Loop8 Summer of Gods : déconcertant et original, la claque Marvelous!

Disponible d’ici quelques jours, le nouveau Marvelous — Loop8 Summer Of Gods — propose une œuvre atypique encrée dans le visual novel avec une dimension relationnelle et du combat au tour par tour assez dépaysant. Même si la formule peut être déconcertante, avec certaines mécaniques complexes et pas forcément correctement introduite, la sauce prend relativement bien et nous délivre une expérience différente de ce dont on l’habitude avec des efforts plus qu’appréciés sur pas mal de facettes. Il ne plaira pas à tout le monde, mais Loop8 est sans aucun doute une très belle surprise.

La Terre est en proie à la destruction sous la menace des Kegai, des monstres venus d’ailleurs et prenant possession du corps d’un humain pour semer le chaos, depuis des millénaires . À chaque fois, l’humanité a su se relever dans la difficulté et avec l’espoir que cela ne se reproduise pas, en vain. « Récemment », l’espèce humaine s’est enfuie dans l’espace et renvoie progressivement des habitants sur Terre.  On incarne le jeune Nini, un garçon arrivant seul dans le village d’Ashihara un premier aout. Il y retrouve une personne de sa famille, mais qu’il ne connait pas : Konoha. La jeune fille vit avec sa grand-mère et l’accueille sous leur toit. Ashihara retrouve doucement, mais surement une vie paisible, et est pour le moment épargné par les Kegai. Peu acclimaté à la vie sur Terre, Nini est dépaysé et l’apesanteur n’aide pas. Afin d’essayer de retrouver une vie normale, Nini est scolarisé dans une classe comptant très peu d’élèves.

La vie semble reprendre son cours, mais Nini ressent quelque chose d’étrange et découvre sa capacité de vision démoniaque. Celle-ci lui permet de voir des choses anormales : un portail s’est ouvert menant tout droit dans un monde parallèle façon upside down dans Stranger Things où un Kegai prépare sa future offensive. La nouvelle attaque est proche, synonyme de fin du monde ! Nini s’engouffre dans la gueule du loup, et tente d’affronter le démon, mais il rate son coup, débouchant sur une conclusion sanglante. Il reprend conscience et se retrouve à nouveau ce fameux premier aout comme si de rien n’était !

Coincé dans cette boucle temporaire, il comprend qu’il doit tout mettre en œuvre pour empêcher la destruction du monde par le Kegai ! Le pitch de Loop8 est donné et on comprend du coup très vite le nom du jeu. Marvelous délivre une histoire originale, très loin de ce qu’on a vu ces dernières années dans le paysage du JRPG. La narration se passe essentiellement via des interactions et dialogues sous le format de visual novel. Au début de l’aventure, on a l’impression de rejouer les mêmes segments de jeu, que les échanges sonnent parfois creux ou sans intérêts, mais au fil de la progression, cela prend une dimension totalement différente.  Nini n’est pas seul et rencontre plusieurs personnages haut en couleur et c’est là-dessus que Loop8 joue et accentue sa force. Les interactions et les personnalités uniques de chacun d’entre eux participent à créer un univers attachant et complet. L’aspect relationnel est des plus important et au cœur de l’expérience. Il est difficile de ne nommer que l’un ou l’autre des protagonistes tant la qualité de la plume est excellente. Mais une chose est sûre, la diversité et la profondeur du casting répondent présent.

Je blablate, mais vous ne savez toujours pas concrètement ce qu’est Loop 8 et en toute franchise ce n’est pas le plus simple à expliquer tant cela part dans tous les sens. Il y a déjà une notion de temps à avoir en tête. Le temps défile et ne s’arrête jamais. Loop 8 propose énormément d’activités qu’on choisit librement, mais ce n’est pas du « à la carte », chacune est disponible uniquement sur certains créneaux : l’école c’est avant 9 h et dure jusque 13 h, ni plus ni moins. On loupe le coche ? Tant pis. Le restaurant n’est ouvert qu’aux heures de repas sinon c’est au café qu’on consomme quelque chose. On se déplace en ville de l’école au temple ? Il faut xx minutes pour le faire. On sait le nombre de jours qu’il reste avant l’incursion KegaI, à nous de gérer notre emploi du temps comme on le souhaite.

Le socle du gameplay est quelque chose de très japonais comme tous ces visual novels ou simulateur de drague même dont ils sont friands. Les protagonistes évoluent tout aussi librement que nous. On les cherche, on discute avec eux, on fait des activités avec eux, on les complimente, etc. avec à chaque fois un impact potentiel (positif comme négatif sur leur humeur. Grâce à la vision démoniaque de Nini, on connait les envies, désirs et états émotionnels de chacun à chaque instant. On varie nos actes selon cela pour se donner un maximum de chance d’augmenter les liens entre les personnages et ne pas les détériorer. En plus de ces caractéristiques émotionnelles, on parle également d’impact sur les stats plus RPG traditionnel comme de la force, ou l’intelligence.

