Test Poison Control : il faut purger pour accéder au paradis

Poison Control est disponible dans l’hexagone depuis quelques jours, après être sortie au Japon l’an passé. 
Mélangeant action-shooter, visual novel et puzzle avec une couche RPG, le titre de Nippon Ichi Software m’a intrigué lors de sa campagne de communication. 
Après avoir terminé le Poison Control, nous vous proposons de découvrir son test PS4 dès à présent
.

Nous nous réveillons dans le Maiden Hell, un enfer d’illusion, remplie des émotions et désirs de personnes qui y sont tombées. Amnésiques et ne sachant pas ce qui nous est arrivé, nous sommes attaqués par un monstre inconnu. Celui-ci se transforme en une succube qui prend le nom de Poisonette. Lorsqu’elle est matérialisée, notre corps n’est plus qu’os ! Nous voulons comprendre comment et surtout pourquoi nous avons atterri ici et retourner dans le monde réel. Poisonette souhaite, quant à elle, posséder entièrement notre chaire et accéder au Paradis. Nous allons devoir partager notre corps durant ce trip, afin de purifier les Hell’s Belle qui sont les enfers de chaque âme perdue et coincée ici.

La narration alterne dialogue en bulle, et texte façon visual novel en plan fixe. Il est dommage que la mise en scène n’ait pas eu le droit à un peu plus de travail. Heureusement, le double, et notamment le duo de radio, apporte un de peps à la formule. Les thèmes abordés sont assez matures tout en étant très parlants dans la société japonaise. Les non-anglophones qui veulent s’intéresser à l’histoire pourront galérer ici. En effet, le jeu est intégralement en anglais, sans proposer le moindre ST FR. Avec un langage plutôt soutenu (en tout cas, pas basique), cela complexifie un peu la donne surtout vu la quantité de dialogue présente.

Hydrid theory.

Le point fort de Poison Control se situe dans son gameplay hybride. Le but de chaque mission est de purifier le Hell’s Belle. Pour cela, il faudra anéantir de nombreux ennemis, les Kleshas, et purifier les zones du poison qui s’y trouve. 

Pour la partie shooter, votre bras droit se transforme en arme grâce à Poisonette. D’une pression maintenue sur L2, notre héro passe en mode visée et à l’action via la touche R2. Attention, chaque arme répond différemment, et vos munitions sont bien loin d’être infinies. L’esquive est importante et permet de se sauver de quelques situations cocasses.

En face, il faut nettoyer le poison au sol. Pour cela, le joueur passe en mode purge en maintenant L1. Poisonette reprend le contrôle de notre corps et laisse notre squelette au sol. Pendant quelques secondes, nous pouvons déplacer la succube pour marcher sur le poison et l’absorber. Cette action permet de récupérer de l’énergie vitale indirectement, munitions tout en rechargeant une capacité spéciale déclenchée par une pression sur triangle. Bien sûr, le temps passé en mode purge n’est pas infini (quelques secondes d’affilée maximum), Poisonette court de plus en plus lentement et surtout elle peut prendre des dégâts !

Cherche purgeur par alternance.

Le joueur doit jongler entre ces aspects pour avancer en donjon et réussir ses missions. Le shoot est indispensable, tout comme la purge du poison. Pour venir à bout des adversaires, le tir n’est pas la seule arme. Absorber du poison sous ses pieds peut lui occasionner des dégâts. Les premières missions peuvent se montrer un peu archaïques, pour switcher efficacement de mode, mais plus nous avançons et plus nous prenons le gameplay en main.

Nous découvrons que faire une boucle complète sur une zone y absorbe tout le poison qui s’y trouve par exemple. Il n’est pas nécessaire de passer sur chaque pixel en contenant. Plus la zone traitée est grande, et plus les dégâts que l’ennemi va subir seront importants. D’ailleurs, chaque adversaire possède des points faibles à utiliser pour maximiser les damages. Un étourdissement se produit à certains paliers, permettant une mise à mort plus aisée rapide également. La formule fonctionne bien, et nous apprécions ce gameplay hybride.

