Atomic Heart : salut depuis Tchelomaï, cité majeure d’une URSS alternative

Présentée en grande pompe lors du Showcase Xbox & Bethesda 2021, la production de Mundfish — Atomic Heart — débarque d’ici quelques heures sur PC et consoles. Annoncé comme un Bioshock de l’est, Atomic Heart propose un voyage explosif, même si non sans défaut, avec une fin qui en surprendra plus d’un. Quand on sait qu’il s’agit de la première production du studio, on a déjà hâte de voir leur prochain titre.

Atomic Heart nous plonge dans un univers alternatif dans lequel l’URSS est bien différente de celle connue dans notre l’histoire. À la pointe de la technologie le bloc soviétique, via le professeur Sechenov, a mis un point tout un système de robot droïde remplaçant les humains pour tout ce qui est tâche pénible afin que les vivants profitent de leur vie pleinement. Ces machines construisent des villes, flottant dans les airs, des réseaux de transport entier, tout en améliorant la vie et condition humaine au travers d’un réseau reliant chaque machine : Kollektiv. Cela va même ensuite plus loin avec un système complexe alliant le polymère (une nouvelle substance aux propriétés hors normes) et une interface implantée dans le corps humain afin de contrôler les robots par la pensée via un réseau interconnecté nommé Kollektiv 2.0. Après des années de recherche, nous voici en 1955 à l’aube du lancement à grande échelle de ce projet en URSS puis à travers la planète où les robots russes sont de renommée mondiale.

On incarne le major Netchaïev, nom de code P-3, sur le site 3826 et sa cité volante Tchelomeï. Sous les ordres de Sechenov, devenu l’un des hommes les plus puissants de l’URSS, P3 doit se rendre sur la terre ferme pour une mission qui semble tout ce qu’il y a plus de classique, mais en route, les robots civils deviennent subitement vindicatifs et passent à l’attaque. Le véhicule volant transportant P3 s’écrase, et celui-ci doit prendre les armes pour faire face à une menace inattendue. Sechenov ordonne à Netchaïev de mener une enquête dans le complexe militaire non loin de notre position où se cacherait un traitre de la patrie, Petrov. Anciennement affecté au programme Kollektiv 2.0, celui-ci y a injecté un code malveillant afin de détraquer les droïdes et répandre le sang pour arrêter ce qu’il considère comme une hérésie. P3 n’a que d’autre choix d’arrêter Petrov pour sauver le projet de son commanditaire mais aussi la nation toute entière.

Cité 3628 en vue

Netchaïev suit les instructions données par Sechenov à la lettre, et ce n’est pas l’IA intégrée à son équipement, CHAR-Les, qui le contredit. Pour P3, Sechenov est sur le droit chemin et conduira le peuple vers un monde meilleur, mais au fil de l’aventure ses convictions et croyances sont mises à mal et un questionnement se met en place dans la tête de notre protagoniste. CHAR-Les évoque des faits dont P3 n’a pas souvenir. Pourquoi ? Comment ? Durant toute la trame principale, P3 se remet régulièrement en cause, ses convictions et croyances sont-elles les bonnes et un final inattendu (en tout cas, je n’ai pas vu venir certains rebondissements) clos les portes de cette œuvre quali’. 

J’admets que j’ai eu du mal à voir le lien entre toutes les thématiques, dont les bourgeons ou le domaine de la conquête spatiale qui m’ont paru superflu avec le reste, mais globalement l’écriture est convaincante. A plusieurs reprises P3 n’hésite pas à tacler le monde global actuel sans discernement de pays ou autre, avec un humour plus ou moins direct ou gras (vous penserez à moi avec le robot d’amélioration tiens). Cette humour omniprésent laisse peu à peu sa place à des sujets plus profonds au fil que les heures passent, et notre éthique, au fil du temps de la production. Le ton change progressivement vers un avenir moins radieux qu’il n’y parait. Les sujets abordés sortent un peu de l’ordinaire ou ce dont on est habitué. P3 est un bourrin certes mais assez charismatique. Perso, j’ai adhéré le suivre durant son périple qui lui a réservé quelques surprises dont il se serait bien passé.

