The DioField Chronicle : quand ses forces sont ses faiblesses

Square Enix nous gâte ces derniers temps avec un catalogue volumineux et étoffé depuis plusieurs mois (et ce n’est pas fini). C’est au tour de The Diofield Chronicle de sortir du bois. On reste dans le RPG tactique, mais on abandonne le tour par tour pour un format temps réel plus habituel des productions occidentales. Après l’excellent Triangle Strategy, nos attentes n’étaient-elles pas peut-être trop hautes ? Diofield possède sans aucun doute de nombreux atouts forts, mais certains petits défauts entachent quelque peu la note finale. 

Diofield est l’une de région majeure du monde, loin du contient. Après une période de calme, une vague de chaos et de changement approche. Plusieurs factions, armée ou bandit, s’affrontent pour une lutte de pouvoir au travers de tout le continent. La magie est omniprésente et est utilisée comme une arme, mais son utilisation requiert des pierres de jade. Présentes en quantité sur Diofield, l’île attire des convoitises et le conflit s’y exporte. On suit trois amis (Andrias, Fredret et Izelair) formant une escouade chevaleresque recrutée par un Lord pour son unité militaire privée se retrouvant mêlée à cette escalade de tourment qui guette la région. On se retrouve malgré nous au centre de cette lutte n devenant en quelque sorte le rempart contre l’invasion.

Un nouvel univers

The Diofield Chronicle affiche un ton très sérieux, et ne s’enquiquine pas de blagues ou moments plus légers pourtant assez récurrents dans les productions nippones. Les thématiques abordées parlent quand on regarde les situations connues de notre monde, avec des guerres déclenchées pour des contrôles de ressources par exemple. Le titre est loin d’être très bavard avec la plupart des éléments narratifs déclenchés dans ce qui nous sert de hub central. Le début de l’aventure est un peu nébuleux, on a parfois un peu de mal à raccrocher tous les wagons tant on découvre des informations en quantité, des groupuscules, le lien entre les différents lords, etc., mais plus on progresse et plus on rattache le tout, on décèle les ficelles en fond. On n’atteint pas la qualité d’écriture de Triangle Strategy pour ne citer que lui, mais ce n’est pas pour autant que l’histoire ne réussit à nous intéresser.

Une influence occidentale

Ce qui surprend quand les affrontements se lancent est l’influence du CRPG dans un titre nippon. On abandonne le tour par tour habituel des T-RPG nippons pour découvrir un gameplay temps réel rappelant par exemple Baldur’s Gate ou les excellents Pillars Of Eternity dans son approche. Sur le terrain, on contrôle un groupe de quatre combattants (et 4 adjudants en support). On peut décider de diriger les unités une à la fois, par groupe ou les quatre en simultané pour nos différentes actions : déplacement, capturer un objectif, ouvrir un coffre, ramasser un loot ou bien sur les combats. La prise en main à la manette, passé un petit temps d’adaptation est plus que correcte, et choisir sans erreur nos actes devient plus fluide (au début, j’avais la fâcheuse tendance à balancer l’ordre sur mon groupe entier au lieu de mon personnage seul par exemple). Tout se fait en temps réel, excepté quand on ouvre les menus pour lancer un ordre où le jeu passe en genre de pause encore une fois comme dans de nombreux C-RPG.

Un commandement complet

Passé cette étape de prise en main, on s’aperçoit que le gameplay est très rapidement très complet. Chaque personne est associée à une classe lui offrant un panel de compétences différent des autres. Le cavalier dispose d’attaque à grande mobilité, de charges alors que le magicien déclenche une pluie de météorites arrosant toute une zone ou des sortilèges de soin par exemple sans compter une gestion des buffs/débuffs selon les capacités comme le fait de geler un ennemi, l’assommer et j’en passe. Le placement est important pour optimiser les dégâts en essayant de positionner un maximum de cible dans le dos. De même, nos unités peuvent se retrouver dans un champ de dégâts pour une attaque ennemie en charge demandant soit de casser l’incantation ou de bouger hors de cette zone. Chaque classe possède ses forces, ses faiblesses, sur lesquelles il faut prêter attention. 

De la gestion de terrain

Chacune de nos capacités consomme des PE, sorte de mana, et impose un temps de recharge avant que l’avatar ne puisse déclencher une autre attaque spéciale. Il faut gérer ces PE dont on dispose de très peu de moyens de les remonter en mission. Une gestion de ressource s’impose afin de ne pas se retrouver face à un boss en étant démunie. De même, on accumule au fil de la mission une autre ressource nommée PT qui rend possible, à différents paliers, des invocations de créatures mythiques telles que Bahamut au début du jeu. La gestion des adjudants est aussi importante, car on peut déclencher leur attaque (via le personnage auquel on l’a rattaché) au même titre qu’un combattant terrain, mais surtout on peut modifier notre composition (de façon limitée) en pleine mission pour intervertir un titulaire par un remplaçant en quelque sorte. 

Lassitude en vue ?

Le gameplay est assurément un des points forts de The Diofield Chronicle avec une formule complète, sans tomber dans le complexe, mais c’est à la fois un de ces défauts dans le sens où on tombe rapidement dans une formule répétée de mission en mission. Diofield offre l’immensité de son panel de possibilité très vite donnant l’impression au final par la suite qu’on ne découvre plus rien et c’est paradoxal. On nous lâche en peu de temps une offre complète, mais l’aventure étant assez longue avec peu de réels apports ensuite, le sentiment final de redondance persiste. Les objectifs sont souvent les mêmes aussi bien les principaux (abattre toutes les cibles) que les facultatifs (réussir la mission en x minutes, ne pas avoir d’allié KO, ramasser le coffre) ce qui appuie notre ressenti davantage. Même notre procédé au final reprend un schéma similaire de niveau en niveau : on essaie d’isoler un groupe d’ennemi pour mettre en place notre angle d’attaque « un tank de face, les autres dans le dos, avant de passer au groupe suivant. 

