10 novembre 2025

Test Digimon Story Time Stranger : le jeu tant rêvé

Digimon Story Time Stranger marque enfin le retour d’une licence que l’on n’osait plus espérer à ce niveau, et surtout, c’est le jeu de monstres dont j’ai toujours rêvé ! Il a tout pour lui : un mélange de J-RPG profond, d’aventure narrative et de jeu de monstres d’une rare générosité. Il s’impose comme le digne successeur spirituel dont tout fan de Digimon ou de Pokémon rêvait un jour. Un titre dense et maîtrisé qui coche toutes les cases du jeu de monstres idéal.

Huit ans après son annonce, Digimon Story Time Stranger est enfin là. Dès les premières minutes, on sent que l’attente n’a pas été vaine. Le jeu s’ouvre sur un Tokyo en crise, pris dans une brume d’incertitude et de phénomènes surnaturels. Shinjuku est en alerte, ses habitants sont apeurés, et au milieu de ce chaos, un agent d’Adamas (nous) est envoyé enquêter sur d’étranges anomalies. La tension est immédiate, le danger n’est pas loin, la catastrophe semble inévitable … Très vite, un événement cataclysmique survient : un colosse surgit, détruisant tout sur son passage, et propulse notre héros dans une dimension inconnue. Il y découvre trois gardiens veillant sur un œuf mystérieux, puis est renvoyé huit ans dans le passé, dans un Tokyo méconnaissable.

Ce point de départ donne le ton : Time Stranger est un récit sur le temps, les mondes parallèles et les liens invisibles qui unissent les êtres. L’histoire prend son temps, s’installe et se densifie, et surtout, elle surprend par la qualité de sa plume. Les rencontres qui jalonnent l’aventure lui donnent de la consistance entre : Inori Misono, une jeune femme à la fois forte et fragile dont le sort est intimement lié à celui du héros, son père Kosuke, et Hiroko, une streameuse amatrice fascinée par les mystères de Shinjuku, dont l’énergie apporte de la légèreté à ce récit souvent grave. Chacun a son rôle, ses failles, son importance. Et plus on avance, plus les relations s’entrecroisent, avec un joueur véritablement acteur d’une histoire qu’il ne subit jamais. C’est là toute la force du jeu : faire ressentir autant qu’il raconte. Le joueur n’est jamais un simple spectateur, il est au centre de tout ce qui se passe.

Mon starter … il ne pouvait pas être différent. Le début d’un long mais succulent voyage.

Le récit alterne entre Tokyo et Iliade, le Digimonde de cette aventure. Deux mondes opposés et complémentaires : l’un est rationnel et moderne, l’autre semble fictif et fantasiste, et pourtant… On y retrouve des figures mythologiques et des Digimon vénérés comme des dieux, et le jeu transforme ces rencontres en moments où le joueur prend peu à peu conscience de l’ampleur du conflit qui se trame. En effet, derrière le mystère de la catastrophe de Tokyo se cache une guerre millénaire pour l’équilibre des deux réalités. Ce qui frappe, c’est la cohérence du lore : Time Stranger aborde les thèmes du destin, de la peur de l’inconnu, mais aussi de l’acceptation. On pourrait penser que Digimon est une licence pour les jeunes enfants, basée sur un dessin animé comme il y en a tant, mais la réalité est tout autre : la profondeur de la trame est tout simplement excellente et bien plus mature qu’on ne pourrait le penser. L’écriture est juste. Jamais verbeuse, jamais forcée, elle offre certains passages qui marquent vraiment. Ces moments, à la fois simples et bouleversants, donnent du relief à un univers que beaucoup auraient pu réduire à une succession de combats. Ici, les émotions naissent naturellement, par petites touches, jusqu’à nous embarquer complètement. Digimon Story Time Stranger est un jeu qui se vit pleinement, sans demi-mesure. Le début prend son temps pour installer ses pions, mais une fois le mécanisme lancé, c’est du lourd.

Plus que de la simple capture

Si Time Stranger séduit par son histoire, il impressionne encore davantage par la richesse de son gameplay. Media.Vision Inc a choisi la voie de la générosité : un JRPG complet, exigeant, mais profondément gratifiant. On y retrouve une structure classique avec une ville à explorer, des quêtes à remplir et de multiples donjons, mais chaque élément a été peaufiné et poussé à des niveaux rarement vus. Et cerise sur le gâteau, les missions secondaires ne se contentent pas de nous occuper quelques heures supplémentaires en mode Fedex : elles développent les personnages, livrent des fragments de l’univers et récompensent intelligemment le joueur.

