Test Persona 5 Tactica : le tactical lui va si bien

Du JRPG tour par tour, de l’ARPG avec baston en temps réel et maintenant du tour par tour tactique, on peut dire que Persona 5 nous en aura fait voir de tous les genres, et à chaque fois, ce fut une réussite totale pour Atlus. À quelques jours de sa sortie, je vous partage mon test de Persona 5 Tactica, la dernière aventure de Joker en date après un run complet sur Playstation 5, et quelques sessions sur PC et Xbox Series ! t’s Shoooooow Tiiiiiiime.

L’aventure débute par une courte vidéo où une femme et un homme, tous deux dans l’ombre, discutent de la réussite d’un de leur plan pour faire disparaitre quelqu’un, mais sans donner plus de détails avant de nous envoyer directement au café Leblanc. On y retrouve toute notre troupe, Joker, Morgana et les autres dans leur repère depuis P5. Ils arrivent en fin d’études et échangent sur le fait que chacun retourne bientôt chez lui, impliquant de forcément moins se voir. Un flash TV indique qu’un député a subitement disparu, Toshiro Kasukabe.

Il se passe comme un tremblement de terre dans la foulée, ce phénomène est tout sauf normale, des objets restent en suspens comme si figé dans le temps. Une porte scintillante fait son apparition dans le café. Après un bref moment d’hésitation, Joker et sa bande décident de l’ouvrir et de la franchir. Ils se retrouvent parachutés dans un monde coloré, et étrange. Ce n’est pas un palais, ni même lié à la paranoïa, mais ce n’est pas pour autant que nos héros ne ressentent pas une situation déjà vécue et similaire au métavers rencontré lors de leurs aventures passées portant d’ailleurs leurs tenues de Voleurs. Ils sont immédiatement pris à partie par des créatures ressemblant aux ombres. On apprend que l’on est dans le royaume de Marie, une femme en tenue de mariée régnant en despote et en véritable tyran. Alors que les combats s’enchainent, les Voleurs Fantômes se retrouvent pris sous la vague face à un nombre d’ennemis arrivant sans fin.

Encore des embrouilles !

La situation dégénère lorsque Marie envoute d’un baiser d’amour Skull, Panther ainsi que la plupart des voleurs. Il ne reste que Joker et Morgana qui se retrouvent alors dans une impasse. Au bord de la défaite, ils sont sauvés in extremis par Erina, une jeune femme qui est la leader de l’armée de la résistance face à Marie. On se retrouve embarqué malgré nous dans une lutte entre Erina et Marie dans le but de libérer ce monde du joug de son oppresseur. Qu’est-ce que ce royaume aux allures de palais? Qui est Marie? Quel est le lien avec la disparition dans le monde réel du député? Qui sont les personnages aperçus au début ? Et surtout comment délivrer nos amis, et comment se sauver d’ici ? Tant d’interrogations dont les réponses arrivent au compte goutte au fil de notre avancée.

Le pire dans tout cela, et les habitués de Persona le devinent et me voient venir, il n’est pas question d’un seul royaume, mais bien de plusieurs qui se succèderont jusqu’au denouement. Ce ne serait pas drôle sinon. C’est ici la première similitude avec Persona 5, et c’est loin d’être le seul cas où on retrouve cette patte maison. Durant quelques dizaines d’heures, on suit les Voleurs Fantômes dans une toute nouvelle aventure mêlant originalité et valeurs sures façon P5. La narration est plutôt sympathique, on se laisse prendre au jeu avec cette trame mêlant comme d’habitude sérieux et situations comiques. 

Quoi qu’il en soit, c’est toujours du RPG

Côté gameplay, c’est un changement radical, après le tour par tour traditionnel dans son approche et l’ARPG, on tient ici un tactical RPG qui semble classique de prime abord, mais qui recèle de mécaniques toutes plus séduisantes les unes que les autres. On reste sur un principe de case, de déplacement maxi, portée d’attaque en tout genre, mais avec la particularité de se déplacer librement dans la zone définie par nos stats. On avance, on recule comme bon nous semble, on reste visible ou on casse les lignes en cachant derrière une portée du décor. Le must étant de pouvoir passer d’un personnage à l’autre librement à notre guise. Je déplace Joker, je passe sur Morgana afin de le décaler et libérer le passage, pour que Joker puisse aller plus loin, c’est au tours d’Errina qui attaque en première avant que Morgana en fasse de même, un dernier move de Joker et une tir dans la foulée. Tant qu’un personnage n’a pas attaqué grosso modo, on en reprend le contrôle autant de fois qu’on veut ! On retrouve un système de couverture et donc de dégâts amoindris voir annulés selon le positionnement de l’attaquant et de celui qui se défend. 

Chaque protagoniste tire avec son arme distante, utilise des capacités magiques des Persona avec les PC, mais dispose aussi d’une arme corps à corps qui s’avère très utile. En frappant un ennemi, il va souvent dégager quelques mètres plus loin et retomber au sol (ou sur un de ces collègues et pan, combo, mais attention à ne pas impacter une de nos coéquipiers au passage, le friendly fire est de la partie dans ce cas). S’il reste à terre lors d’une de nos attaques (quelle qu’elle soit), le perso gagne un « one more » équivalent à une attaque additionnelle ! Un adversaire à terre et un One More sont synonymes d’attaque groupée. Un rayon relie nos trois personnages lui donnant une forme triangulaire. Tout adversaire dans la zone subit cet assaut dévastateur.

