10 novembre 2025

Test Bye Sweet Carole : aussi fascinant que déroutant

Je ne sais pas si c’est parce que j’attendais impatiemment Bye Sweet Carole depuis si longtemps ou non, mais je ne m’attendais pas à être touchée à ce point en le parcourant. J’ai suivi ce projet pendant un petit moment, fascinée par sa direction artistique si atypique, et étant fan des différentes adaptations de contes comme le succulent Alice Madness Returns sur PS3, mais aussi de fantasy comme le mémorable Folklore (deux jeux que j’ai tellement adorés), j’espérais retrouvé un peu de cette magie, de ces mondes imaginaires terrifiant et fascinant dans Bye Sweet Carole. L’attente a enfin touché à sa fin et j’en ressors conquise et touchée.

On incarne Lana Benton, une jeune fille à la recherche de son amie Carole, dans une Angleterre grise et brumeuse du début du siècle dernier. Mais ce n’est pas une quête héroïque ici avec un avatar surpuissant, mais plus un voyage plein de doutes, de peur et d’innocence perdue pour une jeune fille cherchant son amie. J’ai senti dès le début cette mélancolie et ambiance si particulière que je ne saurais pas forcément décrire avec précision qui me parle tellement. Et puis il y a Bunny Hall, cet orphelinat presque vivant, et le royaume de Corolla, à la fois magnifique et terrifiant. Les décors dessinés à la main, les ombres mouvantes, les lapins de goudron… tout respire la beauté et l’angoisse en même temps, générant fascination par cet univers si particulier, et crainte de ce qui pourrait y arriver à notre héroïne. C’est ce contraste permanent que j’ai trouvé exquis : l’horreur ne choque pas, elle charme, elle envoûte bien qu’on soit conscient du danger qui y règne. Je retrouve d’une façon ou d’une autre ce que j’ai tant apprécié dans Alice Madness Returns en quelque sorte, ce mélange d’étrangeté, dérangeant, mais séduisant à la fois.

Le gameplay ne cherche pas à impressionner et reste même parfois très simpliste. On explore, on cherche des objets, on fuit, on se cache et on recommence. Mais ce que j’ai aimé, c’est qu’à aucun moment je ne me suis senti spectatrice, mais bien actrice vivant cette histoire en compagnie de cette Lana, si curieuse, effrayée et un peu perdue. Et lorsque notre héroïne put se transformer en lapine… il y a toute une symbolique derrière, une façon de gérer sa propre peur, sa survie… du moins c’est comme cela que je l’ai interprété. Il y a tellement de moments forts durant ces quelques heures passées sur Bye Sweet Carole, qu’il me serait difficile d’en parler sans spoiler, mais une chose est sûre : la mise en scène est brillante et cette alternance de passages poétiques et magiques, et d’autres plus cauchemardesques, joue avec nos émotions en permanence.

Lana n’est pas seule pour progresser dans ces mondes étranges, il y a Baesie. Ce petit compagnon étrange et adorable, dont la tête se détache pour résoudre des énigmes. Il m’a fait sourire, souvent, alors que tout autour de moi n’était que ténèbres. Il m’a rappelé que même dans un univers cruel, il y a des âmes bienveillantes. Parfois, même dans l’obscurité, il peut y avoir une lumière qui nous guide. Mais ce qui m’a le plus touchée, c’est bien entendu l’histoire elle-même. Je ne peux pas en dire plus, mais la fin est vraiment bouleversante et produit comme un flash devant nos yeux. Tous les wagons se rattachent les uns aux autres, tout prend sens et tout s’éclaire. Une superbe écriture !

Sur son aspect esthétique, Bye Sweet Carole est une merveille. On a vraiment l’impression de plonger dans un dessin animé des années 90 (époque qui me parle étant née dans les années 80), de ceux qu’on regardait enfant en croyant aux fins heureuses, dans des histoires où le bien triomphe toujours. Mais ici, la magie est teintée de noir. Et c’est peut-être pour ça que c’est si fort et marquant. Les musiques, elles, sont à la fois délicates et déchirantes, et restent gravées dans nos têtes. L’atmosphère qui se dégage de cette oeuvre est une réussite totale.

Bye Sweet Carole est plus qu’un « simple » conte horrifique, c’est un voyage qui prend aux tripes, qui nous parlent, qui nous fait vivre un voyage grandiose et qui nous transporte dans un univers aussi fascinant et séduisant que terrifiant. La narration nous amène avec elle dans une épopée que je ne suis pas près d’oublier. Il y a bien eu quelques problèmes rencontrés sur Switch 2 (écran resté noir, juste le son en fond, ou des chargements sans fin, poussant à relancer le jeu), mais malgré cela, Bye Sweet Carole est un vrai coup de cœur que je pourrais que conseiller à tout ceux voulant se plonger dans une production originale, sortant des carcans habituels.

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