Like A Dragon Ishin : un must have chez Ryu Ga Gotoku

Après un magistral Yakuza Like A Dragon et son passage en tour par tour, Ryu Ga Gotoku revient sur son style de prédilection et plus traditionnel au travers d’une réédition de Yakuza Ishin sorti initialement qu’au Japon sur PS3 et PS4 en 2013. À mi-chemin entre le petit remake et le remaster premium, Like A Dragon Ishin permet de découvrir l’un des opus les plus solides et dépaysants de la licence. Le fond est béton, mais la forme aurait peut-être parfois mérité un peu plus d’attention ou refonte. Un avis à chaud après avoir poncé la trame principale et fait un peu d’annexes sur Xbox Series X. On évite un max de spoiler que cela histoire, quelques composantes intéressantes annexes ou même les screens histoire de vous garder un maximum de découverte !

Like A Dragon Ishin est un spinoff de l’univers habituel prenant place dans les années 1860 en pleine fin de l’ère Edo, le Bakumatsu. Ishin se sert de faits réels comme terreau à sa narration et son univers notamment le personnage historique de Sakamoto Ryoma, connu comme figure majeure du renversement du shogunat et de la transformation du Japon, en guise de protagoniste principale ou encore le Shinsengumi. Il s’agit d’une période charnière pour l’archipel nippon, signe d’une ouverture sur le monde et la fin d’une politique de renferment ou isolationniste. On fait face à l’une des périodes très fortes de l’histoire du Japon, qui propose un potentiel monstre en termes de cadre et RGG ne se prive pas pour y planter les graines de sa production.

Du côté de la trame, Ishin se comporte un vrai remaster, avec sa narration inchangée. Ceux ayant fait le titre sur anciennes consoles sont en terrain connu (à la différence près qu’on a des ST dans notre langue, et doublé en japonais uniquement, ce qui est tout sauf négligeable). Dès les premières secondes de jeux, des visages familiers font leur apparition, on pourrait croire avoir aperçu Kazuma Kiryu ou Goro Majima les charismatiques protagonistes historiques de Yakuza. Ce n’est pas un rêve, on retrouve bien le chara design phare des avatars majeurs de la licence, justifié via une pirouette scénaristique histoire de garder l’identité Yakuza dès le premier coup d’œil.

Ryoma rentre dans sa région de Tosa après un exil d’un an pour parfaire son maniement du sabre. À peine arrivé, il finit en prison pour avoir défié des renégats sur place en prenant la défense d’une mère et sa fille. Mais le représentant du pouvoir local n’est autre que celui qui l’a recueilli jeune, quand il s’est retrouvé seul à la rue. On apprend que son « frère » est à la tête du Kinno-To, un ordre cherchant à renverser l’ordre des choses en place afin d’amener une raison de vivre à tous, un équilibre et un vrai sens du partage en cassant un système de classe archaïque. Bien sûr, l’identité et les liens qui unissent ce triangle sont inconnus de tous. Le père approuve et appuie cette méthode et pousse la fratrie à fomenter ce coup d’État en prenant le contrôle du lieu où se situe le pouvoir. Pour lui, Tosa doit être détruite pour renaitre de ses cendres sur une base saine. 

Une réunion secrète se tient entre les trois parties, mais un assassin fait irruption et met à mort le père. Les gardes, alertés, arrivent sur place et trouvent leur dirigeant au sol mort dans les bras de Ryoma qui est considéré comme le meurtrier. Décidé à vivre et venger son père, il doit s’enfuir de Tosa, mais il promet revenir et faire éclater la vérité.

Le pitch de Like A Dragon Ishin donne le ton du voyage qu’on va vivre où liens familiaux, sens du devoir, l’honneur et la vengeance sont les thèmes au cœur de l’expérience. On retrouve très rapidement la qualité de plume de Ryu Ga Gotoku pour l’une de leurs œuvres la plus entrainante à mes yeux. J’ai adoré l’histoire de Kiryu, mais il faut reconnaitre que ce Ishin envoie du lourd (dans une époque que j’affectionne particulièrement) et ce tout au long des quelques dizaines d’heures que prend cet opus à être parcouru (à la louche je dirais un peu moins de 25 h en ligne droite, avec au mini 10-15h de rabais si on touche au contenu annexe). Le casting réunit encore une fois des personnages hauts en couleur, charismatiques et mémorables. Même les avatars secondaires ont eu le droit à un réel travail, leur propre histoire. Le studio nippon démontre tout son savoir-faire et étale ses compétences à tour de bras. Il prend son temps pour créer sa toile, avec des ficelles partant ci et là afin de tisser son univers jusqu’au dénouement final. Les cinématiques éclatent la rétine, on sent ici un petit côté remake avec un réel investissement pour redorer ce côté-là. 

