Baten Kaitos, un nom qui fait vibrer la corde de la nostalgie… Nous sommes au milieu des années 2000, à l’ère de la Gamecube. Je me vois encore arpenter les allées de Strasbourg à la recherche du précieux sésame, dans les différentes boutiques du coin : le nouveau JRPG du moment ! Vingt ans plus tard, on retrouve une compilation incluant les deux opus (Les Ailes éternelles et L’Océan perdu + Origins, pour la première fois chez nous) dans un format remastérisé et HD, à prix mini (50 euros le bundle). Au menu, des améliorations visuelles, de nouvelles fonctionnalités et des heures de pur plaisir manette en main, même si on aurait pu espérer mieux sur certains points.
Baten Kaitos I et II sont assez similaires dans leur narration et leur approche. Dans les deux cas, on incarne un ange gardien ayant pour mission d’aider un héros (Kalas dans le premier opus, puis Sagi 20 ans après dans le second). Le monde est rempli de magie, des mondes lévitent dans les nuages, des héros légendaires ayant protégé ces royaumes, bref, un monde fantasy comme il était commun dans les années 90 et surtout dans les années 2000. Un dieu maléfique voulait semer le chaos, mais ces magiciens de légende l’enfermèrent dans une carte magique. Kalas tente tout son possible pour empêcher Geldoblame de l’en libérer. Sagi est accusé d’avoir voulu assassiner l’empereur et se retrouve seul face à tous pour démêler les machinations qui secouent ce monde.
Les deux scénarios sont de qualité, avec leurs lots d’intrigues, de retournements et de rebondissements, mais aussi de surprises. À chaque fois, notre ange gardien n’est pas visible, mais il dialogue souvent avec le héros du moment et fait ainsi partie intégrante de l’histoire et du voyage. Cela donne un peu de consistance à la formule et surtout, chacun de nos choix a un impact plus ou moins direct sur notre périple. On se laisse rapidement happer par cette expérience à l’ancienne, sans interface utilisateur envahissante ni instructions sur ce qu’il faut faire, malgré une structure tout de même bien linéaire. Il faut chercher la moindre information, parler aux PNJ jusqu’à tomber sur le bon qui fournit les renseignements nécessaires pour continuer à avancer, etc. Pour l’immersion, c’est du pur délice. Par contre, prévoyez un bloc-notes pour savoir à qui/où rendre les missions secondaires par exemple, et noter tous les éléments utiles, sous peine de se perdre en route. À l’ancienne, on te dit.
Bastons et cartes
Le gameplay se base sur du deckbuilding et du tour par tour. Les cartes, appelées Magnus, permettent d’absorber l’essence de n’importe quoi et de la matérialiser sous forme d’armes, d’armures, de sorts, etc. Durant l’exploration cela permet de débloquer un passage par exemple. En combat, ce sont ces Magnus qui dictent nos actions (attaquer ou se soigner). Cependant, attention à la sélection de la cible pour éviter de soigner un boss ou frapper un coéquipier. Il y a aussi des combinaisons d’éléments qui multiplient l’effet ou, pire encore, qui l’annulent (par exemple, l’eau et le feu le même tour). Il faut donc prêter attention aux éléments choisis. Heureusement, BK II intervient et empêche ce type de choix malheureux dans les grandes lignes, rendant le voyage plus « simple ». Pour le reste, le jeu reste des plus classiques en tour par tour. Bien entendu, au fur et à mesure de la progression, on monte de niveau et on acquiert également de nouveaux Magnus. Par contre, on ne level up pas comme dans un JRPG habituel, au fil des combats et des victoires. On accumule plutôt nos gains qu’on valide dans des temples quand on s’y rend. Petite différence notable : dans Baiten I, chaque personnage possède son propre deck, alors que dans Baiten II, on joue un deck pour l’équipe entière. La formule prend bien en tout cas, et même avec les années, elle reste savoureuse.
On savoure les histoires des deux Baten, et la façon dont c’est raconté, d’autant que le second opus n’était jouable dans nos contrées qu’en import par le passé. Le contexte étant posé, nous pouvons maintenant aborder la qualité du portage (testé sur PC ici) et surtout les fonctionnalités promises. Comme pour tout bon remaster ou compilation HD, c’est l’aspect visuel qui nous intéresse le plus. On a droit à une définition native bien plus élevée, à l’aliasing gommé et à des images bien plus nettes, mais cela se limite grosso modo à ces aspects. L’apparence du titre a le droit a un lifting, léger, mais tout de même appréciable.. On ne va pas bouder le travail effectué. C’est vraiment un remaster HD pur, au sens premier du terme. Cela nous permet d’apprécier ces deux hits dans de meilleures conditions que par le passé, c’est certain, et c’est toujours appréciable, d’autant que ce sont d’anciens jeux de grande qualité.
Du plus et du moins
Côté bande-son, on a droit au traditionnel doublage japonais, et l’anglais a été perdu en cours de route. On retrouve les STFR sur le premier jeu, qui étaient bien disponibles chez nous à l’époque, mais le second n’affiche que le ST anglais. Concernant le doublage, on ne comprend pas forcément le choix de supprimer une piste. Pour les ST, pour des raisons de cohésion, il aurait été apprécié d’apporter un effort pour le second jeu. On a l’impression que l’éditeur et le studio se sont limités au minimum syndical, alors autant pour la partie audio, tant pis, mais pour les ST, cela met une grande partie des joueurs de côté, d’autant que c’est assez généreux en dialogue avec un langage assez soutenu donc pas simple à suivre pour les non anglophones.
Ce remaster apporte quelques options de confort, comme laisser l’IA farmer à notre place, rendre les combats plus simples avec un oneshot systématique des adversaires qui nous font face, ou se résumer à la collecte d’EXP en enchaînant les bastons, mais cela perd pas mal d’intérêt du coup, ce système de combat étant au centre de l’expérience. Par contre, on apprécie les multiplicateurs de vitesse disponibles aussi bien pour les combats que pour le jeu dans sa globalité.
Baten Kaitos I et II sont et restent de bons jeux, et pouvoir les refaire aujourd’hui dans de meilleures conditions est appréciable. On aurait néanmoins apprécié un peu plus d’améliorations, notamment le STFR pour les deux jeux, mais à ce prix, il est difficile de faire les gourmands. On (re)découvre deux hits dans des conditions plus actuelles et sur Steamdeck, c’est Bueno.