Blackguards 2 disponible sur Switch : on part libérer Cassia

Daedelic propose une série axée tour par tour et stratégie nommé Blackguards. Après deux opus déjà dispo sur PC, PS4 et Xbox One, le studio allemand sort enfin Blackguards 2 sur Switch. On fait le tour du proprio rapidement avant de s’intéresser à la qualité du portage sur la console de big N.

Les événements prennent place trois après le premier opus. On incarne Cassia, prisonnière au fin fond d’un cachot à essayer de s’échapper sans succès. Peu à peu, sa santé mentale dégrade jusqu’à sombrer dans la folie après des années passées captive. Ses envies de vengeance se font de plus en plus ressentir, et pour cela elle aura besoin de compagnon pour lutter face à l’empire et les esclavagistes.

Blackguards puisse ses racines dans le JDR papier l’Oeil Noir, et les références au premier opus (ne serait-ce qu’au niveau des compagnons de route) sont légions. Le joueur qui débarque dans la licence risque d’être dépaysé. On est parachuté dans ce monde complet et complexe sans comprendre réellement les événements passés qui ne sont que peu (ou pas du tout) expliqués. Bien entendu, on décèle rapidement les tenants et aboutissants directement autour de Cassia, mais le lore autour ainsi que le passif de ce monde eux ne seront pas forcément clair.

Un gameplay aux petits oignons

La grande force de Blackguards 2 réside dans son gameplay alternant les échanges verbaux de type point’n’click et les combats/déplacements au tour par tour sur une grille composée de plusieurs hexagones. La formule est exigeante, l’action parfois lente, mais c’est assurément un bijou quand on adhère au genre grâce à un système puisant aussi bien dans le tour par tour traditionnel que le jeu de rôle papier à l’ancienne.

Le système demande une réelle stratégie et attention sur les choix portés sous peine de se mettre en danger tout seul. Hors de question de spammer un sort à la volée sous peine de voir son endurance réduite à néant et bloqué avec uniquement l’action de base. La formule est variée mêlant des objectifs divers allant de l’annihilation pure et simple d’une menace à simplement atteindre un point d’intérêt pour réussir la mission. Un garde veut alerter les unités à proximité ? Il est important pour le coup de le rusher pour éviter d’être submergé.

On libère des prisonniers en route ? Ils se joindront à nous, en plus de nos unités principales répondant à différents archétypes : archers, mages, lanciers, etc. On reste sur une base maitrisée du tour par tour avec tout un tas de choses à gérer, amenant souvent des combats longs où chaque acte peut changer la donne surtout quand on voit le panel de compétences étendues et larges à notre portée avec d’innombrables spécificités pour chaque classe. Dommage de vite déceler les classes imba, puissantes et ne ratant que très peu leur cible, tendant à privilégier fortement certains builds à d’autres pour composer notre armée.

JdR au menu du jour

Qui dit RPG dit forcément évolution de nos avatars qui passe via l’accumulation de l’EXP lors des combats. Daedelic a quelque peu modifié sa recette afin de rendre l’expérience plus « simple » et c’est tant mieux. Comme évoqué un peu plus tôt, le panel de possibilité est tellement énorme qu’on craint toujours un peu de planter un personnage en faisant de mauvais choix. Mais on arrive toujours à garder une troupe efficace via la suppression de la distribution des points de stats manuelles remplacée par une évolution automatisée. Cela risque de froisser les adeptes et puristes du JDR.

En plus de la partie tour par tour, Blackguards 2 amène une composante Conquête. Cassia souhaite renverser l’esclavagiste en place et pour cela elle cherche de nombreux alliés et cela passe en ralliant des cités entières à sa cause. La map monde affiche les différents chemins vers les villes ciblées avec à chaque fois les prérequis pour attaquer la place, les gains à en tirer, etc. Le joueur est totalement libre de choisir l’ordre d’action. Mais qui dit attaque dit défense également. Et cette partie n’est pas à négliger, la protection des villes contrôlées est primordiale. Sur le papier la composante semble au top, mais cela se résume au final assez vite à des affrontements « standards ».

La partie narrative, sombre, est de qualité. On dispose de nombreux choix dans nos réponses aussi bien pour tenter de mentir, soudoyer, menacer voire même séduire pour ne citer qu’eux. Comment savoir quelle option serait la plus efficace ? Le comportement du protagoniste en face et son intonation bien entendu ! mais soyez vigilant, car comme déjà dit, chaque choix a un impact direct sur notre progression et le monde. L’histoire qui nous est contée est bien construite, cohérente, et surtout inspirée. Sans rien spoiler, elle réserve quelques surprises assez bien amenées.

Un voyage non sans encombre

Daedelic essaie de renouveler sa recette pour attirer encore plus de joueurs via une formule rendu plus accessible, tout en lui insufflant un certain dynamisme en plus, mais il faut reconnaitre que le rythme global reste tout de même assez lent, entre une introduction plus que longue, des combats pouvant s’éterniser (quand chaque tour, il y a 20 personnages qui agissent…). Quand on rate d’ailleurs une joute après 30 min passées dessus, on rage assez de tout recommencer (car pas de sauvegarde en cours de route !). De plus la caméra laisse quelque peu à désirer d’autant qu’on ne peut pas la contrôler, et des champs de vision pas tout le temps au point (coucou les distants non vus qui nous canardent).

Pour le reste, la finition du portage Switch m’a semblé correcte. Que cela soit en dock ou portable, Blackguards 2 tourne correctement. On est loin d’une vitrine, mais la mouture Switch ne m’a pas semblé inférieure aux autres supports. La traduction FR pour les ST, et le doublage en VO, fait le boulot. La direction artistique, surtout des passages narratifs, est solide. C’est loin d’être parfait, mais ce n’est pas pour la technique qu’on lance Blackguards (puis le jeu ne date pas d’hier surtout).

Blackguards 2 est un très bon titre, mais à ne pas mettre entre toutes les mains. Sa relative difficulté et complexité risque d’en calmer certains. On sent un peu jeté dans la fosse sans accroche surtout pour les joueurs n’ayant pas parcouru le premier, mais une fois la tête sortie de l’eau et ce (long) tutoriel fini, il dévoile tout son potentiel. La narration est prenante, complète, et nous amène dans un voyage sombre, sanglant, rempli de vengeance durant de longues heures. Son petit prix, pour un portage du niveau égal de finition aux autres supports, est assurément un argument choc également. Les nouveautés d’un épisode à un autre sont peut-être un peu trop légères, mais l’essence de la licence est respectée tout en simplifiant une formule légèrement simplifiée.