Dungeons III : le passage sur Switch au crible

Après deux épisodes à l’équilibrage douteux et au rythme irrégulier, le studio allemand Realmforge nous propose son troisième opus de sa série Dungeons, qui débarque aujourd’hui sur Swithc. Comme sur les précédents, exit les gentils qui doivent sauver le monde de la menace diabolique du mal, vous prenez le contrôle du Mal absolu avec un seul et unique but : plonger le monde dans les ténèbres ! Mélange de RTS et de jeu de gestion, le tout accompagné d’un humour low cost, mais tout de même drôle, Dungeons 3 corrige le défaut des précédents opus ?

Notre rencontre avec Dungeons 3 commence par un rencard avec le Mal absolu qu’on contrôle au début du jeu. Après plusieurs échecs, on débarque sur un nouveau continent à la recherche de Thalya, une elfe noire, afin de prendre possession de son esprit en vue de l’entraîner du côté obscur. Celle-ci deviendra ainsi le leader de notre future force de frappe du Mal… À condition qu’elle ne cède pas aux multiples voix dans sa tête (le bien contre le mal) ou après quelques échanges avec le narrateur ! Ce dernier est de retour avec son humour décalé, ses références et parodies à foison. Si vous êtes fan de l’univers Blizzard, vous vous y retrouverez quand vous entendrez parler de Twistram, Soufflevent, Dolaran ou encore la mage Yaina. 

Vous noterez aussi les références au Seigneur des Anneaux ou à Games of Throne. Cela vous fera forcément sourire, mais, selon votre degré de tolérance à l’humour lourd à profusion, vous risquez de décrocher à un moment donné. Le narrateur fait surtout preuve d’une grosse part d’autodérision en envoyant des tacles à Dungeons 1 et 2 pour contrer l’effet « c’était mieux avant ». À prendre à la rigolade bien entendu. D’un point de vue visuel, le rendu cartoon, bien que générique, reste agréable et sympathique. Le monde pourrait rappeler à juste titre dans des proportions honnêtes les Warcraft ou autre WoW. La bande-son, intégralement disponible en français, est de bonne facture. Maintenant que nous avons évoqué la forme, attaquons le fond. 

Le côté obscur de la force

Le gameplay se compose de deux parties distinctes dont les mécaniques évoluent tout au long des vingt missions : la partie gestion avec l’aménagement du donjon souterrain et la partie RTS, en surface, où il faut anéantir toute parcelle du Bien. Cette partie se montre assez classique dans le genre. Il faut sélectionner les unités voulues et leur donner les ordres de déplacements, attaques, sorts à exécuter pour remplir les objectifs donnés par le jeu. Concernant la partie gestion, il faut aménager le donjon et protéger le cœur du Mal à tout prix. On possède une armée de péons (main-d’œuvre pas chère et efficace) à laquelle on ordonne de creuser des salles, miner de l’or, construire des poulaillers pour nourrir l’armée, des dortoirs pour que celle-ci puisse se reposer, des salles de stockage pour votre or, des salles de garde, pièges et autres portes. Cela parait anecdotique comme cela, mais il faut veiller à avoir un minimum de cohérence dans notre architecture. Par exemple, il est intéressant de construire les espaces de stockage de l’or assez proches des filons afin d’optimiser le déplacement des troupes, évitant ainsi qu’elles s’éparpillent ailleurs ou qu’elles en viennent à faire grève. Pour ordonner aux péons de creuser, il suffit de cliquer sur la case voulue et un des ouvriers ira faire le boulot. 

Qu'apporte l'édition complète ? En plus du jeu de base, des cartes additionnels pour l'escarmouche, ou encore tous les DLC disponibles à ce jour : Once Upon A Time + Evil of the Caribbean + Lord of the Kings + Clash of Gods + An Unexpected DLC + Famous Last Words. La durée de vie en prend alors un gros claque, amenant quelques dizaines d'heures à la 20aine qu'offre le jeu de base.

