Test Stellar Blade : Killing Eve

Initialement Project EVE, puis renommé Stellar Blade avec son passage en exclu Playstation 5, la production de Shift Up aura fait parler d’elle et surtout elle était attendue ! Après avoir poncé le titre dans tous les sens, annexe inclus et un NG+ bien entamé, on vous explique pourquoi Stellar Blade nous a séduits en détaillant les forces du premier titre console du studio coréen. Une chose est sûre, c’est un carton (perfectible certes, mais quand même) qui sera sans aucun doute dans les débats de fin d’année au moment de faire notre liste des immanquables 2024.

Stellar Blade nous raconte l’histoire d’Eve, une Ange envoyée sur Terre par la Matri-Arche pour y combattre les Naytibas, des monstres sanguinaires qui ont envahi la planète avec une race humaine au bord de l’extinction. Mais les premiers instants d’Eve sur la planète ne se passent pas comme prévu. La menace est partout, et les vaisseaux transportant les sections aéroportées (ses semblables) sont annihilés les uns après les autres. Seules avec sa camarade Tachy, elles affrontent les hordes de créatures à la pelle avant de tomber sur un Naytiba Alpha qui ne fait qu’une bouche de Tachy. Au bord de la mort, Eve est sauvée de justesse par Adam, un survivant de la Terre qui l’amène jusqu’à son refuge, Xion, un des derniers bastions de l’humanité. En échange de son aide pour apporter un peu de confort à cette cité de fortune, Adam s’engage à accompagner Eve dans sa traque du Naytiba suprême, synonyme de survit de tous si elle remporte le combat.

Avec son héroïne ni entièrement robotique ni humaine, et le contexte de planète Terre où la vie y a quasiment disparu, on ne peut s’empêcher de penser à Nier Automata, l’un de mes jeux phares de ces dernières années. On y retrouve des thèmes assez similaires, comme l’humanité, la mort, le sens de la vie ou encore ici l’omniprésence des IA, de religion ou croyance au travers de la Matri-Arche qui est derrière la mission d’Eve d’annihiler les Naytibas. Au fil de notre progression, notre regard est amené à changer sur certains faits, certaines idées.

Sauver le monde

D’ailleurs, Eve qui est en mode « j’ai une mission, on s’en fout du reste » évolue et montre une autre facette de sa personnalité ne serait-ce que par son émerveillement en voyant pour la première fois certains objets. De simple instrument de guerre, elle arrive à ressentir des choses et aussi d’appréhender la vie d’une autre manière. On rencontre quelques personnages secondaires atypiques, mais qui n’ont pas tous le droit au même traitement (une partie reste assez en retrait). Le tout donne un voyage intéressant, mais perfectible. Il y a bien quelques surprises, mais la trame reste assez simple (chose voulue et annoncée par le studio en amont de la sortie du jeu). La recette fonctionne tout de même relativement bien, et on suit sans se forcer tout ce que nous raconte Stellar Blade, d’autant que l’exploration nous amène souvent à trouver ci et là quelques éléments qui complètent un peu cet univers cyber assez riche.

Stellar Blade propose une expérience assez variée en termes de décors et de level design, en alternant zones linéaires (sans pour autant être un pur couloir, en témoigne la démo avec une constructionavec plein de raccourcis, passages secondaires, etc.) et d’autres bien plus ouvertes et amples. L’exploration est toujours de mise avec des coffres et items cachés un peu partout, des passages qu’on n’ouvre pas immédiatement et qui demandent à revenir plus tard pour être empruntés, le tout parsemé de quelques puzzles assez simples avec des caisses à bouger pour atteindre des parties du décor en hauteur, des coffres nécessitant d’avoir trouvés un code et j’en passe. C’est de la sorte aussi, en fouillant partout, qu’on récupère des matériaux pour booster notre barre de PV, d’énergie, ou encore des composants de crafts pour améliorer nos équipements, etc.