On comprend très vite que cette composante devient essentielle pour annihiler au plus vite les vagues d’ombres. À cela s’ajoutent des cases qui regen les PV de l’unité qui s’y trouve (on ne laisse donc pas une créature non amicale dessus), des pièges en tout genre comme des tonneaux explosifs. Mais Persona 5 Tactica ne s’arrête pas en ci bon chemin, en jouant sur la verticalité de ses maps. On prend le dessus en attaquant par le haut, et surtout projeter une ennemie d’un étage peut (quand on a le bon positionnement) enclencher un combo, l’allié situé en bas sur le chemin sortant ses armes ! 

Une histoire de bonus

Une unité n’attaque pas un tour ? Elle donne un buff à ses alliés durant quelques tours (selon sa classe : regen PV, PC, booste des dégâts distants ou corps à corps) sans oublier le gain de statut « chargé » modifiant l’une ou l’autre des capacités de nos avatars. Erina, par exemple, met à terre une unité même si elle est sous couverture, en lui tirant dessus. Chaque mission se compose de plusieurs affrontements successifs, avec la possibilité de changer de compos (3 unités actives maxi) entre deux. Si on sélectionne un personnage n’ayant pas combattu juste avant, il bénéficie de quelques avantages additionnels. Cela nous force à changer très régulièrement notre sélection et de toujours penser « qui va être efficace maintenant ? Qui est complémentaire de qui ? » amenant une petite touche de stratégie intéressante. 

On découvre tout un tas de possibilités au fil des heures, rendant le système des plus généreux et riche d’autant que les objectifs ne se résument pas à « tuer tout le monde », bien au contraire (rejoindre avec toute l’équipe, en vie, un point donné, escorter une cible et j’en passe) et le bestiaire se diversifie lui aussi suffisamment pour toujours amener notre angle d’approche à changer, à nous adapter à la situation. En plus de cela, chaque mission propose plusieurs défis (finir en x tours, tuer tous les ennemis facultatifs, ne pas subir de dégâts plus de x fois, etc.) pour nous challenger régulièrement. La difficulté (5 paliers disponibles) m’a paru relativement bien tune et permet à tout profil de joueur de kiffer P5T comme il se doit ! Selon l’option choisie, le joueur peut d’ailleurs (en cas d’unité qui perd la vie) procéder à plus ou moins (ou aucun) de remplacement et ce même en pleine mission !

Comme à la maison

Le café Leblanc nous sert de hub, à l’image du van dans Strikers. Et c’est ici qu’on découvre toute la couche RPG. Pas de leveling par personnage, mais c’est la troupe complète qui prend des niveaux, chacun gagne le même nombre de PE qu’on dépense dans des arbres de talents (3 par voleurs) : on y boost des regen sur assaut de nos PV, des PC chaque tour, de nos capacités de déplacements, de la portée de nos sorts, ou des compétences magiques. C’est aussi par le café qu’on achète des armes distantes, ou qu’on accède à la chambre de velours pour fusionner/équiper nos Persona.

On retrouve ce système maison unique en son genre pour faire progresser notre panel d’invocation. Joker ne peut plus équiper qu’une seule Persona secondaire (qui n’apparait pas en combat d’ailleurs, ce sont juste ses compétences qu’on acquiert), mais pour contrebalancer cela, l’intégralité des Voleurs Fantomes en font de même ! On fusionne deux persona pour en obtenir une nouvelle, mais par la suite, les options s’améliorent et des invocations super puissantes voient le jour en sacrifiant non pas 2 mais 3 bestioles bien précises. C’est par ce café qu’on rejoue des missions passées ou qu’on répond à des sollicitations secondaires, toujours dans le but de leveler, ou accéder à de nouvelles persona, etc. 

La progression globale reste similaire tout au long de l’aventure : café leblanc (on prépare et optimise nos perso, on visionne les cutscènes additionnelles donnant des éléments de lore et quelques PE), et on repart sur le terrain pour une succession de quelques combats et cinématiques/vidéos et ainsi de suite. Le rythme est globalement bon, la structure efficace et l’interface toujours aussi solide. On est comme à la maison que ce soit en baston avec les portraits en noir/blanc/rouge et les fameuses barres bleues claires pour PV et violettes pour PC, les différentes options dans la planque et c’est sans parler des animations d’invocation, le panel de Persona, ou encore l’OST qui reprend certes énormément de thèmes connus, mais qu’est-ce qu’on les aime ! Visuellement, on retrouve l’identité de la licence, mais dans un style rafraichissant assez kawaï. La direction artistique fait mouche et nous séduit immédiatement avec une stabilité et fluidité à toute épreuve à chaque fois (on a joué sur PS5, Xbox Series comme PC).

Persona 5 Tactica réussit le pari de nous proposer un dernier voyage, dans cet univers qu’on aime tant, avec de nombreux arguments forts et un nouvel angle de vision. L’histoire est plus que convenable, la direction artistique nous surprend et le gameplay dévoile son potentiel en nous abreuvant de petites nouveautés régulièrement. C’est tactique et addictif, simple à prendre en main mais aux possibilités tellement nombreuses. J’ai passé un très agréable moment en compagnie des Voleurs Fantômes dans un genre que je ne m’attendais pas à voir, en ma laissant un doux parfum une fois fini. J’ai hâte de découvrir enfin un nouveau Persona, mais ce petit détour m’a permis d’assouvir ma soif en attendant.