Par contre, la partie « en jeu » dénature toujours, car on est resté sur des échanges 100 % muets, non doublés, où le dialogue ne se fait que via bulle de texte. C’est certes classique chez Yakuza, mais c’est assurément l’occasion de donner une nouvelle dimension à leurs productions dans le futur en amenant un peu plus de vie à l’avenir ici.

On retrouve une construction typique Yakuza avec des pans entiers de ville ouverts où on se ballade comme bon nous semble avec toujours cette possibilité de nous arrêter, discuter avec des PNJ (qui débouche sur des activités plus tard), nous occuper sur du contenu secondaire aussi bien des missions additionnelles que des mini-jeux plus ou moins barrés (après 5 min de jeux, on se retrouve déjà à couper du bois à la hache en rythme), sans compter les innombrables échoppes accessibles. C’est vivant, et la direction artistique ultra léchée d’un Japon ancien couplée à cette atmosphère authentique amène un charme incroyable. Fana des films de samurai, il est même possible d’activer un filtre pour renforcer ce sentiment ! Si vous connaissez le studio aux commandes, vous retrouvez vos marques très rapidement. Toutes leur marquent de fabriquent répondent présente.

Mais là aussi, un détail resté ancré dans le passé saute directement aux yeux : la rigidité du personnage et ses animations (sans parler des murs invisibles). Visuellement, le jeu a fait un bond en avant sur plusieurs aspects c’est indéniable, mais Ryoma lui n’a pas suivi le mouvement. Quand on sort d’un Yakuza Like A Dragon, ou Lost Judgment, on sait le travail qui a été fait et on sent clairement un petit retour arrière pour Ishin. Il en est de même dans les combats où la fluidité avérée des titres cités n’est pas retrouvée ici pour les mêmes raisons.

Pour rester sur le gameplay, Ishin a une nouvelle fois parié sur la carte remaster. On retrouve l’expérience comme elle l’était avec la baston en temps réel (après le petit temps de chargement habituel) via 4 styles de combats : mains nues, katana, revolver, katana + revolver. On est libre de switcher d’un à l’autre d’un simple clic sur la croix directionnelle. Chaque build possède ses forces et faiblesses, des situations dans lesquelles il excelle, ses finish move, etc. Le flingue seul ne m’a pas paru le plus palpitant à jouer, tout comme le combat au poing. C’est assurément à la lame, mais surtout avec le combo épée/pistolet que j’ai pris le plus de plaisir surtout face à des groupes entiers d’ennemis ou des boss souvent très réussis.

La prise en main, une fois cette rigidité oldschool assimilée, est rapide et simple. Ryoma possède de multiples capacités avec une attaque rapide, une lourde, l’esquive, le grap ou le blocage sans oublier les finishers. Les combos viennent rapidement et les dégâts s’enchainent. La partie type donjon/hack’n’slash lors de l’intro montre la voix assurément action du titre. Plus on utilise un style et plus on gagne de l’EXP et on accumule des objets à utiliser sur le sphérier associé afin d’améliorer cette voie, de gagner des stats, de nouvelles compétences, des enchainements améliorés ou plus puissants et j’en passe. Au fil de l’avancée, Ryoma devient de plus en plus puissant, sans tomber dans l’abus. Je valide totalement cette dimension RPG complétée de quelques équipements additionnels qu’on récupère au gré de notre périple. On reste certes sûr du pur remaster sur la formule, mais Ishin vieillit plutôt bien et reste efficace même aujourd’hui.

La technique globale, comme déjà mentionnée à différents moments, de Like A Dragon Ishin fait le boulot. Ce sont surtout les cinématiques qui ont pris du niveau, mais l’ensemble est plus que satisfaisant. Que cela soit les jeux de lumières, ombres, reflets, projection de sang ou modélisation des personnages, cette réédition 2023 assure. Le framerate répond tout autant présent. Pas de choix cornélien de preset à faire, c’est all inclusive d’office et pour tous. De nombreuses options permettent de modeler l’expérience selon nos envies que cela soit au travers des 4 paliers de difficulté ou des options d’accessibilités permettent d’automatiser certaines actions. On voit que RGG pense à tout, pour ne pas changer !

Like A Dragon Ishin tient plus du remaster premium que du véritable remake, mais le résultat reste 100 % validé. Visuellement le jeu monte en gamme surtout du côté des cinématiques avec une partie in game pas en reste. Le fond reste certes identique, mais la qualité étant intact pourquoi s’en plaindre hormis pourquoi pas la rigidité d’époque bien que cela soit loin d’être si choquant. Le plaisir est réel et traverser cette période du Japon dans un Ryu Ga Gotoku est un délice et un kiff total. La qualité et profondeur d’écriture est plus vraie que jamais, le voyage proposé traverse les âges sans la moindre difficulté. On peut enfin profiter de cette pépite chez nous grâce à l’arrivée des sous-titres dans une version remise au gout du jour, foncez !