Pour une première production sous la bannière Mundfish, les équipes créatrices ont été des plus inspirés pour cet univers alternatif. On traverse différents paysages alternants zones ouvertes et cloisonnées comme une base militaire souterraine, un complexe d’expérimentation médicale ou un théâtre bolchévique. La direction artistique est d’ailleurs remarquable. J’ai fait un nombre incalculable de captures d’écran. Il ne manquerait plus qu’un mode photo pour parfaire le voyage visuellement parlant. La technique n’est pas en reste sur Playstation 5 (le support utilisé pour ce test). Certes, la modélisation de certains visages ou animations de personnages ne sont pas toujours de haute volée, mais pour le reste cela tabasse. L’Unreal Engine 4 en a encore sous le capot et Mundfish semble très à l’aise avec le moteur. Exit le choix cornélien entre graphisme ou framerate avec une seule configuration possible qui essaie de conjuguer les deux paramètres à la fois et c’est réussi hormis l’un ou l’autre passage lors de cinématique. Que cela soit la gestion des lumières et ombres ou des reflets, c’est au top du top. L’immersion est d’ailleurs poussée au maximum avec le choix parmi pas loin de 10 langues que cela soit pour les menus à l’écran et sous-titres, mais surtout le doublage. J’ai trouvé la sélection du casting au poil dans notre langue.

Dommage par contre que les ST soient loin d’être irréprochables avec pas mal de fautes relevées (notamment des « oubliés à la pelle) ou qu’on ait rencontré quelques soucis de collisions notamment au point d’avoir eu une ou deux fois notre avatar bloqué dans le décor obligeant à recharger notre partie. La Dualsense est également loin d’être mise en avant côté Playstation 5 alors qu’il y aurait eu de quoi faire côté gâchette ou HP de la manette. On finit le parti technique avec la bande son, signée Mick Gordon, qui tabasse comme toujours mêlant des influences electro soft ou bien grasse, du rock et métal, voir même des thèmes de musique classique réadaptée. Un délice, dont j’espère une sortie sur les services de Streaming voir en vinyle pour compléter ma collection personnelle !

P3 au rapport

Côté gameplay, on reste sur une base classique FPS aussi bien sur la partie armes de corps à corps que les distantes. Débutant avec une simple hache, on découvre rapidement la possibilité de créer notre propre arsenal pour peu qu’on dispose du plan, mais surtout des composants qui pullulent dans la nature ou sur le restant des cadavres mécaniques qu’on sème un peu partout. La composante RPG est d’ailleurs ce qui amène la diversité à la formule par le craft notamment avec les armes disposante toute d’une attaque secondaire différente (un coup chargé ou une frappe circulaire pour ne citer qu’eux), des pétoires eux aussi jouant la carte de la variété (révolver, fusil à pompe, canon électrique, etc.) sans compter les innombrables améliorations à débloquer également sur plan comme des dégâts élémentaires de différentes natures, une dispersion réduite des plombs, etc. 

Les capacités spéciales de notre gantelet enfoncent le clou avec la possibilité d’activer jusqu’à deux compétences acquises via différents arbres de talents sur lequel on dépense une nième ressource pour débloquer ces bonus : bouclier, jet de glace ou polymère et j’en passe. Exit le leveling traditionnel, à base d’EXP, tout passe exclusivement par la collecte de composants et plans. Pas de loot d’arme, ou armure pour améliorer P3. Craft ou crève (mais pour ce qui est munitions, ou consommables, Atomic Heart laisse les deux possibilités) disait-il. Atomic Heart se base sur des recettes connues, saupoudrant le tout de sa propre touche.