Le rythme est plutôt bon, avec le choix de compléter (ou non) la pléthore de contenu annexe un peu comme on le veut. On dispose de requêtes d’habitants de Xion à remplir (en leur parlant, on récupère les quêtes) avec notamment quelques suites de quêtes données par des PNJ de la ville, mais aussi un tableau de missions, ainsi que tout une pelletée de collectibles à récupérer : messages audio, journaux, prières, sans oublier les canettes de soda/bière ou encore les fameuses tenues d’Eve, des boucles d’oreilles, la pêche, etc. Sur les deux premiers gros tiers, on avance comme on le désire, on enchaine les quelques zones linéaires avec d’autres ouvertes, on revient sur nos pas pour le contenu annexe etc (bon, par contre, la navigation sur les zones couloirs pour le contenu annexe, il y avait surement mieux à faire côté repérage). On complète tout ce joli contenu scénarisé pour la plupart, et on kiffe assez ce que nous propose Stellar Blade. Il est juste dommage que la dernière ligne droite soit plus dirigiste et ne nous laisse plus le choix, on est parti pour le dernier rush et merci au revoir. Heureusement, le New Game + permet de revenir ensuite pour un second run boucler ce qu’on aurait oublié et reprendre une petite dose de baston !

La lame salvatrice

Dès les premières minutes, on est mis dans le bain de ce titre orienté action au gameplay exigeant. Je pensais faire face à un gros beat them all des familles, mais on est plus sur un ARPG où un mauvais pas peut rapidement nous couter cher. Au début de l’aventure, Eve est relativement « faible » et ne possède qu’un petit panel de compétences : deux attaques, qu’on alterne pour créer des combos, une esquive, et la parade ! On est bien loin du spam basique de carré pour enchainer les coups de latte. On dispose d’une pléthore d’enchainement, qu’on déclenche avec la bonne combinaison et dans le bon ordre avec nos deux attaques. C’est fluide, assez nerveux sans tomber dans le frénétique, et les Naytibas sont là pour nous rappeler à l’ordre au moindre faux pas. Heureusement, on dispose de quelques potions pour rattraper le coup. 

Mais très rapidement, on découvre une première ressource, l’énergie Beta, qu’on accumule grâce à nos frappes, mais surtout en réussissant des parades parfaites (une histoire de timing, juste avant d’être touché). On accède alors (quand on a suffisamment d’énergie) via L1 et l’une des quatre touches, à l’une des compétences spéciales qui fait des ravages et qui devient l’un des premiers réels atouts d’Eve. Plus on progresse, et plus on développe Eve via quelques arbres de talents pour acquérir/booster des compétences, les dégâts de base, rendre la parade parfaite plus « simple » (la fenêtre est un peu plus grande), etc. Dès le premier boss, on découvre encore deux nouvelles fonctions avec, selon l’émote du boss, une esquive avant ou arrière afin de déclencher une cutscènes et balancer la sauce sur l’ennemi, toujours dans le bon timing. À cela s’ajoute l’armure de l’adversaire (qu’on descend avec les bons combos ou compétences) tout comme sa jauge d’équilibre (les petits losanges orange, qu’on casse à chaque parade parfaite par exemple), ce qui rend les combats bien plus stratégiques que simplement spam nos enchainements sans se poser de question.

La formule semble déjà plus que complète, avec un système des plus attrayants et assez complet, mais on découvre après quelques heures une fonctionnalité similaire, mais basée cette fois-ci sur l’esquive parfaite et non plus la parade, associée à une nouvelle énergie et quatre nouvelles attaques (cette fois-ci avec R1), et là, le pied devient total. Eve exécute ses balais mortels à l’écran avec une telle aisance. Il faut dire que les nombreuses cutscènes, durant les compétences L1/R1 ou les exécutions par exemple, sont extra. La mise en scène tape fort, et il suffit d’ajouter quelques QTE sur les boss impressionnants pour donner un spectacle réussi. À cela s’ajoutent quelques passages au gameplay remanié (l’hypertube, les énigmes « playstation », les zones au tir uniquement, car oui, notre drone devient par la suite une arme distante) et vous obtenez une formule quasi parfaite.

Le gameplay se retrouve impacté selon les exospines qu’on équipe, offrant des bonus sur coup critique, sur les combos, un type d’attaque particulier, rend encore plus efficace les compétences bêta, etc. Sans révolutionner la façon dont on appréhende les combats, cet équipement (un slot au début, et un second vers la fin) permet de se spécialiser un peu plus et de booster l’une ou l’autre facette qu’on aime mettre en pratique. bref, vous l’aurez compris, Stellar Blade regorge de possibilité, et encore on ne mentionne pas tout histoire de pas spoil, le jeu a encore quelques cartouches sous le pied.