RPG ?

La couche RPG pure est très limitée, se contentant de la prise de niveau et de notre équipement. De nombreux loots seront trouvés au sol : expérience, argent, armes ! Nous pouvons customiser notre « loadout » entre chaque run, afin d’optimiser notre héros. Via le pécule récupéré en cours de mission, nous pouvons d’ailleurs améliorer notre équipement proposant des bonus de stats ou passifs à certains paliers.

Lors de dialogues en tête à tête avec Poisonette, nous influençons directement nos 5 stats : empathie, synergie, perspicacité, toxicité et confiance. En effet, nous avons le choix entre trois réponses ayant chacune un impact immédiat sur une stat. Au fur et à mesure de nos actions, chacune d’elle peut gagner des niveaux. Ce qui offre des bonus divers en jeu. Le système est intéressant sur le papier, mais encore une fois la barrière de la langue peut coincer ici et surtout l’impact de ces réponses semble peu décisif.

Un monde à part.

S’il y a un point qui peut diviser, c’est la DA de Poison Control. Chaque mission présentée nous propose un monde dans une teinte unique : tout en rose, en bleu, ou orange, etc. Les décors sont assez vides, et fades. La partie level design est assez générique, et peu de niveaux sur la 30aine que Poison Control nous propose ne se démarquent réellement. Le tout manque clairement de « vie » et de diversité. Le bestiaire connaît un peu le même souci. Une certaine répétitivité s’installe assez rapidement. 

Quant à la technique, Poison Control se paye le luxe d’afficher quelques ralentissements bien visibles, voir micro freezes, même en jouant sur PS5. La bande-son est de qualité, et se marie bien à ce qui est visible à l’écran. Les doublages comme déjà évoqués font le boulot et ajoutent un peu de tonus à la formule.

La difficulté globale du jeu couplée à une IA quelque peu faiblarde donne une expérience loin d’être difficile. Il y avait moyen de faire quelque chose vraiment bon avec ce gameplay solide.

Le jeu ne propose aucune sauvegarde automatique, nécessitant de le faire manuellement entre chaque mission. Toute mort induit de recommencer le niveau de zéro. Cela peut être rageant, même sur un titre pas si difficile, quand c’est causé par un loupé sur les hitbox, un personnage coincé par un ennemi contre un mur ou autre petit couac du genre.

Une formule alléchante, mais qui ne concrétise pas ses idées.

Poison Control m’intriguait beaucoup, et je ressors de son test avec un sentiment mitigé.
Le gameplay est assurément le point fort du titre de Nippon Ichi Software. 
Deux héros en un, deux gameplays à alterner, c’est fun et rapide à prendre en main. 
Mais la relative facilitée du jeu, et l’IA ne présente pas d’agressivité, ne poussent pas à fond le système mis en place.

La DA divisera sûrement, tout comme le level design manquant d’inspiration. 
La formule se montre assez répétitive sur la dizaine d’heures qu’il m’a fallu pour traverser la 30aine de niveaux que propose Poison Control.

La mise en scène et la partie visual novel auraient gagné à être peaufinée pour leur apporter un peu plus de vie. Le doublage de son côté est bon et amène ce qu’il manque sur la facette visuelle pour insuffler cette petite énergie.
Mais c’est sans compter sur de l’absence de traduction FR qui peut être pénalisante pour un jeu contenant de nombreux dialogues. 

Pris seul à seul, pas mal d’idées transcrites dans Poison Control sont bonnes ou à minima intéressantes mais d’autres contre balancent l’équation dans la foulée. C‘est dommage, car ce que le studio essaie de raconter et le choix des thématiques sont bons.
Non pas que le jeu soit mauvais, mais l’assemblage peine à convaincre pleinement, n’allant pas au bout de ces idées.
Cela reste tout de même plaisant à jouer, à petite dose.