Test The Thaumaturge : ce superbe et atypique voyage à présent sur console

Après une sortie remarquée sur PC il y a quelques mois, The Thaumaturge sortira d’ici quelques heures sur console de dernière génération. Créé par Fool’s Studio (fondé par d’anciens de CD Projekt) et édité par 11 Bits Studio (Frostpunk), ce jeu nous plonge dans une aventure mêlant fantasy, mysticisme, CRPG au tour par tour et jeu d’enquête et, le voyage vaut clairement le détour !

Les thaumaturges sont des êtres dotés de capacités surnaturelles, notamment celle de voir, mais surtout de contrôler les salutors, des créatures venues d’un autre monde, toutes issues de la mythologie des pays de l’Est. Dès lors qu’un être humain a un comportement excessif (de rage, de tristesse, de colère, etc.), une faille entre notre monde et l’immatériel s’ouvre, laissant s’échapper ses spectres qui viennent alors hanter celui dont sont issus des portails entre les deux mondes, altérant son comportement, etc. En signant un pacte avec l’un de ces salutors, un thaumaturge peut l’ utiliser pour contrôler les esprits de ses interlocuteurs, mais rien n’est jamais sans contrepartie.

Pologne, 1905 : le pays est en proie à une révolution en résonance avec celle qui touche la Mère Patrie, la Russie. On incarne Witkor Szulski, un thaumaturge au plus mal. Sa situation particulière empire de jour en jour, et il risque de perdre la vie dans le pire des cas, ou à minima de sombrer dans la folie. C’est dans cette optique que Wiktor part à la recherche de Grigori Efimovitch Raspoutine, un soigneur de renom capable de guérir tous les maux, comme le disent les rumeurs. Un événement tragique se produit alors : le père de Wiktor, Stanislaw, décède, et notre héros est obligé de retourner à Varsovie, la capitale de la Pologne, et dans sa ville natale surcroit. Sous le joug de la Russie du tsar Nicolas II, la tension est palpable un peu partout dans une ville au bord de l’explosion et du bain de sang. Théâtre de toute l’histoire que The Thaumaturge nous conte, mêlant fiction et surnaturel avec comme point de départ une quête de guérison, cette trame va prendre une tout autre tournure car la mort du paternel n’a rien de normal !

Un choix, un effet immédiat

Comme dans tout bon CRPG, nos actes et décisions ont un impact direct sur l’histoire, que ce soit au travers des dialogues, mais aussi de nos actions et de la façon dont nous jouons notre avatar. Wiktor compte sur quatre stats pour mener à bien son aventure : force, esprit, acte et parole, et ces paramètres ont un impact sur bien des choses. Lors de l’exploration et de la recherche d’éléments, on n’obtient certaines informations que si l’on possède un niveau minimum sur l’une ou l’autre de ces statistiques. Durant les échanges avec d’autres protagonistes, on voit régulièrement plusieurs réponses et options disponibles, mais certaines ne sont accessibles et utilisables que si on possède un score minimum sur l’une de ces stats. On retrouve ici une composante assez régulière dans les RPG occidentaux, à l’exception près que la folie peut aussi nous toucher si on tombe dans l’excès et qu’on abuse de nos capacités hors du commun.

Bien entendu, les relations et les liens qui nous unissent à d’autres avatars sont également régis par toutes ces boucles. Ainsi, tout notre cheminement est impacté par nos choix, l’orientation de nos statistiques et le comportement que l’on adopte en jeu : nous accédons alors à plusieurs fins, plusieurs passages pouvant même varier durant la progression, tout comme le panel de Salutors qui nous rejoignent. Et le meilleur dans tout ça, c’est qu’on ne sait pas ce que nos choix ont comme impact, on le découvre sur le tas, en vivant The Thaumaturge. On tient un titre à très forte rejouabilité, et il faut assurément plusieurs runs différents pour tout découvrir à ce rythme.

