Tormented Souls 2 s’impose comme une suite fidèle à son héritage : un pur survival-horror à l’ancienne, tendu, exigeant et sans concession. Plus joli, un peu plus fluide, mais toujours aussi rigide et impitoyable, il s’adresse avant tout à celles et ceux qui regrettent l’époque des caméras fixes et tout ce qui allait avec.
Après un premier épisode remarqué pour son hommage appuyé à Resident Evil et Alone in the Dark, Dual Effect revient avec une suite qui ne cherche pas à réinventer la formule, mais à la consolider. Caroline Walker est de retour, cette fois dans une clinique perdue au cœur de l’Amérique du Sud. Pensant avoir enfin retrouvé un semblant de paix après les événements du premier jeu, elle replonge malgré elle dans un cauchemar fait de couloirs obscurs, de créatures difformes et d’énigmes impossibles. Le scénario tient en quelques lignes, mais ce n’est pas ce qu’on vient chercher ici. Tormented Souls 2 repose avant tout sur son ambiance, et sur la manière dont il parvient à la maintenir sans relâche.
Oldschool baby
Le jeu ne ment pas sur sa nature : c’est un survival-horror à l’ancienne, rigide dans son approche, lent dans son rythme, méthodique dans ses mécaniques. Les caméras fixes font leur retour, tout comme les angles calculés pour mieux faire monter la tension. Les déplacements sont volontairement limités, presque lourds, et l’on passe beaucoup de temps à scruter les décors, à examiner chaque recoin, à chercher la clé manquante ou la pièce d’un mécanisme improbable. Cette lenteur assumée est aussi ce qui donne tout son sens au jeu : ici, chaque pas compte, chaque affrontement est une décision, chaque munition gaspillée une erreur.
Le système d’énigmes s’inscrit dans la pure tradition du genre. On retrouve des puzzles de logique, des objets à combiner, des codes à décrypter, des schémas à observer pour comprendre un mécanisme. C’est parfois tiré par les cheveux, souvent opaque, mais toujours cohérent dans l’univers proposé. Le jeu ne prend jamais le joueur par la main, préférant le laisser tâtonner, revenir sur ses pas, noter des indices dans un carnet, et observer. Ceux qui ont grandi avec les survival de la fin des années 90 sauront exactement à quoi s’attendre. Les autres risquent d’y voir une forme d’archaïsme.










Un indé qui a de la gueule
Techniquement, le résultat est à la hauteur de ce qu’on peut attendre d’un titre de ce calibre. La direction artistique fait le travail : éclairages inquiétants, jeux d’ombres précis, textures honnêtes et atmosphère pesante. Ce n’est pas un jeu qui cherche à impressionner, mais il réussit là où ça compte : instaurer un malaise constant, une peur diffuse, sans avoir besoin d’enchaîner les jump scares. Sur PS5, le rendu est propre et stable, avec une fluidité correcte et une belle gestion des contrastes.
PS5 à l’honneur
La manette DualSense ajoute un petit plus bienvenu. Les vibrations haptiques retranscrivent les battements de cœur, le souffle court, ou les impacts des ennemis, tandis que les gâchettes adaptatives résistent légèrement lors de l’utilisation des armes. Ce n’est pas un argument de vente en soi, mais c’est une intégration soignée, cohérente avec le ton du jeu, et perso, j’adore cette manette. Voir des studios la gérer convenablement est donc toujours un plaisir pour nous.
Côté gameplay pur, les combats restent secondaires mais tendus. Caroline n’est pas une soldate : viser prend du temps, recharger est lent, et chaque affrontement devient un risque. Le jeu oblige à réfléchir avant de tirer, à connaître ses priorités, et à s’enfuir quand la situation tourne mal. On retrouve cette tension typique du survival-horror, où la peur vient moins des monstres que de la vulnérabilité du joueur. L’inventaire limité accentue cette impression : il faut constamment choisir entre munitions, objets de soin ou outils de résolution d’énigmes.
Schéma classique, mais efficace
La progression est découpée de manière classique, alternant exploration, énigmes, et combats ponctuels. L’équilibre est bien géré, même si certaines zones peuvent frustrer par leur manque d’indications ou la répétitivité de certaines mécaniques. Le rythme est lent, mais maîtrisé. Là encore, tout dépend du regard que l’on porte sur le genre : pour les puristes, c’est un retour en grâce ; pour les joueurs habitués à l’action moderne, c’est un retour en arrière.
La bande-son renforce efficacement la tension. Peu de musique, beaucoup de sons d’ambiance : craquements, respirations, échos, gémissements. Le travail sonore est précis et contribue énormément à l’immersion. Chaque bruit derrière une porte suffit à faire hésiter avant d’avancer. Le doublage est minimaliste, mais fonctionnel ; tout dans Tormented Souls 2 cherche à maintenir cette immersion étouffante.
On en a pour notre argent
Sur le plan du contenu, le jeu reste relativement compact. Comptez une dizaine d’heures pour en voir le bout, un peu plus si vous prenez le temps de tout explorer. Il n’y a pas de mode multi, pas de rejouabilité poussée, mais une vraie cohérence dans le cadre d’une expérience solo fermée, intense, et bien rythmée. À un tarif maitrisé (29,99 en demat’, 34,99 en boite), le rapport contenu-prix est plus que raisonnable, surtout pour les amateurs du genre.
Ce deuxième épisode réussit finalement ce qu’il entreprend : faire revivre une forme de jeu disparue. Il ne trahit pas son héritage, ne cherche pas à plaire à tout le monde, et assume son classicisme jusqu’au bout. C’est un titre de niche, fait pour un public précis, qui saura apprécier son exigence et sa rigueur. Les autres passeront sans doute leur chemin, mais ce n’est pas un problème : Tormented Souls 2 ne cherche pas la séduction, il cherche la cohérence. Fidèle, exigeant et soigné, Tormented Souls 2 s’adresse aux nostalgiques du vrai survival-horror, celui qui met la pression sans artifices. Rigidité et lenteur font partie du contrat, mais l’ambiance et la tension compensent largement.