D’ailleurs, à l’image d’un certain Persona, on dispose de multiples endroits dans Ashihara permettant à Nini et ses amis de faire une activité quelconque. Par exemple, les barres devant l’école procurent de la force à chaque exercice et ainsi de suite. À chaque réinitialisation de la loop, les compteurs amis-amis sentimentaux sont remis à zéro, mais pas les bénédictions qui permettent de ne pas repartir de rien coup sur coup, les stats de personnages persistent et nous font monter doucement, mais surement en puissance. Chaque loop affiche sa partie aléatoire et ajoute quelques potentielles nouvelles cutscènes permettant d’en apprendre davantage sur nos héros. Plus on enchaine de loop et moins cette impression de déjà vue se fait ressentir.

Comme énoncé plus tôt, le Kegai prend possession de l’un ou l’autre personnage de la bande qu’il conviendra alors de battre plus tard sous sa forme monstre afin d’empêcher la fin du monde. La dimension relation prend tout son sens ici : si on est fâché avec un camarade et qu’il devient le Kegai, le combat s’annonce rude alors que si on était BFE avec lui, il nous cognerait bien moins fort et on gagne un avantage non négligeable. La partie stats des personnages n’a pas besoin d’être expliquée ici, car on est sur RPG standard.

Quand on se lance dans la partie portail Kegai, seuls deux amis peuvent se joindre à nous (à charge de les avoir recrutés la journée même, sinon dommage !). Les combats arborent un style tour par tour, mais avec plusieurs particularités : déjà, on ne contrôle que Nini, les deux autres sont gérés par l’IA ! Seconde originalité : Nini peut utiliser la vue démoniaque afin d’anticiper les prochaines actions alliées, mais aussi ennemies, alors que la vue céleste permet d’analyser les effets de statuts de notre groupe. Cela nous permet de calculer quelle est la meilleure action possible à effectuer à notre tour. On retrouve à nouveau un système basé sur la tendresse, l’amitié et la haine ayant une influence directe sur la puissance de notre compétence, mais ce qui vaut pour nous est valable pour l’adversaire. Il est loin d’être opportun de frapper avec haine en permanence sous peine de renforcer l’ennemi à son tour.

On joue au final une « loop » nous aussi : on essaie de maximiser nos stats et caractéristiques en tâche de fond tout en essayant d’avoir un relation le plus positif possible avec tout le monde dans le seul et unique but de partir affronter le Kegai dans les meilleurs dispositions possibles. On se foire les premières heures, on rame un peu mais on sent une réelle amélioration au fil de l’eau, on sent la « chance » arrivée, on approche de notre but de try en try. Les débuts sont difficiles (en tout cas, ils l’ont été pour moi) mais dès lors qu’on s’accroche on découvre la profondeur et l’oeuvre et c’est un régal.

Je suis tombé sous le charme de l’identité visuelle de Loop8 avec un genre animé bien prononcé, des cinématiques et cutscènes magnifiques et une direction artistique globalement bonne. Les animations surprennent par contre avec une espèce de saccade permanente quand on se promène et ce même sur Xbox Series X. Je pense que c’est un effet voulu, mais cela risque de ne pas plaire à tout le monde. En combat, chaque attaque subit systématiquement un mini ralentissement la première seconde. C’est bref, mais c’est tout de même visible et c’est dommage. Ce qui est appréciable est l’entière localisation des ST dans notre langue ! Quand on voit des cadors du JRPG ne même pas y songer ou le délaisser, je tire mon chapeau à Marvelous pour le coup. Par contre, petit carton jaune pour les chargements incessants qui apparaissent à l’écran. Ils ne sont pas longs certes, mais bien trop nombreux à mon gout.

Loop 8 Summer Of Gods est déconcertant pour plusieurs raisons, mais jamais de mauvaises. On s’attend à un genre de jeux bien précis, du traditionnel en termes de gameplay, mais il n’en est rien. Oui, c’est assez complexe à prendre en main et à assimiler l’intégralité des composantes que nous propose Loop 8, mais il suffit de ne pas lâcher et on comprend les choses au fur à mesure. On rate une boucle ? On recommence et on continue de s’améliorer.  J’ai apprécié l’originalité du mélange des genres visual novel, avec cette couche RPG plus complète qu’on ne le penserait sur les premières heures de jeux. Le tour par tour dispose de sa petite touche fraicheur elle aussi et surtout on découvre [dans la douleur certes] la puissance du système de relation intimement liée à cette composante baston. Bref, Loop 8 Summer Of Gods surprend, en bien, et mérite assurément qu’on s’y intéresse.