Quand je parlais de point’n’click, j’avais en vue l’une des compétences de notre héros, à travers son livre sur lequel il griffonne régulièrement des signes : la perception. Witkor analyse l’environnement proche afin de déceler des indices pour son enquête, ou des traces de faille, par exemple. Ce talent met en surbrillance tout ce qui mérite le coup d’œil, ou une sorte de filament pour indiquer la direction du prochain objectif. La particularité de Wiktor est qu’il ne loupe aucun élément important et qu’il engrange toutes les informations nécessaires pour élucider son énigme du moment. Bien sûr, ce talent ne se focalise que sur l’essentiel pour avancer, le titre regorge de collectibles un peu partout, complétant un lore bien plus dense qu’il n’y paraît et très intéressant dans le fond. Chacun est libre d’aller au plus vite ou de profiter de ce contenu si dense qui n’attend qu’à être exploité. Chaque interaction débouche en outre sur un gain d’expérience, et donc sur le moyen terme, en point de Thaumaturge, que l’on investit dans l’une des statistiques afin de débloquer ou d’améliorer des capacités, mais aussi celles des Salutors. Cela s’imbrique parfaitement avec le système de combat au tour par tour dans lequel on associe une attaque/compétences à l’une des améliorations débloquées (ce n’est pas super clair sur le papier, mais c’est clair en jeu).

Pas si classique que cela, bien au contraire

D’apparence, The Thaumaturge est un jeu de rôle au tour par tour des plus classiques, mais on assimile très vite les quelques facettes qui rendent son gameplay attrayant et addictif. On y trouve notamment la frise chronologique du haut qui montre l’ordre de passage de chaque intervenant, dicté par un système de vitesse pour chaque talent. Selon les choix effectués, cette frise chronologique se modifie. Un premier aspect stratégique intervient alors. En outre, les Salutors entrent en jeu à leur tour et interviennent également dans cette boucle avec des talents innés surpuissants si bien utilisés : des boosts de dégâts, des dégâts sur la durée, des buffs ou de l’assistance.

Il faut également prendre en compte un système de dépression et de niveau mental, qui permet de maximiser les dégâts infligés à un adversaire poussé dans une crise de nerfs. On voit alors se mettre en place une certaine synergie et on commence à mettre en place des « combos » dévastateurs en choisissant le salutor, l’ordre de nos actions, etc. Comme mentionné précédemment, on dispose de xx compétences utilisables en combat qu’on optimise une à une avec les améliorations acquises en grondant. Le plus satisfaisant concerne le tuning de la courbe de progression qui m’a semblé impeccable. Notre héros évolue, ainsi que ses compagnons, mais les menaces qui lui font face deviennent de plus en plus puissantes à mesure qu’il avance dans son intrigue.

Manette en main, l’expérience est accrocheuse et complète, avec un contexte original et un gameplay qui mêle à la perfection les CRPG, l’enquête et les combats. Le passage à la console se fait d’ailleurs sans difficulté particulière. Le contrôle au pad est intuitif, tout comme l’ergonomie des menus. Côté technique, on dispose d’un mode 30 fps qualité et d’un second, axé performance, à 60 fps. Le jeu était déjà assez gourmand sur PC, mais offrait un rendu de qualité. On est clairement en deçà sur console, mais le jeu reste clairement de qualité pour un titre de cette envergure et à ce prix (moins de 40 euros). On aurait aimé avoir le meilleur des deux mondes en même temps, certes. La direction artistique est réussie, et le charadesign des salutors notamment est convaincant. La bande-son, avec doublage polonais ou anglais, suit la même tendance.

Dans le contexte actuel des jeux « A/AA à moins de 40 euros quel que soit la plateforme », il est difficile de faire des reproches à la version de The Thaumaturge aujourd’hui sur le marché. Son mélange des genres fonctionne bien, son gameplay est efficace et sa narration l’est tout autant. À la fin du premier run, on sent qu’il y a encore tant à offrir qu’on est vite tenté de reprendre un ticket au guichet, ce qui me semble être plutôt un bon signe. Une histoire originale, saupoudrée de surnaturel, dans une période peu exploitée, et on adhère ! Bref, vous l’avez compris : jouez à The Thaumaturge.