Un monde étrange, trois gardiens, et un oeuf mystérieux

Le cœur du système repose évidemment sur les Digimon. Chaque créature possède un attribut (Antivirus, Virus, Données, Libre, etc.) ainsi qu’une affinité élémentaire parmi onze types (Feu, Glace, Nature, Eau, etc.). Ces paramètres influencent directement les affrontements, rendant chaque combat stratégique. Ajoutez à cela des traits uniques, des compétences spéciales et des statistiques influencées par la personnalité du Digimon, et vous obtiendrez un système d’une profondeur jouissive. Ici, rien n’est laissé au hasard : le joueur peut véritablement façonner ses compagnons selon son style de jeu (nos Digimon veulent souvent nous parler… et selon notre façon de leur répondre, leur personnalité évolue via une grille à deux axes typique des CRPG).

La Digiferme, cœur battant du système, permet de soigner, de nourrir et d’entraîner les Digimon laissés en retrait. Même absents du combat, ils progressent en parallèle. On gère leur personnalité, on choisit leurs affinités et on améliore leurs liens avec le héros. Plus un Digimon est proche de nous, plus il hérite de nos forces lors de sa digivolution ou même de sa dé-digivolution, une mécanique qui encourage à alterner sans cesse entre progression et retour en arrière. Ce cycle permanent, cette idée d’évolution réversible, confère au jeu une dimension profonde : avancer, parfois, c’est aussi savoir revenir en arrière.

Les combats au tour par tour sont d’une fluidité exemplaire. On y retrouve l’impact des JRPG modernes, avec une touche de stratégie old school. L’ordre des actions dépend de la vitesse, les attaques physiques et magiques se complètent et certaines combinaisons de Digimon déclenchent des attaques dévastatrices. Parallèlement, le héros n’est pas un simple spectateur : il dispose de ses propres compétences, qui évoluent grâce à un système d’arbres et de rangs d’agent. Ces talents permettent d’améliorer les Digimon, d’apprendre des arts croisés puissants et de dynamiser encore davantage les affrontements. Se plonger dans l’univers de Digimon, c’est abandonner toute vie sociale tant le jeu est addictif (j’ai racheté un PS Portal pour y jouer même couché … quand tout le monde dormait … c’est pour dire hahaha). Outre ce système de combat grisant, l’exploration est également une réussite. Parcourir Tokyo à dos de Digimon est grisant, et découvrir le « Cinéma de l’Entremonde », ce hub suspendu entre les dimensions, est surprenant. On y trouve des boutiques, des mini-jeux et une multitude de petits détails qui font sourire. Le jeu fourmille d’idées sans jamais devenir indigeste. J’y ai vu un petite vibe Persona dans la façon dont est construit la ville également.

Vivre Digimon, c’est ca

Sur le plan artistique, Time Stranger est superbe. Le cel-shading est élégant, les jeux de lumière et la direction artistique confèrent à chaque scène une identité propre. Tokyo respire le réalisme et la densité urbaine, tandis qu’Iliade s’impose comme une peinture. Chaque région raconte une histoire visuellement. Joué sur PS5 Pro, Time Stranger s’est révélé particulièrement optimisé et réussi. Côté son, le constat est un peu plus nuancé. La bande originale, bien qu’efficace, manque parfois de thèmes marquants. En revanche, les bruitages et les doublages japonais apportent une vraie plus-value à l’ensemble. Et puis, il y a cette sensation que l’on attendait depuis longtemps : celle de jouer à un véritable jeu de monstres. Un jeu qui parvient à combiner profondeur stratégique, narration riche et dimension affective. Pokémon a défini un genre souvent considéré comme LE jeu de monstres par excellence, mais Time Stranger lui apporte une maturité et une profondeur inattendues, ainsi qu’une richesse insoupçonnée. Ici, nos créatures ne sont pas de simples outils de combat : elles ont une histoire, une conscience, une vie. Chaque victoire et chaque évolution ont du sens.

Quel skin !

En terminant le jeu, on se rend compte que Time Stranger est bien plus qu’un JRPG de licence réussi : c’est une œuvre complète et sincère qui aborde les thèmes du temps, du souvenir et du lien invisible qui unit les êtres vivants, qu’ils soient faits de chair ou de données. On y sent le respect du matériau d’origine, mais aussi la volonté d’aller plus loin et de proposer une vision différente. Rarement un épisode de Digimon aura paru aussi juste, aussi mature et aussi généreux. Pour les fans de longue date, c’est une évidence : Time Stranger coche toutes les cases. Et pour ceux qui viennent de Pokémon ou d’autres RPG du genre, il pourrait bien être la révélation qu’ils n’attendaient plus. Parce qu’au-delà des mécaniques et du spectacle, il possède une âme, une qualité que beaucoup ont perdue.

Digimon Story Time Stranger est une véritable déclaration d’amour au JRPG et au jeu de monstres. Un titre dense, touchant et incroyablement addictif qui prouve qu’il est possible de faire du fan service sans renoncer à la profondeur. C’est le jeu qu’on espérait depuis des années, celui qui fait battre le cœur de tout joueur ayant grandi en rêvant d’un monde où les liens entre humains et créatures dépassent la simple capture.

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