L’un de mes centres d’intérêt ces derniers temps (depuis un moment… certes…) est de me pencher sur des titres en accès anticipé et/ou des projets qui sortent des sentiers battus, et c’est le cas d’un jeu sorti il y a quelques mois (août) sur l’Epic Game Store et qui devrait sortir sur Steam début 2025 : Ertugrul of Ulukayin ! J’ai pu passer quelques soirées sur une première version Steam et le bilan est plutôt positif de mon côté. Hâte de voir la suite.
D’emblée, mettons les choses au clair : on est face à un jeu indépendant créé par une structure à taille humaine (Tekden Studio), dont c’est le premier titre. Sur EGS, l’accès anticipé est facturé 14,99 euros. On y dessine doucement le contexte et surtout le gabarit du projet, ce qui nécessite forcément une approche différente d’un AAA à 80 euros par des vétérans et une structure historique. On donne notre impression avec cet angle de vue, mais je tenais à partager cette transparence, même si sur plusieurs aspects, Tekden n’a pas besoin qu’on ne prenne de gants.
L’intrigue se déroule au XIIIe siècle, dans la région d’Ahlat, située dans l’extrême ouest de l’actuelle Turquie. On y suit la tribu Kayi qui subit une attaque sans précédent de l’armée mongole de Gengis Khan. On découvre ainsi un pan historique d’un pays voisin, bien loin de notre culture et des faits historiques que l’on connaît grâce aux jeux, films ou séries (certes, il existe une série sur cette période, historiquement disponible sur Netflix, mais qui ne semble plus être disponible sur la célèbre plateforme de streaming). Le titre se base sur ces faits, mais aussi sur le folklore turc et leur arbre à vie, l’Ulukayin, qui relie le monde des vivants et l’au-delà. On y suit des figures emblématiques, dont le fameux Ertugrul, ainsi que ses compagnons d’armes Meryem et Turgut, durant leur voyage pour retrouver le frère de ce dernier. Ils se retrouvent finalement à devoir résister à l’invasion mongole ainsi qu’à affronter un groupuscule mystérieux avec une bonne dose de bague et surnaturel au passage.
Manette en main, le jeu de Tekken prend le temps de poser les jalons de son histoire et nous plonge dans cet univers atypique et attrayant. On y découvre un fil conducteur qui semble viser la fidélité historique (je dis ça dans le sens où ce qu’on nous raconte les premières heures semble tout à fait plausible, je ne saurais dire si c’est la vérité ou une version remaniée), mais par la suite, le scénario déballe des ficelles baignant dans le mysticisme, et le pouvoir des rêves qui occupent un rôle central dans le dénouement de cet accès anticipé. Le début est un peu lent, mais si on lui laisse une chance, on se laisse vite prendre dans ses rouages et on vit une expérience où nos actes et décisions ont un impact sur tout ce qui nous entoure.
Côté gameplay, on fait face à un RPG à la troisième personne dans un semi-monde ouvert. La prise en main est assez simple avec des mécaniques classiques, mais efficaces, visant aussi parfois le réalisme, comme le fait de devoir tenir le harnais de notre cheval pour l’attacher quand on veut en descendre… détail anodin mais cela fait un peu plus situ de la sorte. Les combats prennent la forme des ARPG du moment avec un lock et des attaques basiques, mais pour remporter la victoire, il faut savoir utiliser intelligemment tout ce qui est parade/esquive/contre-attaque. On est loin du spam d’attaques pour gagner un affrontement et surtout, foncer tête baissée dans un groupe complet n’est jamais une bonne idée. Chaque personnage jouable possède ses propres caractéristiques et compétences. On passe par la case craft pour améliorer nos équipements, fabriquer des potions, etc. La formule est connue, mais on sent que le studio a voulu rendre son expérience propre, soignée et équilibrée. On ne croule pas sous le loot ni les composants, c’est intelligemment conçu et même en ce qui concerne les améliorations, on ne devient pas un surhomme. C’est vraiment plaisant de voir un tel équilibrage sur un titre de cette taille. À surveiller pour l’expérience finale après les futurs patchs, mais en l’état, c’est plus que satisfaisant.
Les décors proposés sont plutôt jolis, et on est même surpris quand on se rappelle la taille du projet. La modélisation des personnages n’est pas mal, par contre, les animations sont un peu plus rigides bien que ce ne soit pas alarmant non plus. Tournant sur Unreal Engine, le rendu est solide et l’on a déjà accès à des technos telles que le DLSS 3.7.2, le FSR ou encore le XeSS, sans oublier le Framegen AMD. En revanche, il reste forcément encore un peu de travail en ce qui concerne l’optimisation. Pour donner un ordre d’idée, ma configuration (R5 7600X/64 Go de RAM/4070 Ti Super) affiche un framerate situé entre 55 et 60 fps en 21/9 avec tous les préréglages au maximum et le DLSS sur « Ultra Quality ». En baissant le supersampling à « Quality », on monte à quasiment 100 fps. Mais dans les deux cas, le Framegen était activé. Côté audio, comme toujours, je joue avec la version originale, donc avec un doublage turc pour pousser l’immersion. Il est agréable de voir qu’un grand nombre de langues sont déjà disponibles pour le ST dont le FR.
Durant plusieurs longues heures, je me suis lancé dans Ertugrul of Ulukayin sans savoir où j’allais réellement. En toute franchise, je suis incapable de valider le respect de l’Histoire ou non, mais une chose est sûre : le jeu a su donner envie de suivre ce qu’il nous raconter passé la premières grosse heure. Le gameplay repose sur des composantes vues et connues, mais intelligemment ajustées pour offrir une expérience solide en tout point, avec un équilibrage costaud. Pour un jeu de ce gabarit, il mérite clairement qu’on s’y intéresse et qu’on suive son évolution car il y a un vrai potentiel.