Saints Row : du fun et de l’action au RDV, mais non sans défaut

Désirant repartir sur de nouvelles bases, moins dans le WTF des derniers épisodes tout en gardant son côté décalé, on attendait avec impatience de découvrir manette en main le reboot de Saints Row. Le titre a un peu le cul entre deux chaises avec un fond loin d’être mauvais (gameplay fun, action sans prise de tête, richesse dans le contenu), mais la forme peut laisser à désirer Ave des bugs parfois gênant ou une technique irrégulière. Je m’y suis amusé le fun mais je suis sur qu’on aurait pu avoir une oeuvre d’un palier tout de même supérieur.

On incarne notre propre avatar (créé via un outil de customisation très complet) qui débute son aventure chez Marshall, une milice privée proposant ses services en matière de sécurité. Après un premier jour explosif permettant de mettre la main sur un criminel des plus recherché, la seconde se passe à l’inverse très mal et finit par notre renvoi express ! En collocation avec trois amis, petites frappes liées à des gangs locaux, on est dans la dèche et surtout on en a marre de dépendre des autres. Quoi de mieux que de créer notre propre organisation criminelle ? Saints Row nous positionne en pleine période de création des Saints, cette bande de potes qui vont monter le plus gros cartel de la région. Bien sûr, les débuts sont difficiles et surtout la concurrence est rude. À de nombreux moments, les deux orgas du coin (les Idoles et les Panteros) n’entendent pas lâcher du lest et vont tenter d’éradiquer le projet dans l’œuf. 

Dominer la street!

La trame principale se compose en deux gros chapitres, l’avant et l’après. Avant, on suit nos quatre potes dans leur déboires. Après, on les suit dans leur quête de dominer Santo Lleso, en étalant leur empire au-delà de toute limite. Mais même une fois la suite de quête centrale terminée, Saints Row est loin d’avoir dit son dernier mot donnant au joueur de si nombreuses raisons de peaufiner son entreprise et de jouer encore et encore. Les quelques dizaines de missions servant de fil conducteur se succèdent à vitesse grand V donnant même parfois l’impression qu’on a fini le jeu si rapidement (alors, qu’en se limitant au minimum vital, j’ai dû mettre environ la bonne grosse 15aine d’heures). 

Saints Row propose de nombreuses quêtes annexes notamment celles liées à nos coéquipiers ce qui permet de développer nos liens avec eux et d’améliorer leur stats et performances. Sans compter sur les missions type tueurs à gages ou encore les moult activités qui pop sur la carte au gré de nos ballades : fouiller des poubelles pour espérer trouver des trésors, nettoyer un quartier de la concurrence, ou même photographier des lieux connus. Pendant la trame principale, on débloque la feature d’expansion de l’empire qui demande de mettre en place jusque 14 structures sur la carte, débloquant encore une fois de nombreuses nouvelles activités promettant du fun, de la variété et le tout en quantité. On décide de mettre en standby la progression afin de cleaner des quartiers entiers du contenu additionnel ? Let’s go!

En parlant de générosité, la custom du personnage, des véhicules (eux aussi nombreux) ou encore tout l’armement sont assurément un des points forts du titre. Saints Row ouvre les vannes et en donne du contenu dans tous les sens. Le résultat ? Une durée de vie plus que doubler quand on veut s’adonner à l’ensemble de ce que le titre nous offre ! Toujours pas assez ? Des dizaines et des dizaines de défis se dévoilent en jeu et récompensant encore et toujours les joueurs qui vont les atteindre.

On parle de la dizaine de stations audios créées pour le titre avec des thèmes et tracklistes titanesques pour chacune d’elle ? Musique latino, hip-hop US, rétro new wave, métal, etc. Il y en a encore pour tous les gouts ! J’ai trouvé cette facette du jeu extra. Oui, d’autres jeux proposent une option similaire, mais ici, elle déboite donc je le précise haha. Et pour finir, on mentionnera la personnalisation de notre QG avec d’innombrables options et items à débloquer en les photographiant sur la carte. Assez original, pourtant simple, mais efficace. Vous en voulez pour votre argent ? Saints Row répond présent. On se retrouve dans un open world un chouia sandbox qui laisse libre court au joueur de faire ce qu’il veut. Mais forcément, Open World oblige, on ressent une petite lassitude si on enchaîne les heures de jeux d’une traite, ou sur le moyen / long terme.

Quand on chasse le naturel

L’ambiance du reboot de Saints Row se veut bien plus terre à terre que les derniers épisodes. Plus d’alien ou sujet du genre, on reste sur un univers qui semble bien plus réel sans pour autant abandonner le côté déjanté et barré habituel (suffit de voir la suite de quêtes JdR, celle où on tracte un WC de chantier plein pour démolir un camp et j’en passe). Le ton décalé reste bien présent et pas qu’un peu , laissant toujours planer un soupçon d’humour dans chaque situation. Exit les super pouvoirs avec en lieu et place des compétences à débloquer toujours barrées comme un punch de feu, ou coller une grenade dans le caleçon de l’ennemi avant de le jeter sur ses potes. J’apprécie le retour aux « bases » sans abandonner ce qui faisait également la force des derniers épisodes.

