Dragon Age, un nom qui évoque pour beaucoup l’âge d’or de Bioware, période durant laquelle la société tenait entre ses mains deux licences majeures du RPG : Mass Effect côté SciFi et DA pour la facette medieval – fantasy. Depuis longtemps, on attendait le nouvel opus de Dragon Age. D’abord appelé Dread Wolf, The Veilguard débarque enfin est dispo depuis le 31/10. Une chose est sûre, il y a des choses à dire, mais je vais m’en tenir aux grandes lignes : Je suis conquis et je vous explique pourquoi.
Premier point, pour une transparence totale : non, je n’ai pas encore exploré à fond ce qu’a à nous offrir Dragon Age The Veilguard et même après plusieurs dizaines d’heures. Pourquoi donc ? Je profite tout simplement, et je me refuse de rusher ce genre de titre. Je prends le temps d’explorer, de fouiller les moindres recoins à la recherche de collectibles, de répondre à chaque appel pour des missions annexes ou du contenu secondaire, de travailler le relationnel et les liens entre les avatars, etc. J’aurais pu faire le choix d’aller en ligne droite en mode « direct », mais j’ai eu envie de ne pas gâcher mon propre plaisir. Malgré tout, mon expérience in game me paraît suffisamment riche pour que je puisse partager un avis suffisamment complet (le principal a été fait, l’annexe / secondaire est toujours en cours).
Dix ans, c’est le temps qui sépare les deux derniers Dragon Age, Inquisition et The Veilguard, et on peut le dire : le développement de ce dernier n’a, semble-t-il, pas été de tout repos avec des informations (maigres) distillées au compte-goutte, un reboot pour (tout ?) recommencer de zéro, des changements dans les équipes, etc. On perdait presque espoir en se demandant où allait Bioware, mais quelques mois plus tard, le titre a décidé de reprendre vie et de se montrer lors des différents évents estivaux, remplaçant l’E3, avec une date de sortie directe dans l’année : le 31/10. Un peu plus de deux semaines plus tard, on peut clairement le dire : il a peut-être quelques défauts ou points irritants pour une partie de la clientèle, certains d’entre nous avaient peut-être des attentes différentes, mais assurément, Dragon Age The Veilguard a des arguments solides et suffisamment de points attrayants pour nous faire vivre un voyage fort et nous donner satisfaction à l’heure de tirer le bilan final.
Un nouveau départ
Ce qu’on apprécie, c’est que The Veilguard réussit le pari de parler aussi bien aux anciens joueurs qu’aux nouveaux. Bien qu’on sache qu’il y a des liens entre les épisodes, que des personnages soient retrouvés et que des clins d’œil soient faits ici et là, un nouveau venu dans cet univers s’y retrouve sans trop de difficulté et arrive à se plonger sans problème dans The Veilguard. Pour cela, Bioware nous envoie visiter de toutes nouvelles régions de Thedas, inédites, afin de nous mettre tout le monde sur le même pied d’égalité. On incarne Rook lui aussi un nouvel avatar et membre du groupe d’élite mené par Varric Thedas (une figure connue de la licence) dont la mission est de contrecarrer les plans de Solas qui cherche à déchirer le voile, cette protection magique contre l’immatériel pourtant mise en place lors des événements contés dans Inquisition. Alors qu’on pense tenir l’objectif et réussir à malmener le rituel initié par Solas, rien ne se passe comme prévu : d’anciens dieux elfiques destructeurs sont libérés sur notre monde, Elgar’nan et Ghilan’nain en plus de Solas disparu à nouveau.
