Sorti en 2016, le premier Darkest Dungeon (de Red Hood Studios) proposait un RPG tour par tour des plus sombres, agrémenté d’une couche rogue-like de qualité. On y découvrait une œuvre ô combien séduisante, de par sa direction artistique atypique et ses mécaniques bien huilées. Fin 2021, le studio a lancé l’accès anticipé de son second opus avec la sortie de la version 1.0 courant 2023. Darkest Dungeon II est désormais disponible sur console depuis cet été, et sa sortie en version physique chez Maximum Entertainment (anciennement Just For Games) nous donne l’occasion d’en recauser un peu...
Darkest Dungeon II nous ramène dans cet univers dark fantasy, quelque temps après les événements du premier. Le monde est plongé dans le chaos et les ténèbres, envahi de monstres en tout genre. La situation est critique et le danger rôde partout et à chaque instant. Afin d’amener un minimum d’espoir et une lumière au bout du tunnel, nous partons pour un périple de la dernière chance, où il faudra recruter des compagnons d’armes pour cette lutte qui s’annonce difficile.
Et on ne va pas se mentir, on est clairement amoureux de cette direction artistique à tomber qui dépeint à la perfection l’ambiance générale du jeu. Ce design type comics éclabousse la rétine et donne l’impression que tout s’anime sous nos yeux comme par magie, avec une finesse d’image et un souci du détail dans les décors et l’environnement. Bref, je suis séduit par cette direction artistique et ce travail net et sans bavure, efficace comme il faut. Pour finaliser l’immersion, rien de mieux qu’une bande-son réussie, accompagnée d’une voix off captivante.
On débute par la constitution de notre équipe avec 4 valeureux combattants disposant chacun de leurs spécificités et capacités propres, afin de débuter un périple à bord de notre diligence. On rejoint différents lieux en empruntant des chemins différents à chaque fois, et on rencontre des évènements variés, le tout étant généré de façon procédurale. D’un run à l’autre, il est normalement impossible de revivre la même expérience, surtout qu’à chaque fois, nos choix impactent notre progression. On ne rencontre jamais les mêmes ennemis, on découvre un autre cheminement, des pièges, des problèmes en route, etc. Mais bien entendu, tout n’est pas tout le temps noir 24 heures sur 24. Ces aspects plus positifs sont eux aussi soumis aux lois du hasard avec cette génération procédurale. Seul point persistant : on retrouve chaque fois les mêmes avatars dans notre équipe, ce qui fait qu’on s’y attache à force.
L’aspect « rogue » ressort déjà énormément de ces aspects, avec ce côté totalement aléatoire par lequel on ne sait jamais à quoi s’attendre, quand, comment, etc. Et comme toujours, la défaite fait partie du processus. Comme indiqué précédemment, nos choix ont des conséquences et parfois, perdre un élément de notre équipe (souvent au début…) fait partie du lot. Quand notre bande est entièrement sous terre, le game over pointe le bout de son nez et on repart depuis le début, mais pas entièrement de zéro ! On recommence l’aventure avec quelques bougies en poche qu’on dépense auprès d’un autel pour améliorer sur le long terme un avatar, un compagnon, la diligence, etc. Ne vous attendez pas à booster facilement et rapidement tout, mais cela permet d’aborder chaque nouvelle partie avec quelques avantages, selon la progression dans la partie précédente. On est plus dans du roguelite que dans du roguelike dur comme le premier titre. Darkest Dungeon II reste difficile et exigeant, mais on sent l’effet de chaque erreur précédente.
Les débuts sont toujours aussi ardus, on reçoit quelques coups dans les dents. Cela va avec le contexte de chaos et de désordre certes. Ce qu’on pourrait reprocher ici serait un peu le manque d’accompagnement en amont. Il y a bien une encyclopédie, mais nous devons aller la consulter. Sans cela, on découvre les mécaniques par nous-mêmes et on a un peu de mal au début. On démarre dans la douleur, on se loupe, on rate, mais au fur et à mesure que le gameplay et ses ficelles se dévoilent, on commence à savourer l’expérience. On appréhende une nouvelle fonctionnalité, on tente de nouvelles choses, et le plaisir se fait progressivement sentir, jusqu’à devenir véritablement addictif. Il faut un paquet d’heures pour faire le tour de la proposition avec son gameplay tour par tour maison assez prenant avec l’importance du placement de nos unités (et de celles adverses), la gestion de la haine, les crises, etc. La formule est plus que complète, et fédère sur la durée. Comme dit, tout appréhender et bien comprendre n’est pas toujours simple, mais une fois ce cap passé, c’est du bonheur.
Le passage à la manette est d’ailleurs un peu plus difficile que pour le reste, qui paraît plus intuitif. On sent que l’interface, mais surtout les menus, a été pensée pour le clavier et la souris. Il manque peut-être un peu d’ergonomie pour accompagner le changement de périphérique, comme la réadaptation des tooltips par exemple, leur positionnement, etc. Pour le reste, la version PS5 de Darkest Dungeon affiche un sans-faute sur l’aspect technique.
Que dire de plus sur Darkest Dungeon II ? Certes, les premiers pas sont rudes en raison de la situation du monde, qui sombre dans le chaos et l’obscurité, mais surtout de l’absence d’accompagnement. On est dans un rogue game, certes, mais sans accompagnement pour découvrir ses mécaniques, qui sont appréhendées sur le tas. Une fois ce cap parfois difficile passé, on savoure le périple, les runs s’enchaînent avec à chaque fois un peu plus de capacité, on a plus d’options pour gérer la multitude d’évènements aléatoires qui nous attendent. On souffre, mais on adore ce que nous propose Darkest Dungeon II avec son contenu généreux, son casting attachant et sa DA/ambiance si réussie.