Kill’em All

Le bestiaire mérite des éloges avec une foule de créatures aussi bien humanoïdes, que droïdes, des boss spectaculaires et inspirée, et des patterns propres à chacun d’eux. Stellar Blade réussit bien l’exercice périlleux de conjuguer gameplay nerveux et dynamique avec une base exigeante. Certes, on est parfois tenté de bourriner pour finir un adversaire coriace, mais quand on ne maitrise pas toutes les mécaniques de façon infaillible, il n’est pas rare de mordre la poussière et de ramasser nos dents au sol avant de recommencer. On analyse chaque adversaire, afin de connaitre sur le bout des doigts ses capacités, et on le submerge de frappes mortelles tout en réussissant notre chorégraphie pour ne pas être touché à notre tour. Pour un premier essai sur console, Shift Up met les petits plats dans les grands et nous sert déjà une œuvre qu’on qualifie sans problème de réussite d’autant que chaque zone arrive à nous surprendre à chaque fois avec ses propres créatures qu’on ne connaissait pas même en ayant ratissé celle d’avant de fond en comble. Je pense notamment à la station souterraine avec les corps inanimés…

Offrant trois preset (qualité, performance, équilibrée), Stellar Blade comble de la sorte chaque type de joueurs. Pourtant habituellement friand du mode 60fps, j’ai finalement succombé à l’équilibre qui offre le meilleur compromis, le meilleur des deux mondes avec une stabilité à toute épreuve. Visuellement, la modélisation des avatars est irréprochable, et le monde est plutôt joli. Certes, on n’atteint pas le stade de la vitrine tech de chaque instant (les arrières plans sont parfois inégaux par exemple), mais là aussi, pour une première mouture console, Shift Up passe l’examen haut la main. Comme déjà évoqué, les animations des personnages sont tout autant validées que leur rendu, c’est propre et carré. La partie son est tout autant de bonne facture avec un doublage coréen intégral (accompagné de STFR) et une bande son contenant quelques thèmes incroyables et rappelant là aussi par moment mon cher Nier. 

Eve, lève toi et danse …

Pour finir ce papier, parlons un peu du cas Eve. Le personnage en lui-même m’avait un peu laissé de marbre sur la démo, mais quand on parcourt le titre dans son intégralité, on s’aperçoit qui se semblait être une coquille vide sur le début du jeu est en clairement voulu et surtout « normal ». Elle débute simple outil de la Matri-Arche, convaincu que sa mission est la bonne et que c’est son seul devoir, avec de commencer à ressentir des choses par elle-même, de changer sa façon de voir les choses sur l’un ou l’autre sujet, etc. On sent la volonté du studio d’humaniser son héroïne et qu’on vive son évolution avec elle. Tout n’est pas tout rose, et selon nos actions on atterrit sur l’une des trois fins possibles, mais Eve est clairement un personnage intéressant si on gratte la surface et qu’on ne se limite pas qu’à une première impression.

Concernant son côté ultra sexy, aux formes de rêves, il suffit de s’intéresser un peu à la culture coréenne qui voue un véritable culte à la recherche de la perfection pour comprendre le choix du modèle, le chara design du personnage, etc. On aime ou on n’aime pas après, tout est une question de gout. En tout cas, il y a de quoi modeler Eve à sa guise avec un nombre impression de tenues (allant de l’ensemble jeans sérieux à la tenue très dénudée), quelques accessoires type lunettes et boucle d’oreille et même un coiffeur avec coupe/coloration dans le bundle.

Je ressors personnellement conquis de mon voyage Stellar Blade. Shift Up tape fort pour sa première sortie console avec un jeu complet, riche et généreux. Le pire est qu’on sait que le studio a encore une belle marge de progression sur l’un ou l’autre aspect (une narration et un lore plus profond ou un rythme un peu plus régulier), ce qui va générer une attente assez folle pour un prochain jeu (et pourquoi pas une suite ou un autre titre dans le même univers, car il y a clairement la place pour). La démo ne m’avait pas foncièrement convaincu sur tous les points, mais le jeu complet l’a très rapidement fait. Bravo à Shift Up pour cette nouvelle IP et leur première production console très réussie.