Saints-tech

La direction artistique est cool nous plaçant dans une région pouvant rappeler Las Vegas et le désert environnant du Nevada. Il s’agit de la carte la plus grande jamais créée pour la licence. Santo Lleso n’est pas représentée en une seule mégalopole, mais plus en plusieurs quartiers séparés par quelques étendues vastes, désertiques. C’est assez vivant que cela soit côté piétons (et leurs activités), les autres véhicules, les interactions entre les gangs, ou même la météo et autres évents aléatoires (même si à certains endroits, la vie est totalement absente). Dommage que la technique soit mi-figues mi-raisin et c’est bien ici le vrai gros point noir de Saints Row.

J’ai rencontré plusieurs crashs et/ou retours dashboard sur Xbox Series X, ainsi que des problèmes de collisions (les roues du véhicule dans le décor par exemple), avec les animations des finishers où mon personnage tape dans le vide l’ennemi à 2 m de là, une emote pour déclencher un évent qui n’apparait pas, etc. Visuellement parlant le jeu peut aligner un décor sincèrement joli avec des effets de lumières/météo (la tempête de sable) réussis, mais à côté le popping des plus visibles ou encore le floutage de l’arrière-plan pour ne citer qu’eux gâchent un peu la fête. Certes, ce n’arrive pas toute les 5 min, mais ce manque de polish peut rendre l’expérience très frustrante (majorité du jeu fait en preset 1440 p fluidité – il en existe 4 autres : 1080 p raytracing ou fluidité/1440 graphisme et 4K graphisme). Entièrement doublé en anglais, la qualité des sous-titres Fr m’a semblé dans les clous et cohérentes.

Bastooooon

On retrouve un gameplay axé arcade qui génère du fun direct et sans concession. La partie shooter se prend en main en 2-2 avec un auto-aim s’activant rapidement à la visée afin de cibler l’ennemi proche instantanément, ne demandant plus qu’à ajuster la verticalité le headshot. Les différentes armes, classiques pour la plupart avec quelques petites surprises, permettent de répondre à différentes situations. Dommage de ne pas retrouver un système de couverture, pourtant habituel dans les TPS ou même une glissade (ce que font nos adversaires). 

Shooter ou frapper au corps à corps permet d’accumuler assez de ressource pour enchainer les capacités spéciales évoquées plus haut, en attendant que notre finisher soit rechargé permettant d’annihiler quasi systématiquement en one shot un ennemi. J’ai beaucoup apprécié ces fatalities qui sont d’ailleurs très nombreuses, variées et toujours exquises à contempler via les cutscènes. La partie shoot ajoute un tir rapide, via Y, permettant de faire exploser illico une bonbonne de gaz, ou de faire sauter un véhicule et j’en passe. On assimile tout cela en 3 secondes, et on enchaine les bastons, mais assez vite on décèle que le bestiaire manque de punch et propose pas mal de sacs à PV bêtes et méchants. Ce n’est pas non plus rédhibitoire, mais on aurait aimé voir un peu plus de variété de ce côté-là d’autant que certains skins ne sont déjà pas les plus travaillés (coucou les Marshall, heureusement que les Idoles et à moindre mesure les Panteros sauvent le coup).

Truand accroc au volant

La conduite/pilotage de véhicule est encore une fois résolument tournée vers l’arcade. Que cela soit en voiture, moto, monster truck, hélico, etc., on s’acclimate dans la seconde où on a pris les commandes. On drift comme des malades et on se la joue destruction derby grâce à la compétence permettant de donner un violent coup latéral à l’adversaire. Ici aussi, le custom est reine. On veut un pare-buffle sur notre dernière caisse ? Un kit nitro ? Peu importe, on laisse libre cours à nos envies et on additionne les modifications sous sourciller. Là aussi Saints Row nous permet, via des défis, de débloquer une compétence spéciale au véhicule et cela va de la compétence basique, en rien extravagante à celle complètement loufoque. La combinaison de vol par contre elle est assez sympa à jouer, mais si j’ai eu un tantinet de mal lors des premiers essais à me cracher bien comme il faut. Une fois la sensibilité du contrôle prit en main, tout roule (ou tout vol plutôt haha). Efficace et pas chère, difficile de critiquer l’accessibilité de Saints Row tant on n’a aucun mal à maîtriser le gameplay.

Deux gangsters valent mieux qu’un

L’online offre la possibilité de jouer en binôme en totale coopération pour la campagne, aussi bien la partie scénarisée principale que l’annexe permettant alors de profiter de la fonctionnalité où notre personnage se couche sur le toit de la voiture afin d’arroser à tout va (car oui, dans la campagne, c’est nous qui conduisons dans la très grande majorité des cas, même quand le PNJ qui nous accompagne est censée être le pilote de la team). Assez bien mis en place, on apprécie avoir de la coop pour des titres du genre !

Saints Row n’est pas simple à juger même après quelques dizaines d’heures de jeu. Il remplit son rôle premier d’un jeu vidéo : s’amuser. C’est du fun en barre, on rigole, ça explose de partout, c’est riche et généreux en activité avec une custom ultrapoussée. Mais en face, la technique ne rend pas hommage à la production avec quelques soucis/bugs d’optimisation et un sentiment de répétitivité se pointe après quelques heures.
Saints Row est loin d’être mauvais, mais on sent qu’il y avait la place pour une expérience mieux finie.. Cela ne m’a clairement pas empêché de m’amuser, d’avoir passer du bon temps à Santo Lleso mais tout le monde ne sera peut être pas conciliant de la sorte.