Notre groupe se retrouve dans le mal avec plusieurs objectifs qui se dessinent : créer une véritable garde du Voile, afin de protéger le monde de l’invasion de monstruosités en tout genre, mais aussi et surtout contre les divinités sanguinaires à présent en cavale. Pour cela, il nous faut des alliés de choix. C’est ainsi que débute notre périple en Thedas, aux commandes de notre avatar créé de toutes pièces. Les outils mis à notre disposition nous permettent de créer un personnage original grâce à un panel riche d’options et de très nombreux paramètres sur lesquels influer afin de modeler de A à Z notre précieux héros. C’est aussi l’occasion de découvrir la direction artistique et le style visuel, qui tranchent avec les précédentes productions ayant plutôt un style animé par moments. Cela ne plaira pas forcément à tout le monde, mais pour ma part, cela me convient.
Le moteur Frostbite donne pleine satisfaction sur PC ( testée sur une 4070Ti Super) et ce qui saute aux yeux, outre la qualité d’animation des personnages, ce sont les cheveux. Oui, oui, vous avez bien lu. Cela peut paraître anodin, mais dans de nombreux titres, les cheveux sont de piètre qualité, aliasés, pas nets, etc. alors qu’ici, c’est solide en termes de rendu et d’animations. Je sais, certains pestent sur le fait qu’on ne peut pas créer une femme aux atouts physiques forts et aux mensurations de rêve, mais personnellement, ce n’est pas dérangeant outre mesure mais j’entend tout à fait le fait que cela plaise à une population et que cela les frustre ici. Par contre, le fait d’avoir accès à des options inclusives non obligatoire mais permettant à tout le monde de trouver son compte, j’ai déjà plus de mal à comprendre le débat et le fait que certains voudraient voir ses options disparaître. On ne m’impose rien, et cela fait plaisir à une tranche de la clientèle, où est le mal?
Une aventure magique
Voilà, parenthèse fermée, continuons la création de notre avatar avec le traditionnel choix de classe (guerrier, voleur ou mage) qui se décline en trois sous-spécialisations présentées disponibles plus tard avant de valider notre décision. De la sorte, on sait où on va et surtout les chemins qui s’ouvrent à nous une fois que l’on aura suffisamment avancé dans le jeu. On choisit également à quelle faction on s’identifie, ce qui offre certains bonus mineurs et modifie le skin de nos tenues hors combats, par exemple. Cela permet de poursuivre la voix qu’on aurait choisie dans Inquisition en termes d’affiliation, pour un peu plus de cohérence dans le lore et le roleplay. La narration reste assez classique dans son approche, avec une construction assez linéaire les premières heures, le temps de l’introduction, avant de nous laisser plus de liberté, par exemple en choisissant l’ordre dans lequel on remplit certains objectifs (quand on en a plusieurs en parallèle) ainsi que le rythme de notre aventure. On a très souvent la possibilité de choisir quand on met en pause notre progression, quand on s’adonne à l’activité annexe ou quand on se consacre à l’évolution de notre héros, des liens qu’il entretient, etc. Le fond de l’histoire demeure intéressant avec quelques rebondissements et surprises. On débute par la constitution d’une équipe, en naviguant à gauche à droite pour faire de nouvelles rencontres et nouer des alliances, avant d’aller vers nos objectifs afin de tenter de sauver Thedas.
