Test / TMC

« Ancestors : The Humankind Odyssey » : un vent de fraicheur en plein été ?


Initiateur de la licence Assassin’s Creed, Patrice Desilets fonda Panache Digital Games en 2014 afin de se consacrer à ses nouveaux travaux.

Ancestors : The Humankind Odyssey fut annoncé il y a de cela environ 4 ans. Un projet ambitieux sur un thème très peu présent dans notre média favori :
les hominidés, à l’époque ancienne en Afrique.

Véritable ovni entouré de mystère, le titre s’est dévoilé doucement mais surement, et a débarqué sur PC il y a de cela quelques jours.
Après quelques dizaines d’heure de jeu, il est temps de vous donner mon avis sur ce titre.



Condition de test :
code Epic Game Store éditeur.
I5-8600k 5ghz / RTX 2080 OC / 16go de ram / sortie vidéo 1440p.

Captures éditeur

Lors de ses différentes premières présentations, j’ai eu du mal à cerner le titre, et l’expérience qui allait nous être proposée. Plus le temps passait, et moins j’avais de certitude. Voici avec quel état d’esprit nous arrivons dans le jeu : que vais-je faire ? que dois-je faire ? Dès les premières secondes, une fois le titre lancé, l’écran affiche un message « vous n’aurez que très peu d’aide, bonne chance ». Le ton est donc donné.

Ancestors nous place dans la peau d’un primate, il y a 10M d’années, sans nous donner la moindre indication, le moindre but à suivre : point de minimap, d’objectif indiqué, ou d’inventaire. Joueur consommant les jeux en mode fast-food, à rusher la cinématique de fin en chaine, vous risquez d’être dépayser mais attention, cela vaut clairement le détour.


Il existe différents modes de difficulté, allant du jeu indiquant tout de même quelques icônes, et tooltip pour ne pas non plus balancer le joueur dans une obscurité totale et brutale (mais ne vous attendez pas à rouler sur le titre même dans ce mode) avec une tribu de quelques membres déjà créée, à un mode extrême : 0 indication du tout, aucune icône du tout, tribu inexistante etc. A vous donc de partir du zéro absolu.
A noter que chaque partie disposera de la même map (pas de procédurale ici), mais qu’il sera possible personnaliser quelques peu sa partie.

Il sera donc ici question de découvrir à tâtons, au fur et à mesure les possibilités du jeu en passant par la case exploration et découverte, le tout en utilisant à bon escient les quelques actions disponibles dès le début du jeu : votre intelligence, de votre ouïe et odorat. Le « réalisme » est ici clairement mis en avant : il vous faudra manger, boire et dormir sous peine de voir votre primate y rester, tout comme la gestion du froid par exemple.

La liberté laissée au joueur pour vous lancer dans l’aventure est immense. Lâché dans une jungle luxuriante, nos premiers pas sont hésitants, à analyser tout ce qui peut être ramassé, pour découvrir les premiers aliments, les points d’eau, etc. Observer l’environnement, c’est la clé.


Les premières heures de jeu sont douloureuses, et punitives assez facilement, mais le tout se met en place doucement mais surement. On commence à y voir plus clair et on tombe dans une spirale où le temps défile sans que nous nous en rendons compte.

Il y aura forcément des moments où vous allez vous dire « mais que dois-je faire à présent ? ». Beaucoup seront tentés (cette génération de gamer à tout vouloir tout de suite…) d’aller faire un tour sur un tuto Youtube, ou autre, mais cela serait clairement se gâcher le plaisir, et le fondement du jeu : la découverte et l’évolution de notre primate, l’évolution de sa lignée et de son clan !

Il sera possible de passer d’un membre de notre clan à l’autre assez rapidement et facilement. Principalement composés d’adulte au début, il vous faudra penser au renouvellement et pérennité de votre population via la procréation. Pour cela il faudra créer des liens entre mâles et femelles avoir de pouvoir lancer la machine. Les anciens, quant à eux, présenteront souvent des malus niveau endurance, vie mais en contrepartie, ils auront moins peur, etc.

En dehors de faire renouveler la population, les bébés jouent un rôle important niveau jeu, car ils sont la base de toute évolution. En effet, pour accumuler de l’expérience (énergie neuronale), votre hominidé devra toujours être à portée d’un bébé pendant son périple. Il vous ai possible d’en porter jusqu’à deux pendantvos expéditions en territoire extérieure à votre repère. Cette énergie se gagnera en réalisant les actions de tous les jours, en découvrant des choses, ou en réalisant des prouesses.


De retour à votre paillasse, vous pourrez alors dépenser cette énergie pour étendre votre réseau neuronal, qu’on pourrait apparenter à un sphèrier dans FF par exemple : motricité, intelligence, sens, communication. Il vous faudra développer et améliorer chacune de ces directions. La seule condition pour débloquer un neurone est d’en connaitre un adjacent.

Nos bébés permettront, à chaque nouvelle génération, de sauvegarder certaines neurones débloqués (un neurone par bébé). A chaque changement de génération (on peut lancer un bon de 15 ans en avant dans le jeu), l’expérience repart à zéro et on est reparti pour un tour. Sur le papier, cela peut sembler répétitif, mais en jeu au final non, tant nous sommes pris dans l’expérience. Notre clan peut également être agrandit en « recrutant » de nouveaux membres croisés en pleine nature qui auront souvent faim ou soif, voir qui seront blessés. Dès lors que vous aurez compris leur besoin et que vous les aurez aidés et reconduits au camp, votre clan gagnera un membre.


