Octopath Traveler II : l’excellence a un nom, tout simplement

Depuis plusieurs mois, les joueurs de JRPG en ont pour leur argent avec une myriade de pépites arrivant aussi bien sur console que PC naviguant entre nouvelle licence et réédition, style actuel ou rétro. Square Enix est surement l’un des studios/éditeurs les plus actifs et prolifiques du moment et sa dernière sortie, Octopath Traveler II, nous a occupés de très longues heures pour un plaisir infini.

Son premier opus a chamboulé le marché grâce à un look rétro 2D-HD pixel art couplé à de nombreux effets visuels qui flattent la rétine et un gameplay solide. On abandonnait le système de trame principale regroupant tout un groupe pour découvrir quelque chose de différent, où chacun des héros suit sa propre destinée en croisant par moment l’un ou l’autre autre altère. Octopath Traveler II n’entend pas chambouler sa formule, mais bien d’enfoncer le clou tout en en poussant plus loin chaque curseur.

Cette itération 2023 ne nécessite aucunement d’avoir le premier opus, car il s’agit d’un nouvel univers, de nouveaux personnages. Pas de lien, simplement une recette reprise. Aucune crainte à avoir à passer directement au numéro 2

Le point de départ de notre périple en Solistia est le choix de notre premier avatar parmi les huit qui nous sont proposés. Ce choix implique le fil conducteur de notre aventure, chacun des héros ayant sa propre histoire et motivation rien qu’à lui. Le fait que rien ne nous empêche d’aller rencontrer les autres protagonistes durant notre voyage est un point tout aussi plaisant. C’est une des forces de la licence d’Asano, qui nous laisse une certaine liberté dont on a un aperçu d’entrée de jeu avec un casting solide et éclectique. On fait un choix par préférence en début de voyage, mais on se prend à kiffer d’autres héros et leur background après les avoir rencontrés au point de vouloir découvrir leur histoire.

Chaque trame propose son lot de rebondissements, son ambiance propre, dans une construction bien plus fluide que dans le premier Octopath Traveler. Les chapitres s’enchainent, mais ne se ressemblent pas, les heures défilent et le kiff est là, c’est fort et puissant. Les enjeux se dévoilent, les ficelles apparaissent au fil de l’eau tout comme le passif de chacun de nos protagonistes. La qualité de plume est excellente. On reste parfois sur des thématiques « simples » et plus terre à terre dans le sens aussi où la narration se finit sans avoir dû affronter un gros boss qui tâche. Il arrive que le but soit atteint de façon plus facile ou basique, mais c’est l’une des choses qui fait le charme d’Octopath Traveler II. Personne n’a les mêmes préoccupations, envies et tracas. Chacun est face à sa situation, en local, qui ne concerne qui lui.

On reprochait parfois le manque de liant au sein du casting du premier OT, chose partiellement corrigée ici avec ces fameuses quêtes duo, où les talents de l’un est mis à contribution pour l’autre durant quelques chapitres. Ça ajoute un peu de sens parfois à ces rencontres ou du moins on voit des liens se tisser sans créer de dépendance. Je ne suis pas sûr de mettre les bons mots sur ce que je pense, mais l’idée est clairement de maintenir cette sensation d’autant de destins et chemins que d’intervenants tout en ne se refusant pas d’avancer ensemble une partie du chemin.

L’exploration est toujours un moment fort dans Octopath Traveler II et le cycle jour/nuit amène de la vie au monde qui nous entoure, des rencontres et possibilités variant selon le moment de la journée auquel on se trouve. Lors de la sélection de notre avatar d’ailleurs, on aperçoit cette notion de jour/nuit avec les capacités des uns des autres. Sur le papier cela parait anodin, mais mise en pratique, cette feature amène un réel plus. Ce cycle a un impact sur les ennemis rencontrés, la difficulté des combats et forcément sur les gains qui en découlent plus importants ici. Il est dommage par contre que les affrontements aléatoires reprennent un « défaut » déjà visible sur OT1 (et sur pas mal d’autres jeux). La fréquence peut paraitre des fois trop haute, en enchainant des combats à la pelle alors qu’on désire juste explorer, mais le pire étant quand même à haut niveau, des monstres de très bas LVL cherchant le contact. Quand un titre nous survend la fouille de chaque recoin, par son monde sublime, c’est des fois embêtant. Mais d’un côté, le grinding étant régulièrement nécessaire pour faire évoluer un personnage ayant accumulé du retard côté expérience, cela compense un peu…

Le gameplay d’Octopath Traveler II a eu le droit à quelques coups de polish depuis la sortie précédente et la formule aujourd’hui brille de mille feux. On retrouve un tour par tour classique avec une composante permettant d’enchainer plusieurs actions dans un même tour. On retrouve les forces/faiblesses de chacun, les armes physiques ou la magie, le compteur de garde, etc. La base est reprise d’Octopath Traveler en ajoutant des compétences uniques et spécifiques à chaque personnage activable une fois une jauge dédiée remplie. Sans spoiler, les possibilités de chaque avatar sont très variées et permettent d’aborder différemment chaque nouveau combat selon le héros du moment. En plus de leur archétype primaire, nos héros ont accès à des classes secondaires originales permettant là aussi de préparer des approches différentes. La synergie entre les classes est reine et le plaisir de découvrir ces combinaisons est réel.

Visuellement, Octopath Traveler II émerveille avec ses graphismes 2D-HD sublimés par des effets de lumières ou des sorts de toute beauté. On n’est ni sur du full rétro dans l’ambiance, ni sur du moderne, mais bien un mélange des deux influences qui nous offrent une expérience éclatante. J’ai en tête l’excellent Triangle Strategy qui m’avait fait le même effet l’an dernier (dans mon top 2022 d’ailleurs). Testée sur Playstation 5, la stabilité du titre n’a posé aucun problème. Fluidité et qualité ont répondu présentes. Comme à l’accoutumée, l’OST magistral fait un travail remarquable pour l’ambiance en jeu. Tout est bon, rien n’est à jeter. Yasunori Nishiki délivre une bande-son au top du top. Le doublage japonais apporte un petit plus avec des voix connues pour certaines. À noter qu’Octopath Traveler II est entièrement sous-titré dans notre langue !

Octopath Traveler avait mis la barre assez haute, mais le second opus a repoussé ces limites encore plus loin. Bien sûr, si vous n’avez pas adhéré au premier il y a de fortes chances que cela en soit de même pour celui-ci, mais on tient ici un des JRPG les plus attachants et entrainants de ces derniers mois voire plus. Son gameplay est efficace, son univers riche et généreux et son casting excelle à sa façon. Le voyage proposé nous enchante du début à la fin et son style visuel n’y est surement pas pour rien. Square Enix signe une nouvelle franche réussite avec Octopath Traveler qui s’impose comme une référence du genre.