Test Life Is Strange Double Exposure : une licence toujours aussi forte

L’une des forces de Life Is Strange est sa composante narrative, avec ses choix forts que le joueur doit faire, et qui impactent indéniablement sa progression et le dénouement, rendant chaque run unique dans cet univers fantastique saupoudré de drame. DontNod a eu de l’or dans ses mains en créant cette licence originale en proposant plusieurs héros durant quasiment une décennie à travers plusieurs épisodes. Aujourd’hui, on retrouve dans Life is Strange Double Exposure l’héroïne originelle, Maxine (dit Max) Caulfield, pour la seconde production de Deck Nine pour Life is Strange et c’est dans les très gros points une réussite totale.

De l’eau à couler sous les ponts depuis les premières aventures de Max, celle-ci est désormais professeure à l’université de Caledon et y est également artiste. Son quotidien a fortement changé, elle mène une vie d’adulte et passe une partie de son temps libre avec ses nouveaux amis, un trio central composé de Max bien entendu, Moses, un scientifique de l’université, et Safi, une amie très proche, avec qui elle passe la plus part de sont temps. Ils profitent d’une nuit des étoiles à observer ensemble, télescopes en main, depuis le toit du campus. Alors qu’ils profitent de cette nuit des étoiles insolites, Safi reçoit un coup de téléphone. Elle s’absente pour prendre l’appel, mais le temps passe et Safi ne revient toujours pas. Max décide de rentrer chez elle, mais elle souhaite saluer son amie avant de quitter le campus. Elle l’aperçoit au loin et entend au même moment un coup de feu. Le temps d’arriver sur place, Maxine découvre le corps inanimé de son amie.

Une soirée, un drame, une histoire

Durant 5 chapitres et une bonne grosse douzaine d’heures (bien plus si vous souhaitez tout compléter), Maxine mène sa propre enquête pour comprendre pourquoi son amie est morte, un rôle qu’elle ne connaît que trop bien puisqu’elle doit enquêter une nouvelle fois comme elle l’a fait par le passé. En combinant sa passion pour la photo (son polaroid l’accompagne partout) et sa curiosité insatiable, elle possède tous les atouts nécessaires pour remplir ce rôle. Elle va de lieu en lieu pour fouiller chaque recoin et dénicher chaque petit détail qui pourrait l’aider à comprendre, et ce qui est appréciable et qu’il y a une quantité importante d’objets interactifs, et cela apporte régulièrement des détails à l’histoire. D’ailleurs, il y a plus globalement de nombreux collectibles à récupérer, comme souvent dans Life is Strange, de quoi occuper les chasseurs de trophées et les complétistes un petit moment.

On retrouve ce gameplay à effet papillon, trait caractéristique de la licence, où chacun de nos choix a un impact, à plus ou moins forte mesure. Cela modifie la trame, ou à minima la façon dont certains avatars s’adressent à nous par la suite. Pire encore, cela nous ferme parfois des portes. Il est donc important de peser nos mots et de ne pas réagir à chaud. Ainsi, la rejouabilité est totale, car les dénouements sont multiples et il existe plusieurs chemins qui mènent à eux. Nouveauté à part entière. Maxine avait un pouvoir exceptionnel qui lui permettait de remonter le temps, mais après des événements tragiques, elle a décidé de ne plus jamais y avoir recours. Au fil du temps, son pouvoir semble même avoir disparu… Toutefois, elle possède aujourd’hui la faculté de passer d’un univers à l’autre, comme dans le multivers façon Marvel. Elle passe ainsi d’un monde à l’autre pour sauver son ami d’un côté et retrouver le meurtrier de l’autre. On jongle régulièrement entre ces dimensions pour avancer, trouver un indice ou résoudre une énigme, sachant que ces deux facettes sont souvent bien différentes : un personnage peu enclin à la discussion dans un monde sera plus ouvert à bavarder dans un autre. Manette en main, l’immersion est clairement au rendez-vous, même si parfois on s’embrouille un peu avec ces deux mondes pour garder le fil (mais l’ambiance dans les deux étant assez diamétralement opposé, on s’y retrouve quand même au final). En tout cas, la gestion des émotions des différents intervenants est tout simplement exceptionnelle.

Opération seduction

L’ambiance est toujours une sincère réussite dans Life is Strange et Double Exposure ne fait pas exception à la règle. Que ce soit par les facteurs esthétiques, le travail sur les environnements, le contexte, mais aussi le casting travaillé qui nous fait régulièrement dire « je ne pensais pas ce perso comme ça », tout est réuni pour qu’on se plonge dans l’œuvre à corps perdu. Les thématiques abordées sont matures dans leur genre, tournant notamment autour de nombreux sujets d’actualité, comme l’amour, la sexualité, l’identité et l’inclusivité. La tolérance et l’acceptation sont des combats majeurs de notre ère, mais je trouve que Double Exposure en fait peut-être un peu trop. En effet, chaque personnage semble avoir été créé en cochant une des cases d’une liste couvrant un peu tous les domaines inclusifs, ce qui manque de subtilité et qui fait tout sauf naturel. Côté technique, Life is Strange: Double Exposure affiche une nouvelle fois une production soignée et léchée. Que ce soit le charadesign, la modélisation et les animations ou la direction artistique, Deck Nine signe un titre propre et plaisant. L’opération séduction fonctionne à merveille, et ce n’est pas tout : la bande-son nous accompagne en douceur dans cette superbe aventure.

Life Is Strange Double Exposure est une expérience agréable, savoureuse et toujours aussi enrichissante. L’histoire est accrocheuse pour un voyage touchant et poignant. On apprécie de voir la franchise tenter de nouvelles choses tout en conservant cette patte qui a fait d’elle ce qu’elle est aujourd’hui. L’histoire démarre fort et cette nouvelle mécanique de multivers cumulé avec cette dimension « ton choix, ta progression » toujours aussi passionnante cartonne. Et que dire de cette rejouabilité, toujours aussi premium ! Double Exposure est une superbe création et le truc cool : pas besoin de forcément connaitre le monde de Life Is Strange pour en profiter.