Mordor en vue, Gollum est là !

Le Seigneur des Anneaux offre un lore tellement vaste qu’il était étonnant de ne pas voir plus de jeux explorant son univers. C’est désormais chose faite avec un titre centré sur Gollum qui sort aujourd’hui. Parfois frustrante, l’expérience n’est certes pas parfaite en tout point, mais le personnage principal attachant à sa façon et la narration nous tiennent scotchés jusqu’à la fin envers et contre tout.

La trame prend place plus ou moins entre la période où Gollum perd son précieux, et sa rencontre avec le duo emblématique de hobbits venant de la Comté, nous amenant à visiter de nombreux endroits clés de la licence. On sent une certaine maitrise du lore et le respect de l’œuvre originale de Tolkien en tout point ne serait-ce que sur la dénomination de certains héros plus proches du livre que des traductions des films. Du coup, les fans sont en terrain majoritairement connu et les grandes lignes de l’aventure ne créées par forcément de grosses surprises même si cette parcelle de l’histoire n’est pas celle le plus mis en avant habituellement.

Vous ne passerez pas ! Ha bah si il est passé

Gollum est captif des elfes, soupçonné d’avoir été dans le Mordor et approché par le Seigneur Sauron. Un fameux mage gris (vous devinez qui) entre dans l’équation et interroge Gollum pour en apprendre plus. Fréquemment, durant nos péripéties, on entend Gandalf et Gollum échangés en fond. La construction est faite de sorte qu’on voit nos aventures comme étant le récit de ce que la créature de l’ombre a vécu, ce qu’il daigne raconter au mage. J’ai été convaincu par la façon dont tout est imbriqué, les alternances entre cinématiques, cutscenes, et réel gameplay avec ces voix off. La sauce prend, on est dedans, on a envie de continuer. La magie du lore opère, et quand on est fan (même sans être expert), on se régale en parcourant l’œuvre de Daedelic.

L’histoire de Gollum débute au Mont Brumeux, où il tente de se faufiler au milieu des orcs présent dans la montagne, mais cela tourne mal pour lui et finit par être capturé (par qui ? surprise, vous le saurez en jouant), terminus les geôles de Barad-Dûr où il est torturé dans le seul but de savoir où se trouve l’anneau unique. Esclave des orcs, Gollum n’a qu’une idée en tête : s’échapper ! 

Dans l’ombre, il rôde

On découvre au travers du tutoriel et du premier environnement les bases du gameplay basé essentiellement sur l’infiltration, la furtivité et de la plateforme pure et dure. On court, on saute, on rampe, on grimpe, on escalade, on court sur mur mais toujours avec le but de ne se faire voir, car Gollum est faible et fragile. Vous vous souvenez de l’excellent Styx ? Enlevez-lui ses dagues et ses poisons et vous obtenez peu ou prou le socle de Gollum. Pour atteindre son but, Gollum ruse et abuse du décor : une zone d’ombre ? Il devient invisible des stupides orcs! On jette une pierre sur une pièce métallique au loin afin de détourner l’attention d’un garde, nous laissant champs libres pour passer discrètement. Gollum doit parfois mettre à mort un garde, mais pour cela il faut respecter certaines conditions : que celui-ci ne porte pas de casque, qu’il ne nous voit (et qu’on soit bien sûr hors du champ de vision d’un autre ennemi) et surtout réussir à le saisir discrètement dans le dos afin de l’étouffer. Les phases s’alternent assez bien entre pure exploration, infiltration et moment de tension palpable. Certains passages répétitifs et plus lents arrivent à casser parfois l’ambiance, je pense notamment au premier niveau avec le noueux et les travaux forcés pas toujours intéressants. D’un niveau à l’autre, on retrouve une boucle de gameplay qui se redessine à chaque fois. Sans être trop visible, cela amène tout de même sur la fin de l’aventure (comptez 20h environ) à ressentir un chouia de redondance.

Une créature, deux identités

La grande force réside dans la double personnalité de Gollum. À plusieurs reprises, l’aventure nous laisse le choix entre deux actions, par exemple laisser parler Gollum et tuer cet insecte qui nous énerve en nous volant autour, ou le laisser vivre en suivant la voix de Smeagol. Sur le coup, cela semble anecdotique sur l’instant car on arrive à peu de choses de près au même endroit une fois la cutscènes de 30 secondes passées, mais sur le moyen/long terme, la facétie dominante change le comportement des autres protagonistes à notre égard et la façon de réagir. Le jeu d’acteur de notre personnage est exquis et amène un vrai rayon de soleil (ou d’ombre) à notre voyage. Daedelic nous offre une composante majeure de son jeu avec brio. Un vrai petit kiff.

Même si on a l’impression de parfois rejouer un passage à peine différencier du précédent dans un nouvel environnement, la combinaison d’un lore extra, d’une narration bien posée, et surtout d’un Gollum de haute volée nous maintient tout au long de l’aventure. On n’est pas forcément là pour le gameplay (même s’il reste bon hein, ne voyez pas ma critique comme uniquement négative) c’est assurément pour ce qu’on vit qu’on est là et qu’on prend un réel plaisir.

Atmosphère, atmosphère, est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère?

La bande-son signe un très gros sans-faute avec un OST solide, jouant sur l’ambiance du moment (soft ? Panique et danger ? Sauvé ?), mais surtout un doublage irréprochable au niveau du choix des acteurs et de leur interprétation. Visuellement parlant, Gollum affiche un rendu majoritairement satisfaisant même si on note quelques petites irrégularités de traitements et textures. C’est plus son optimisation qui pose quelques « problèmes ». Sur PC, j’ai été surpris de la qualité en preset maxi, ray tracing et en ultra wide mais le fait d’avoir le RTX actif provoque des drops plus que visibles, où on passe de 60+fps à parfois 10-15. Virer cette option résouds tous les problèmes de stabilité mais dommage de devoir s’en priver même sur une machine encore plus que convenable aujourd’hui. Sur Steamdeck, on tient les 35-40fps stable, mais en baissant tous les potards. A l’heure de faire le bilan, je valide à 200% quoi qu’il arrive l’ambiance et l’immersion dans cet univers de légende.

D’un point de vue du gameplay pur, Gollum tourne légèrement en rond passé les 2-3 premières heures, mais cette redondance est effacée par la richesse des autres composantes que nous offre Daedelic à commencer par son personnage central travaillé, et profond. L’ambiance générale enfonce le clou définitivement pour un périple riche. On est parfois frustré de rejouer la même boucle, mais il suffit que Gollum et Smeagol se manifestent dans la minute pour qu’on oublie quasiment notre ressenti. C’est bien construit et raconté, et on pardonne assez facilement les quelques errements. Il ne manque qu’un Polish côté optimisation et les feux sont au vert.