D’Avekki Studios vise encore une fois juste avec Murderous Muses

D’Avekki nous a habitué aux FMV de qualité avec sa superbe trilogie The Infectious Madness of Doctor Dekker, The Shapeshifting Detective, et Dark Nights with Poe and Munro (on avait d’ailleurs parlé de ce dernier l’an dernier). Aujourd’hui, c’est une production assez différente qui nous est proposée : Murderous Muses. Est-ce une réussite ? En tout cas D’Avekki nous amène dans un nouveau périple auquel on adhère !

Il y a quelque temps, l’artiste-peintre Mordechai Grey a été assassiné alors qu’il travaillait sur une série de portraits pour 6 modèles qui sont tous dans la liste des suspects. Un musée lui consacre une exposition où vont figurer ses peintures, dont ses fameux tableaux. On y incarne un employé dans les jours précédents l’ouverture de l’exposition qui se retrouve bon gré malgré dans cette spirale à la recherche du meurtrier. On tombe dans un univers d’apparence simple mais on découvre quelque chose de plus complet quand on creuse et comme à chaque fois, l’univers et le background proposés accrochent le joueur. D’Avekki maitrise son sujet et le démontre une nouvelle fois.

Il ne faut que quelques secondes pour apercevoir le virage entrepris où on quitte le pur FMV pour une expérience où le joueur est vraiment acteur. On passe d’un titre semi-passif, à simplement faire quelque choix à des moments clés pour déverrouiller la prochaine vidéo à quelque chose où on contrôle réellement notre avatar avec un rendu via moteur graphique traditionnel. Bien entendu, le changement de style change radicalement la donne visuellement parlant où on passe d’une image réaliste de chaque instant, à un rendu quelque peu sommaire in game mais au final, l’incrustation de vidéo ne choque pas. On ne quitte certes pas notre galerie, mais le petit plus est la génération procédurale de celle-ci. L’intérêt ? On peut faire 5 runs, ils seront tous différents (sans compter, comme tout bon FMV, que les séquences vidéos découvertes d’un run à l’autre diffèrent selon nos choix) dont le coupable. Le genre a toujours eu une rejouabilité avérée avec des cheminements différents à parcourir, plusieurs fins possibles et ici cette nouvelle structure enfonce définitivement le clou.

On n’a pas d’indice visuel sur l’action attendue, d’indicateur nous disant où nous rendre, où cliquer, quoi poser et où, etc., mais on sait quand on est dans le bon chemin avec un nouvel interrupteur sur lequel on peut cliquer, une porte à présent ouverte, etc. On réfléchit, on se pose des questions, on tests des choses, mais en gardant à l’esprit qu’on ne peut pas bêtement enchainer les essais, car on est sinon vite limitée via un système de pierre en jeu consommée à chaque raté. On n’est pas pris par la main, mais un peu de logique et réflexion suffisent à résoudre les épreuves qui nous font face.

En plus de cette facette puzzle, on retrouve toujours une touche FMV avec la présence de nombreuses prises de vues in game via les tableaux prenant vie. Chaque nuit on cumule l’intégralité des aspects du gameplay de Murderous Muses afin de débloquer de nouvelles séquences et obtenir de nouvelles informations pour notre enquête à commencer par les alibis, etc. On progresse de jour en jour, les ficelles se dessinent, mais comme dans chaque œuvre D’Avekki, ne prenez pas forcément pour acquis ce que vous voyez, ils sont très forts pour retourner la situation et créer la surprise côté narration. 

Le casting mêlant visages connus (dont la brillante Aislinn De’Ath) et nouveaux venus fait plus que le nécessaire. J’adore d’ailleurs le principe de conserver des acteurs d’une production à l’autre même quand les univers sont/semblent dissociés. Cela me rappelle une série que j’adore, American Horror Story, qui a mis ce principe fortement en avant et d’une bien belle manière ! La mise en scène et ce format nouveau sont une sincère réussite donnant un nouvel angle au FMV en impliquant davantage le joueur et mention spéciale à la qualité visuelle comme à chaque fois avec une image nette et sans bavure, un jeu d’acteur réussi et un doublage là aussi juste (avec ST FR). Chaque avatar bénéficie d’un travail et d’une plume soigné, parfois prévisible dans leur réaction ou façon d’agir, mais au final comme on pourrait l’avoir dans la « vraie » vie.

D’Avekki ne se repose pas sur ses acquis et nous propose une production rafraichissante et originale. On retrouve d’une certaine manière la patte du studio avec cette ambiance particulière et un casting riche et éclectique, saupoudré d’une dose de nouveauté ne serait-ce que sur le format du gameplay et ce changement d’angle d’approche. Plus acteur que spectateur, Murderous Muses nous offre un subtil mélange de puzzles et enquête dans une œuvre globalement réussie. Certes, tout le monde n’adhèrera pas au changement de style et ce que cela implique mais de temps en temps le changement fait du bien.