Capcom a Resident Evil et Konami a Silent Hill. Tous deux possèdent l’une ou l’autre licence forte de l’horreur et de l’épouvante. Alors que l’un propose régulièrement un nouvel opus de sa licence, le second maintenait sous respirateur la sienne mais les choses changeant. Quelle ne fut pas notre surprise quand Konami annonça un remake de son chef-d’œuvre Silent Hill 2 en confiant les clés de la maison à Bloober Team ! Cette équipe délivre une production ayant su conserver l’identité historique du jeu tout en lui apportant le modernisme nécessaire pour nous proposer une revisite solide de ce hit indémodable.
James Sunderland entreprend un voyage vers Silent Hill, une ville qu’il a visitée quelques années auparavant, après avoir reçu une lettre de sa défunte femme lui donnant RDV, dans leur lieux à eux. Marqué par des événements difficiles, notre héros s’engage dans un périple cauchemardesque comme jamais pour comprendre pourquoi cette lettre lui est parvenu. Durant près de 20 heures, le joueur est pris dans ce tourment et ne lâche plus la manette tant l’œuvre de Konami est solide. La narration conserve son attrait d’origine, avec une plume de qualité, un lore solide et une histoire rondement menée. Il peut y avoir l’un ou l’autre souci de rythme, mais dans l’ensemble, on est à fond. Il faut dire que l’aspect remake joue un grand rôle dans l’opération séduction.
Bloober Team met d’ailleurs les petits plats dans les grands pour nous en mettre plein la vue avec un portage sur l’Unreal Engine 5 qui envoie du lourd. Que ce soit dès les premières minutes dans ce brouillard épais, à l’approche de la ville, dans ses rues désertes mais surtout en intérieur, Silent Hill 2 Remake éclabousse la rétine. Visuellement, c’est du très lourd, avec des textures haut de gamme et un souci du détail pour l’environnement qui nous entoure. La caméra passe également du plan fixe au plan à l’épaule pour nous suivre. Par contre, tout cet boost technique a un prix et il n’est pas négligeable.
La gourmandise
Sur PC, avec le ray tracing et tous les paramètres au maximum, même avec le DLSS Quality, tenir le 60fps en 3440×1440 (oui, c’est compatible avec l’ultrawide 21/9 pour plus de plaisir visuel) est « difficile ». L’UE5 se montre particulièrement gourmande et met régulièrement à genoux la 4070 Ti Super… Côté direction artistique, c’est du solide, avec des passages proches du photoréalisme, criant de vérité et de cohérence dans le monde affiché à l’écran. Il suffit de voir le décor réagir au temps qu’il fait dehors… On dispose de très nombreux bâtiments à visiter à notre guise, offrant une aire de jeu bien plus ample que lors de l’expérience d’origine, avec de nombreux lieux totalement optionnels et leur lot d’énigmes et de récompenses.
Au fur et à mesure de l’avancée dans la narration, la direction artistique change. James voit des choses qu’il n’aurait jamais pensé découvrir, l’ambiance change et devient de plus en plus malsaine et sombre, et la DA suit la même lignée. On passe d’un endroit vide donnant l’impression d’une ville fantôme, abandonnée, alors que plus tard, on trouve des décors limite post-apo infestés de choses inexplicables… Et c’est sans parler de l’autre monde dans lequel s’aventure notre héros.
Bloober Team livre une prestation pointue et soignée qui ne peut que nous laisser de marbre. Que ce soit le level design ou leurs choix artistiques, Bloober Team nous offre un voyage sans faute. Ils sont toujours restés fidèles à l’âme de la licence en respectant le matériau d’origine, même lorsqu’ils ont pris la liberté de créer de nouvelles choses, comme les nouvelles parties de la carte. Rien n’est laissé au hasard, tout est là pour une bonne raison. La tension est palpable à chaque instant et pour renforcer cette immersion, le sound design est de haute qualité avec une spatialisation 3D sonore de dingue. Avec un casque, l’expérience est incroyable. Les bruits de fond nous rendent encore plus stressés qu’on ne l’était 5 minutes plus tôt, et le changement de décor visuellement parlant se ressent jusque dans nos écouteurs avec une variation de l’ambiance également.
Un stress inoubliable
Durant son périple, James utilise plusieurs outils récurrents dans la licence, comme la radio qui joue ici un rôle assez important dans l’expérience. Bloober Team joue encore là-dessus pour nous coller les pétoches encore plus, par exemple quand on est quasi dans le noir et qu’elle émet un son toute seule ou quand elle se coupe dans raison en un instant. À chaque fois, on se demande ce qui va nous tomber sur le coin de la tête. Il y a aussi la lampe torche, souvent notre seule source de lumière… Imaginez-vous dans des lieux qui ont l’air d’avoir connu des drames atroces, plongés dans le noir le plus complet… Vous entendez des bruits et des grincements, et votre seul champ de vision est un petit cône devant vous, grâce à la Maglight… Et il faut se dire que parfois, ces outils sont défaillants et nous lâchent au mauvais moment !! L’angoisse est omniprésente. On sait qu’on est seul et qu’aucune aide ne surgira quand on en aura besoin.












On se sent déjà un peu plus en sécurité (et encore) quand on est armé, mais encore faut-il avoir des munitions, car elles sont loin d’être légion ! Les menaces sont réelles, et nos outils pour y faire face sont limités. Pire encore, on n’a aucun moyen réel d’acquérir et améliorer de vrais moyens de défense, on fait avec les moyens de bord, et les ennemis sont de plus en plus nombreux au fil de l’avancée. Ils sont de plus en plus mortels, et on sait qu’on va en chier, qu’on aura de plus en plus la pression et que le moindre faux pas sera synonyme de mort ! D’ailleurs, cela fait plaisir de retourner à un bon vieux jeu d’horreur à l’ancienne, où l’on transpire sans arrêt et où l’on a peur car on sait que la situation peut très vite mal tourner. La descente aux enfers est en marche. Les affrontements sont rudes, on sue du sang, mais on savoure la refonte des boss qui ajoutent (encore) une dose de stress tant cela peut être tendu. Mais quoi qu’il en soit, on est plus dans l’investigation, la fuite, le sauve qui peut et la peur que la confrontation directe, comme dans le jeu original.
Côté remake, il y a donc eu quelques nouvelles zones, une refonte des combats, mais ce n’est pas tout. Il y a aussi de nombreuses énigmes à résoudre, des raccourcis à trouver ou à débloquer pour faciliter les allers-retours, le tout nécessitant d’analyser attentivement l’environnement, de fouiller les moindres recoins et de sortir du chemin principal pour aller mener l’enquête. Certaines énigmes ont d’ailleurs été repensées au passage. Certains avatars ont connu un petit redesign aussi, tout comme certaines cinématiques ont été retravaillées et de nouvelles fins ont été ajoutées. Bloober Team a joué le jeu à 110 % du remake et c’est un petit plaisir.
Silent Hill 2 était un succès à son époque, et son remake l’est tout autant aujourd’hui. Bloober Team a réussi le numéro d’équilibriste en gardant l’âme d’antan de SH2 tout en y insufflant une dose de modernisme. Sans dénaturer l’expérience originale, le studio y a incorporé des retouches, des modifications et même des nouveautés afin de proposer une version actuelle d’un jeu à succès de 20 ans. Plus flippant, stressant, angoissant que jamais, Silent Hill 2 Remake est clairement une aubaine pour (re)découvrir ce must-have.