On rencontre des avatars variés, des races et des peuples multiples possédant chacun une culture propre, des habitudes et des croyances différentes, ce qui rend ces nouvelles régions attrayantes. J’apprécie l’équipe hétéroclite qui nous accompagne et avec laquelle on mène notre campagne. On retrouve la qualité de plume de Bioware, différente de ce qu’ils ont offert par le passé, sûrement, mais qu’on savoure tout de même toujours autant. Les différents personnages ont tous une importance capitale dans notre aventure, et ce à plusieurs égards. C’est pour cette raison que je ne peux que vous conseiller de changer régulièrement les membres de votre groupe. Outre leur classe et capacité qui en découlent, cela permet de conserver un groupe homogène et d’éviter que lors d’un passage où un membre est imposé, celui-ci se retrouve bien en dessous du reste du groupe. Mais le terrain « action » n’est pas la seule facette où on a à y gagner…
On noue réellement des liens entre Rook et ses coéquipiers. On en apprend plus sur eux, leurs origines, leur vie passée, leurs envies et passions, etc. On prend régulièrement part à des moments en duo, privilégiés, permettant de se rapprocher amicalement, voire d’entretenir des romances. Et surtout, certains fanfaronnent par exemple quand l’assemblée est complète, mais ces moments en aparté permettent de voir qu’en réalité, ils sont en proie au doute, etc. Cela donne un peu plus de profondeur à l’ensemble, loin du cliché de la bande de héros infaillibles toujours prêts pour la victoire, ce qui leur donne un côté bien plus humain. Et bien entendu, jouer à fond la carte du relationnel nous récompense toujours avec de nombreux objets loot notamment, exclusifs… Il est par contre parfois difficile de savoir, lors d’un dialogue, la réaction qu’auront nos interlocuteurs selon la réponse choisie, et l’effet surtout que cela aura sur nos liens. On y va parfois à tâtons.
Et c’est le temps qui court
On arrive assez rapidement à avoir un journal de quête bien rempli, entre les missions principales, annexes, de compahgnons ou factions, qu’on complète au gré de nos sorties (oubliez vite le « je prends une quête, je la complète de suite », et ainsi de suite). On découvre plutôt quelque chose d’organique, où au détour d’une mission, on en complète d’autres, facultatives ou lors d’un passage chez un PNJ pour acheter un équipement, on en profite pour faire un petit tour plus loin pour aller compléter une activité, etc. Se jeter corps et âmes dans tout le contenu disponible permet de briser la routine et de savourer l’univers, d’autant que le contenu secondaire est loin du Fedex habituel du RPG, avec de la lore additionnelle, quelque chose de consistant à chaque fois. Comptez environ entre 45 et 50 heures à la louche pour le scénario principal en suivant le cheminement prévu en ligne droite, et au moins le double si vous décidez de profiter de chaque miette qu’offre Dragon Age The Veilguard.
On alterne entre explorations à la troisième personne dans ce monde ouvert avec des énigmes et des combats dans différentes régions aux topologies et biomes des plus variés. On découvre des forêts verdoyantes, entrecoupées de fleuves et de lacs où la magie règne partout, puis une ville à l’ambiance gothique où l’on trouve des envahisseurs et des assassins de la résistance dans une lutte infernale, une prison sous-marine, etc. Je vous laisse la surprise pour conserver la découverte mais on savoure clairement ce que nous offre The Veilguard en termes de biomes et de level design. À plusieurs reprises, on est face à un passage bloqué dont seul l’interaction avec l’un de nos compagnons nous ouvre le passage, nous obligeant parfois à revenir avec le bon avatar pour accéder à cette zone secrète hors d’atteinte sinon. Cela maintient notre intérêt et nous restons scotchés devant l’écran des heures durant. Entre les différentes classes, approches, possibilités de romance et liens entre nos personnages, bosser les factions, et décisions prises durant la progression ayant un impact sur notre monde, etc., la rejouabilité est assez importante (encore faut-il avoir le temps…).
Beauté fatale
Cela met en lumière, plus largement, la technique de Dragon Age qui envoie du lourd sur PC. Certes, ma configuration est assez puissante pour tout pousser en ultra, avec le ray tracing, mais les performances sont bien au RDV que ce soit en 4K ou en 21:9 (bon, merci tout de même pour le DLSS Quality qui permet de tenir le 60+ en toute circonstance, et le framegen qui permet de dépasser les 100), mais bordel, qu’est-ce que j’ai kiffé le jeu sur cet aspect purement technique et esthétique. Chaque nouvelle région émerveille ; on savoure chaque moment même quand c’est pour revenir en arrière, revoir d’anciennes connaissances le temps d’une quête optionnelle, et découvrir à chaque fois un nouveau passage et une nouvelle zone de chaque région. Les effets de lumières et d’ombres, la végétation qui vit au rythme des saisons, les effets de sorts, il n’y a rien à jeter.