Une facette RPG impactant le terrain

Une partie de nos possibilités sur le terrain dépendent de nos choix dans le hub. Outre le choix des avatars actifs et le leveling basique, chaque personnage via sa classe dispose de compétences de bases complétées via son armement qui joue énormément sur cet aspect. Deux bâtons ne donneront par exemple pas les mêmes capacités. On peut en avoir un purement offensif quand l’autre amène une partie support/soin dans les talents donnés. De même, les arbres d’aptitudes renforcent l’une ou l’autre caractéristique ou des bonus passifs à nos héros tandis que les arbres de compétences de classes renforcent les attaques spéciales. Une petite phase optimisation s’impose pour se donner un maximum de chance lors des sorties au front.

La préparation, nerf de la guerre

La difficulté est relative les premières heures de jeu, mais passé un certain moment The Diofield Chronicle ne prend plus réellement de gants et impose quelque peu aux joueurs de faire le nécessaire en amont et cela passe via le hub. The Diofield Chronicle voit encore un peu plus grand que les simples aspects leveling liés à notre personnage. En effet, la base qui sert de hub peut évoluer principalement via la complétude du contenu annexe. Un personnage demande l’aide pour améliorer un coin de la base, cela finit régulièrement en une structure offrant plus de possibilités : un marchand proposant de meilleurs items, une forge permettant de débloquer de nouvelles armes, on améliore également nos invocations et j’en passe. 

On pense naïvement réussir à tout améliorer sans trop de difficulté, mais c’est une erreur. Plus on progresse et plus les améliorations sont couteuses et difficiles à atteindre imposant de faire des choix, stratégiques, pour savoir quoi prioriser. D’autant qu’améliorer des facettes de notre camp amène régulièrement un bonus passif additionnel. De même, les adjudants accumulent bien moins d’EXP que les titulaires, le camp d’entrainement permet de rejouer des missions déjà finalisées afin de pouvoir les faire leveler ou tout simplement pour atteindre un objectif annexe manqué.

The Diofield Chronicle est loin d’être avare en activité et la partie préparation prend un temps quasi similaire aux missions en amont (les missions prennent rarement plus de 10 min chacune). La partie gestion est elle aussi complète et diversifiée avec de nombreuses quêtes additionnelles données par des PNJ secondaires, ou liées à des personnages principaux permettant d’en apprendre un peu plus sur eux.

Les ombres lointaines

Square Enix inonde le marché de productions ces derniers temps, de toute envergure et pour le coup The Diofield Chronicle risque de ne pas faire l’unanimité sur l’aspect technique brute. Autant sa bande son est exquise avec des doublages qualitatifs autant le visuel va diviser avec son rendu inégal. En mission j’ai adoré la direction artistique et la patte graphique (même si le tout est quelque peu aliasé) avec un level design en diorama très original. Les effets de sorts sont bien gérées et l’impression de puissance notamment sur les invocations qui rasent tout sur leur passage, rendent eux aussi superbement bien. Les décors et environnements sont d’autant plus variés et ont bénéficié d’un soin tout particulier. Sur les cutscènes et autres passages explicatifs du lore en intro, lors des changement de chapitres avec un rendu proche du dessins sont tout autant efficace et plaisants. On pensait rester sur une note positive mais la découverte du hub modère le tout avec un rendu ce coup-ci un peu trop austère à mon gout et qui dépareille de l’expérience sur le terrain. Il est dommage d’avoir cette différence de traitement.

La fluidité sinon sur Playstation 5 est au rendez-vous tout comme l’optimisation des chargements ultras réduits grâce au SSD (sur Switch c’était une autre paire de manches). À noter la présence de trois presets : FHD, 4K fluidité et 4 k graphisme. À la vue du jeu, j’avoue que je ne pensais pas trouver ces options sur Playstation 5. Laisser le choix est toujours très apprécié mais pour le coup les machines de dernières générations ont à mes yeux suffisamment de patate disponible pour conjuguer la 4K avec le preset maxi et les 60fps. Dommage de ne pas avoir ce résultat sur les dernières consoles.

Il m’est difficile de donner un avis tranché et catégorique sur The Diofield Chronicle. Il est généreux et complet de par son gameplay léché inspiré des cadors des CRPG marié à un combo RPG/gestion des plus solides et le tout illustré avec une direction artistique soignée lors des missions.
Son contenu global m’a occupé pendant quelques dizaines d’heures pour en voir le bout sans m’inonder de contenu Fedex inutile au lore ou à la construction. Le scénario, même s’il n’atteint pas les cadors de la maison, reste plus que correct. 
Mais en face l’inégalité technique mais surtout le sentiment de redondance sur le moyen terme qu’on ressent assombris un peu la note et tempérant quelque peu la hype qui m’avait touché lors la démo.
The Diofield Chronicle est un bon titre, à n’en pas douter, mais sa principale force peut devenir également sa faiblesse.
N’oubliez pas la disponibilité de la démo, et surtout la conservation de la progression ensuite.