donc à nous de prendre les bonnes décisions). Au final, la formule de Romancing SaGa offre une expérience complète, avec des bastons tactiques et une gestion intéressante à mettre en place sur le long terme, avec la gestion de notre troupe de génération en génération. Cela reste assez exigeant, sans être aussi difficile qu’à l’époque mais cela demande de l’investissement minimum. Les ajouts de confort et de modernité aident quand grandement en tout cas à passer un meilleur moment (mais rien n’empêche de jouer sur plusieurs sauvegardes afin de garder quelques cartouches de côté au cas où l’on s’apercevrait d’un mauvais choix quoi qu’il arrive).

Enfin, il y a bien sûr une bonne couche d’exploration qui a le droit à quelques ajouts de confort aussi comme la possibilité de quitter un donjon plus rapidement ou la brume qui cache une partie de la carte qui a disparu. Il y a également plusieurs autres modifications pour se faciliter la tâche, comme ça. Bien sûr, il est tout à fait possible de désactiver ces facteurs pour retrouver une expérience aussi fidèle que possible à l’œuvre d’origine.

Comme tout bon remake, il ne faut pas non plus oublier la partie visuelle et audio. Loin d’être une vitrine technologique comme on l’entend, Romancing SaGa 2 séduit tout de même par son charme et une esthétique soignée, rappelant Visions of Mana notamment, avec des décors de toute beauté. Le passage à la full 3D ajoute du cachet et dévoile un univers coloré et chatoyant avec une fluidité appréciable. La partie audio propose une orchestration moderne ou celle d’origine, ainsi que des doublages EN/JP avec des sous-titres FR.

Romancing SaGa 2 Revenge of the Seven est un remake d’un titre qui mérite le coup d’œil, nous permettant surtout de découvrir cette production officiellement pour la première fois dans nos contrées. Le scénario est bon, mais il manque de consistance par moment. L’idée et le contexte sont excellents, mais la narration en elle-même manque un peu de liant, de moments épiques surprenants et sortant des habitudes de ce que les JRPG nous offrent depuis des années. Par contre, le format global, la liberté offerte et cette notion de génération apportent clairement un vent de fraîcheur. En alliant le gameplay « baston » à cet aspect gestion, on se régale durant plusieurs dizaines d’heures (il faut bien 50-60 heures en allant à l’essentiel pour en voir le bout, et bien plus quand on fouille et qu’on profite), tout en profitant d’une belle refonte visuelle. Un classique hier, un classique toujours aujourd’hui qui mérite l’intérêt des fans de JRPG cherchant quelque chose qui sort des sentiers battus.