10 novembre 2025

Test Little Nightmares III : un nouveau départ

En 2017, Little Nightmares s’était imposé comme un petit bijou inattendu du jeu de plateforme version horrifique. Avec son ambiance cauchemardesque et sa direction artistique aussi dérangeante que fascinante, le titre signé Tarsier Studios nous avait immédiatement séduit, tout comme sa suite 4 ans plus tard. Mais aujourd’hui, pour le troisième volet, les clés de la maison sont confiées à Supermassive (Until Dawn, The Dark Pictures), Tarsier étant affairé sur REANIMAL.  Un pari un poil risqué : comment prolonger une série culte sans en trahir l’âme tout en apposant sa patte ?

Dès les premières minutes, le ton est donné: des bruits inquiétants, des ombres mouvantes, des silhouettes d’enfants terrifiés… On retrouve instantanément la patte visuelle de la saga et son atmosphère. Fini Six et Mono : place à deux nouveaux héros, Low et Alone, deux enfants aux allures étranges perdus dans le Nulle-Part, un entre-monde aussi fascinant que terrifiant. Le premier arbore un masque de corbeau, la seconde un casque d’aviateur, et ensemble, ils devront échapper aux créatures monstrueuses qui hantent ces lieux. Le jeu se découpe en quatre grands chapitres, chacun avec sa propre ambiance : désert aride, fête foraine macabre, usine de bonbons dégoulinante et zone finale dont je ne spoilerais rien. Comptez environ cinq à six heures pour en voir le bout. Si l’ensemble reste fidèle à l’esprit de la série, la qualité est un peu inégale : le premier chapitre manque clairement de relief et d’intérêt ludique, comme s’il servait uniquement d’introduction et rien de plus. Heureusement, la suite rattrape le coup avec des environnements mieux construits et une montée en tension plus maîtrisée.

Entre valeurs sures et nouveautés

Côté narration, pas de surprise : toujours aucun dialogue, aucune ligne de texte. Tout passe par l’environnement, les gestes, les regards et le décor. Une approche minimaliste mais terriblement efficace, qui laisse libre cours à l’interprétation du joueur. Le mystère reste entier, parfois même un peu trop, d’autant que certaines réponses ont été réservées (j’ai l’impression) pour le Pass d’extension prévu l’an prochain, vendu avec l’édition Deluxe. Une pratique qui risque de faire grincer des dents. La grande nouveauté de ce troisième opus, c’est évidemment la coopération. Little Nightmares III peut se jouer à deux, mais uniquement en ligne : pas de coopération locale, ni de crossplay pour le moment. Autant le crossplay, why not, mais la coop locale aurait été tellement extra … on est un peu déçu ici pour le coup sur ce point. Low manie l’arc, Alone la clé à molette, et chacun apporte sa petite touche dans la résolution des énigmes. Dommage toutefois que la coopération reste assez limitée : on joue “ensemble”, mais rarement ensemble, c’est un peu chacun dans son coin si je peux dire ainsi. En solo, l’intelligence artificielle prend le relais, parfois avec un peu trop d’initiative, ce qui gâche un peu la satisfaction de trouver les solutions par soi-même.

Le gameplay, lui, reste dans la droite lignée des précédents opus : exploration, énigmes, courses-poursuites haletantes et séquences d’infiltration. La formule fonctionne toujours, même si un peu de nouveautés n’auraient pas été de refus. Le jeu assume son côté die & retry, souvent punitif mais juste à la fois, et ses décors fourmillent de détails à observer pour déceler la marche à suivre. Reste que l’expérience manque parfois de variété et se montre un peu trop dirigée : une seule solution, un seul chemin, peu de place pour l’improvisation.

Techniquement, Supermassive livre une copie très propre, avec un rendu soigné. Sur PS5, Little Nightmares III affiche des décors sombres, angoissants et superbement éclairés. Le mode performance à 60 fps est vivement conseillé, le mode qualité n’apportant pas grand-chose de plus. Côté sonore, c’est une réussite totale : chaque grincement, chaque souffle, chaque coup de tonnerre participe à cette atmosphère oppressante. Il ne manque qu’un vrai thème musical fort pour accompagner le tout.

Au final, Little Nightmares III est une aventure solide, maîtrisée et fidèle à l’esprit des précédents jeux. Supermassive a parfaitement compris le langage visuel et la tension propre à la licence, mais n’y ajoute que peu de sa propre identité. C’est un premier essai convaincant bien qu’un peu timide: c’est beau, bien réalisé et efficace, mais un peu trop sage. Et pour la coop, elle est bienvenue même si encore non parfaite (on veut la coop locale).

Laisser un commentaire