[QUICK] Library Of Ruina : un voyage étrange

En ce jeudi férié, je vous propose un nouveau Quick, un avis rapide sur un titre qui m’a occupé pas mal d’heures ces derniers temps : Library of Ruina, du studio Project Moon. Sorti sur PC il y a quelque temps, c’est à présent sur Switch que ce titre atypique est disponible. Je vous en propose un avis tout chaud après quelques longues sessions.

On y suit Roland, un jeune homme qui se retrouve sans trop savoir comment dans la bibliothèque, tenue par Angela qui est surprise de leur rencontre et lui demande comment il est arrivé ici. Tandis qu’elle est à la recherche du livre absolu, Roland se joint à elle dans sa quête. La bibliothèque est un lieu spécial, magique et fascinant. Afin de trouver l’ouvrage spécial, Roland et Angela doivent inviter des guests, les combattre afin de que certains se transforment en livre. Il en sera ainsi jusqu’à mettre la main sur le fameux tome, objet de toutes les convoitises.

Les phases narratives sont assez nombreuses, au format visual novel. L’ambiance passe du sérieux au détendu ou comique parfois très rapidement. Le rythme par contre s’en retrouve assez impacté, avec pas mal de passages « histoires » sur le début et sur la seconde moitié du jeu, on a l’impression que la tendance s’inverse avec bien plus d’action que de dialogues. On aurait apprécié quelque chose d’un peu plus linéaire ou du moins maitrisé. Ce n’est pas forcément un mauvais signe, mais pour ma part, je trouve que le curseur s’est un peu trop inversé.

On suit la progression de nos deux héros dans un univers complexe dont les tenants et les aboutissants risquent d’échapper aux non-anglophones, car oui, Library Of Ruina n’est disponible qu’en anglais côté sous-titre. Pas l’once d’une trace de FR, ce qui rend l’expérience hors d’atteinte de ceux ne causant pas la langue de Shakespeare du fait d’un gameplay assez riche, et de tutoriels nécessaires pour assimiler toutes les ficelles des mécaniques disponibles. Le doublage japonais est de premier ordre avec des acteurs reconnus si vous regardez des animés dans leur VO par exemple. La direction artistique est atypique et séduisante. On a cette impression de déjà vue, mais à la fois on sait qu’on découvre une toute nouvelle production, avec son univers cyber, parfois glauque, qu’on a toujours envie de découvrir davantage.

Library of Ruina base son expérience sur du deckbuilding, et comme tout jeu du genre, cela peut vite tourner au chronophage si vous aimez optimiser aux petits oignons votre deck tant les combinaisons possibles sont énormes. On débute par choisir notre personnage (ou plusieurs), ce qui détermine les caractéristiques principales (PV, etc.) puis les cartes qui constituent son deck (9 cartes). Ceci permet l’exécution d’action comme les attaques ou la défense. Le combat est à présent prêt à débuter.

Le jet de dé initial détermine l’ordre de passages de chaque acteur pour des combats au tour par tour. On détermine les actions de chacun de nos héros et on s’adapte selon ce que nos adversaires prévoient. À présent, chaque duel se lance et le résultat est à nouveau déterminé par un jet de dé. Si on tire un 5 en attaque par exemple et l’adversaire un 3 en défense, notre tentative réussit et on lui ôte une partie de ses PV. Il est également question de points d’action dans l’équation, assez longs à accumuler et donc limitant parfois nos actions. Le combat finit quand un des camps n’a plus de combattants debout. On retrouve des composantes de JDR plateau au final avec l’initiative et la présence de ces dés et même au final avec les capacités via des cartes. La victoire nous donne accès à une nouvelle carte grâce au livre consumé, qui fait penser aux fameuses lootboxes où on ne sait jamais quel cadeau on reçoit.

Durant notre avancée, on tombe sur des anomalies ajoutant une surcouche puzzle et apporte un peu de fraicheur au système. Du coup, plus on progresse, plus on remporte de victoire, plus notre deck évolue et les options ouvrent de nouvelles possibilités. Sur le papier la formule est plaisante, mais dans la réalité, on ne vit pas le voyage comme espéré la faute notamment à une difficulté en dent de scie avec des pics parfois trop hauts sans raison apparente qui peut nous décourager alors qu’on a farmé des combats maitrisés pour accumuler assez de force, points d’actions, etc. en amont. Cela nous met sous tension en permanence, et peut nous pousser à renoncer.

À l’heure de dresser ce bilan à chaud, on aime Library of Ruin autant qu’on le « déteste » (le mot est trop fort, mais c’est pour rester dans l’expression habituelle). Il nous fascine avec son univers et son gameplay qui sort de l’ordinaire, mais il n’est clairement pas fait pour tout le monde à commencer par une richesse de textes à lire, des tutos à parcourir, etc. uniquement en anglais (et dans un langage assez soutenu) en plus de ces pics de difficultés proposant un réel défi en étant punitif par moment pour nous pousser dans nos derniers retranchements. Library Of Ruina ravira les avides de challenges et de deckbuilder, sans le moindre doute, dès lors qu’ils causent anglais. Pour les autres, c’est au cas par cas.