Les combats prennent une forme assez différente de ce qu’on a pu connaître avec les précédents Dragon Age, dans la mesure où ils sont clairement plus tournés vers l’action. On dispose de deux emplacements pour les armes, qu’on alterne assez simplement, avec chaque fois deux attaques. Dans le cas du mage, la première est une attaque basique et rapide, que l’on envoie en spammant simplement tandis que la seconde, à portée plus réduite, permet d’infliger des dégâts plus importants sur une zone plus ample. À cela s’ajoutent des talents actifs (3) qu’on déclenche après avoir accumulé suffisamment d’énergie/mana, et une relique équipée de 3 améliorations qu’on alterne selon nos besoins sans oublier le rayon canalisé qui lui aussi consomme le mana. Au final, un talent de classe se rend disponible quand il est chargé. La formule est classique dans son approche mais efficace.
En parallèle, on guide nos deux compagnons en leur indiquant leurs priorités (attaquer sur notre cible, la plus proche), mais aussi en activant l’un de leurs trois talents sur temps de recharge, sachant qu’il existe parfois des combos assez explosifs (c’est le cas de le dire) en combinant les bons talents en combat. On abandonne certes la pause tactique pour un système plus nerveux, mais on troque ce système contre une expérience plus dynamique. Cependant, on ne peut équiper que trois talents par avatar de façon active, ce qui rend parfois les combats un peu redondants. Toutefois, grâce à la grande richesse globale et à la facilité d’adaptation de nos presets, on oublie sans trop de difficulté cette restriction. Cela semble peut être moins généreux que par le passé, oui, mais ce n’est pas moins déplaisant pour autant, avec son approche plus brute et moins tactique, mais plus frénétique pour le coup. La prise en main est rapide, et le défi est au rendez-vous en fonction de la difficulté choisie, ce qui nous oblige à réfléchir un minimum et à ne pas foncer tête baissée.
RPG
À chaque niveau supérieur, on gagne des points de talent à dépenser dans notre arbre de talent pour acquérir des sorts et des capacités, améliorer ces dernières ainsi que nos statistiques mais aussi accéder aux classes avancées à partir du level 20. On peut également trouver des objets à looter (casque, armure, bijoux et armes) en quantité avec différentes raretés, qu’on peut revendre ou améliorer via les marchands et les ateliers pour obtenir toujours un meilleur stuff. Cela peut parfois altérer notre façon de jouer en fonction des affixes et des bonus de ces pièces également. Et ce qui vaut pour nous vaut pour nos coéquipiers qui suivent les mêmes règles de progression ! Classique là aussi, mais toujours bien fonctionnel.
En termes d’ergonomie, l’interface « terrain » est plutôt bonne, sans être surchargée. On sait où trouver les informations dont on a besoin. Par contre, les sous-menus manquent parfois d’ergonomie comme par exemple pour consulter nos quêtes, où il faut accéder à la carte pour obtenir des informations sur celles-ci (il n’y a pas de menu concret pour cela). Dernier point, non évoqué : la partie son. Le doublage français m’a semblé vraiment plaisant et la bande-son est une réussite avec quelques thèmes fédérateurs et épiques.
Dragon Age : The Veilguard ne fait pas forcément du Dragon Age/Bioware comme certains l’attendaient en changeant certains aspects (comme sa direction artistique ou son virage plus action que tactique pour les affrontements), mais dans les grandes lignes, cette version me convient personnellement. J’ai pris plaisir à parcourir The Veilguard et je profite encore de chaque instant de jeu. Son casting savoureux, sa narration solide, son gameplay simplifié mais accrocheur me plaisent. Certes, il y a bien l’un ou l’autre point qui risque de ne pas plaire à tout le monde, mais en ce qui me concerne, c’est un oui assumé.