Précisons tout de même pour les débutants que le titre n’explique rien. Un ou deux didacticiels n’auraient pas été du luxe pour expliquer certaines facettes plus en profondeur (jouabilité, contrôles, raccourcis), d’autant que l’ensemble diffère entre le mode Gestion et la partie RTS. Le côté souterrain manque au passage d’un peu de diversité car, hormis quelques salles cachées à découvrir ci et là, nos parties se ressemblent assez vite les unes avec les autres. Non pas que construire son donjon et le piéger de fond en comble ne procure pas de fun, loin de là (il est toujours plaisant de voir les pauvres héros crever comme des noobs dans nos pièges), mais une impression de redondance dans les actions se fait vite sentir, et ce malgré les attaques-surprises du donjon souterrain. Tout ceci est lié au rythme des parties, après le fameux temps de chargement, avec notre donjon qui repart de zéro, entraînant un « farming » des ressources. C’est bien ça la mauvaise nouvelle, il faut à chaque mission recommencer à zéro le donjon, et ce que ce soit pour sa structure, les recherches apprises, les ressources, etc.

Same player

Bien que chaque mission apporte son petit lot de nouveautés, comme noté plus haut, on se retrouve toujours à composer avec le même schéma pour lancer l’armée, limitée à maximum vingt combattants d’une mission à l’autre. Concernant la partie STR, nous sommes sur du classique, sans trop se mouiller, mais efficace. On dispose de combattants au corps à corps, de casters (combattants à distance) et autres soigneurs. Au niveau du gameplay, les attaques des unités s’enclenchent d’elles-mêmes automatiquement, on n’a donc aucune micro-gestion à faire. Il suffit simplement de déplacer les unités et de leur ordonner d’attaquer, en prenant le temps de choisir les ennemis faibles en face en priorité (comme les soigneurs ou casters). Ensuite, le jeu fait le boulot, on n’a qu’à contempler.

À la lecture du test, on pourrait penser que l’avis est mitigé, mais en réalité j’ai sincèrement apprécié découvrir et balayer le contenu de Dungeons III. L’alternance continue entre les deux modes permet une accroche efficace et de gommer la récurrence du monde souterrain, qui reste tout de même intéressant à jouer. Cette partie gestion apporte un sentiment étrange de satisfaction et de frustration à la fois : il est amusant de mettre en place tout un Trafalgar et y voir l’ennemi périr… En même temps, il est grisant de rejouer la même partition au lancement de chaque mission. Le fun l’aura emporté pour ma part, mais cela ne sera pas le cas de tout de monde. 

Il est réellement plaisant de voir ces jolis décors verdoyants, joyeux devenir obscurs, cramoisis, baignant dans le Mal absolu. Les références à foison et l’autodérision ajoutent une petite dose de fou rire à un titre qui propose un monde déjà bien barré. Le titre est sympathique, plaisant. La détente est de mise tout en imposant le Mal au monde de Dungeons 3, et ce malgré un rythme haché. Le soft n’offre pas en revanche une véritable rejouabilité, il risque donc de prendre la poussière une fois finie. Vu le prix, le rapport « fun/heure/prix » est intéressant, sachant que le titre se compose d’une vingtaine de missions (plus ou moins une heure par mission), avec une difficulté peu élevée. À noter la possibilité de jouer la campagne en coop en ligne, où vous gérez à deux le même donjon.

Quid de la version Switch? N'y allons pas par quatre chemin : elle est un petit cran en dessous des versions Playstation 4 / Xbox One aussi bien en terme de preset, d'anti-aliasing ou de finesse mais c'est loin d'être dramatique. Je n'ai pas rencontré de problème de framerate plus violent que cela ou impactant l'expérience (très léger et surtout très peu d'occurence). 

Si on passe outre une certaine redondance en mode souterrain et un scénario bateau, il faut bien avouer que ce Dungeons 3 a quelques aspects séduisants. La durée de vie est bonne, la prise en main côté RTS est simple, bref on arrive à se plonger rapidement dans l’aventure et à en profiter. On en ressort avec une bonne impression même si plusieurs petits défauts s’accumulent ci et là. La version Switch perd en qualité graphique face aux versions PS4/One sans que cela soit dramatique. Le contenu additionnel amené par cette édition Complete explose la durée de vie!