Autant en difficulté basse, on peut se passer de varier nos attaques et d’optimiser notre arsenal, mais quand on pousse les curseurs cela devient conseillé voir obligatoire. On utilise à fond les possibilités en visant à chaque instant le point faible de nos adversaires d’un bestiaire bien fourni (et pas que de robots, mais chut, ne spoilons rien) et chaque boss nous offre un moment original et différent les uns des autres. Il n’est pas rare de déclencher une alarme en se faisant voir par les caméra et drones de sécurité créant une vaste guérilla avec une armée de robots à nos trousses voulant notre mort. Pour éviter cela ? La discrétion, détruire le matériel de surveillance, ou tenter de s’échapper/mettre hors d’état de nuire le faucon de la zone. Mais garde à ne pas tomber sur une autre patrouille en route !

Casse-noissette

Atomic Heart propose à côté de l’action pas mal d’énigmes ou puzzles à résoudre. Chose appréciable, on peut rejouer 5x le même déblocage de serrure par exemple, jamais on ne tombera sur la même combinaison de couleurs. C’est globalement assez bien foutu sauf qu’à plusieurs reprises, le titre nous indique l’emplacement de notre objectif qui est tout autre à réalité. On aurait tendance à croire naïvement que l’objet nécessaire à débloquer la situation se trouve aux alentours et c’est une erreur. L’indicateur pointe la porte ou le passage à prendre, mais il n’est pas rare qu’on doive retourner en arrière ou prendre une direction opposée pour trouver le fameux objet nécessaire ou activer un déclencheur pour avancer. Ce manque de cohérence fausse des fois un peu la donne et pour en avoir parlé avec d’autres testeurs, on s’est tous fait avoir à quelques reprises. Je n’ai rien contre le fait de ne pas être pris par la main, bien au contraire, je pointe ici l’incohérence temporaire de ces marqueurs. Au passage, j’ai trouvé que certains passages puzzle sont bien trop longs ou fastidieux pour la raison citée plus haut, ce qui impacte fortement à l’une ou l’autre reprise le rythme. Bien sûr, l’alternance open world /  couloir n’y est pas pour rien, mais c’est plus la partie cloisonnée qu’on vise ici.

La durée de vie est assez conséquente nécessitant 18-20h (selon difficulté, et joueurs) en ligne droite, avec au mini une bonne grosse 10-12aine d’heures pour le contenu annexe qui est loin d’être inintéressant et surtout qui récompense fortement le joueur, sans oublier deux fins ! Les plus grosses améliorations et armes se trouvent d’ailleurs dans des sites d’essais qui recèlent des défis à la pelle et pas qu’un peu, aussi bien puzzle que gunfights. La carte disponible est assez vaste, heureusement on trouve quelques voitures ci et là pour nous déplacer et parcourir chaque petit hameau, bases, villes en ruines qui n’attendant qu’à être explorée !

Atomic Heart fait quelques erreurs de jeunesse avec certaines ficelles scénaristiques dont on n’est pas sûr de voir ou comprendre les liens ou encore des soucis de rythmes ou encore quelques ratés de finitions (peu nombreux mais bien présents. Mais pour le reste, Atomic Heart nous a globalement conquis. L’ambiance retranscrite matche à la perfection avec l’univers créé pour l’occasion. La trame majeure et centrale tient la route et nous promet une fin en apothéose. La gameplay prend sa source dans les classiques du genre avec quelques petites composantes bien senties, comme sa couche RPG légère, mais efficace ou encore son arsenal travaillé, pour des affrontements jouissifs, dont quelques boss originaux. Et que dire de sa direction artistique sublimée par une technique solide ?! Il n’invente pas grand-chose, mais il fait bien ce qu’il entreprend manette en main. Atomic Heart est une jolie surprise et sa dispo day one dans le Game Pass lui permettra assurément de se faire sa place chez de nombreux gamers.