Faire évoluer son clan, c’est bien, mais l’espèce ? Et oui, il faut s’occuper de cela aussi. Il vous faudra trouver en jeu (et elles sont bien cachées) les prouesses d’évolution, ce qui permettra ici de faire un bon non pas d’une 15aine d’années mais que de quelques milliers ! Ces bonds vous permettront de découvrir de nouvelles espèces d’hominidés, ayant des facultés et aptitudes permettant de mieux vous préparer à affronter l’environnement hostile.

Car oui, hormis la faim, la soif et la fatigue, vous aurez à combattre (ou plutôt « survivre à » au début de jeu) de nombreuses menaces externes : mamba et autre serpents géants, et tout autre carnivores et carnassiers ne demandant qu’à vous dévorer ! En plus de cela, une chute peut mener à une blessure devenant fatale, et ainsi de suite. A noter que les blessures, hémorragies, fractures etc ont un remède en jeu, à nous, joueur, de les trouver ! Vous comprenez donc pourquoi on parle souvent de jeu de Survie quand on évoque Ancestors.


On s’aperçoit rapidement qu’il faut jouer plusieurs tableaux : survivre en mangeant / buvant / dormant, faire nos activités en journée ou nuit, survivre aux menaces externes, tout en faisant évoluer notre clan via la reproduction, les avancées générationnelles etc.

Pour notre survie sur le long terme, il y a un moment où cette jolie petite et dangereuse jungle nous conviendra plus, il faudra donc partir migrer pour trouver notre nouveau camp et cela passera par la découverte de nouveaux territoires (différents biomes existent, je vous laisse découvrir), inconnus et donc en territoire potentiellement très hostile, ce qui aura pour effet un effet sur votre dopamine. Cette ressource va baisser dès lors que notre hominidé est dans l’inconnue : la peur demeure et les hallucinations commencent. Si la dopamine atteint le zéro, notre avatar va entrer en frénésie et perdre le contrôle. Bien entendu, il sera possible via évolution d’améliorer cette gestion.

Nous parlions au début de ce test de la gestion de la nourriture et la soif. Il faudra utiliser ici nos sens régulièrement pour trouver de quoi vivre mais attention : les éléments peuvent appliquer des bonus mais aussi des malus !


La difficulté est assez corsée au début d’aventure, mais une fois pleinement dans le jeu et en comprenant les petites subtilités, on voit qu’il suffit d’agir sereinement, en réfléchissant bien à nos actions et en utilisant nos sens en jeu. Le gameover n’interviendra qu’en cas de clan totalement mort.

Parlons à présent technique : sans être une vitrine technologique, le jeu s’en sort plutôt bien. La fluidité est au top, le jeu comporte peu de bugs (quelques collisions de cam) mais globalement l’expérience est bonne. Bien sûr, quelques textures sont par contre des fois en dessous des standards actuels mais rappelons que le jeu n’est pas un AAA à budget blockbuster. Les joueurs mettant le graphisme avant le gameplay ne vont pas kiffer mais en même temps, on n’en dira pas plus.

La partie son est quant à elle aux petits oignons, toute en sachant être discrète. L’ambiance est au top, pour peu on s’y croirait ! Entre les bruitages, les musiques à base de percu, le travail effectué de ce côté là est réellement bon.

Pour la maniabilité, le jeu est clairement taillé et conçu pour être joué à la manette (c’est même indiqué au chargement). J’avoue ne pas avoir cherché plus loin et ai donc tout fait sur une manette Xbox One. C’est assez intuitif et rapide à prendre en main.



Mon avis :
une expérience à essayer, au moins une fois, quelque soit le profil de joueur.

Malgré la difficulté du titre surtout dans les premières heures de jeu, j’ai adoré me balader dans cet univers à faire grandir mon primate et son clan. Après quarante et quelques heures, je n’ai pas encore vu la fin du titre ayant pris mon temps à explorer, et découvrir ce qui entourait mon hominidé.
La liberté laissé au joueur est excellente, le manque de dirigisme, le level design, cette envie de découverte, la variété des biomes découverts, et surtout ce gameplay gratifiant ont été autant de points forts qui ont donné au jeu un réel intérêt.
Cela demandera surement un peu de persévérance au début, mais cela vaut clairement la chandelle. Il pourra se montrer un brin répétitif selon le profil de joueur qui tient la manette, mais c’est tellement dépaysant et intéressant qu’au final, cela se passe bien.

Bien entendu les « graphisme avant tout », réfractaire à l’Epic Game Store autre rusher n’y prêteront peut-être pas attention mais c’est tant pis pour eux car il rate clairement un jeu qui mérite qu’on s’y intéresse.

On lit souvent que le monde du jeux vidéos manque de nouvelle IP, que les joueurs en ont marre de voir les mêmes jeux en boucle, que les joueurs veulent quelque chose de frais de neuf, de nouveau.
Panache vous a entendu, en proposant un jeu aussi dépaysant qu’original avec Ancestors, alors pourquoi ne pas lui laisser sa chance ?