Qu’il est bon de voir de nouvelles IP débarquer, surtout quand elles sont fraîches et plaisantes comme Eternal Strands ! J’ai été sous le charme dès son annonce et, après y avoir passé bien plus d’heures que je n’y aurais songé il y a quelques semaines, le bilan est clairement positif. C’est mon gros coup de cœur de ce début d’année 2025 !
Yellow Brick Games est un studio indépendant fondé en 2020 au Canada par des vétérans de l’industrie dont le non moins connu Mike Laidlaw, (réalisateur et directeur créatif des premiers Dragon Age par exemple) Début 2024, ils ont annoncé leur premier titre, Eternal Strands, et nous voici à l’aube de sa sortie demain, sur PC et console. Son univers coloré et enchanteur, ainsi que sa petite touche rétro, ont eu un effet hype immédiat sur moi. Madame, qui est joueuse et fan de l’époque PS360 par exemple, a eu le même ressenti : un jeu mêlant aventure et action, alliant nostalgie et nouveautés, et on vu juste sur pas mal de points.
On y découvre un monde féérique dans lequel magie et technologie sont en plein essor. Dynevron, la capitale de l’Enclave, est le centre névralgique du commerce et de la vie de ce monde. Les Tisseurs sont des êtres dotés de capacités magiques supérieures à la normale et sont des éléments clés de l’expansion de cette énergie. Malheureusement, une catastrophe a ravagé le monde, des guerres ont éclaté et le monde est plongé dans le chaos. Pour se protéger, l’Enclave se cacha derrière une barrière magique (le Voile) que personne ne pouvait franchir. La magie a été pointée du doigt, son utilisation a été restreinte et les Tisseurs sont à présent considérés comme des parias.

Brynn, pointe désignée
C’est dans ce contexte que l’on fait la connaissance de Brynn et de sa troupe. Ils sont en exploration du monde avec pour objectif de s’approcher du Voile pour y trouver trésors et connaissances. Cependant, après l’attaque d’une Wyverne, nos héros se retrouvent sans trop comprendre comment à l’intérieur du Voile, dans un monde isolé depuis plusieurs décennies. Brynn et ses compagnons cherchent à s’échapper de cette « prison » pour retrouver l’extérieur, mais ils ne sont pas au bout de leurs surprises lorsqu’ils comprennent que cela ne sera pas aussi et débutant une enquête pour comprendre ce qu’il s’est passé à l’Enclave durant ces 50 dernières années. Malgré quelques maladresses, la narration se suit avec plaisir. À plusieurs reprises, Brynn doit avancer en parallèle sur plusieurs objectifs, au nom de sa troupe, de l’Enclave ou pour le compte de compagnons et d’avatars diverses. Si toutes les suites de quête n’ont pas toujours le même intérêt, l’histoire dans son ensemble reste intéressante, et surtout bien écrite et cohérente.
Il est question de magie, de technologie, de malédiction, de survivants confinés sous ce dôme depuis 50 ans, ainsi que de phénomènes inexpliqués se produisant dans l’Enclave, dont des « inondations » de magie qui sèment la mort un peu partout. On découvre des éléments de l’univers du jeu aussi bien dans la mise en scène en avant-missions, durant les dialogues sur le terrain, des collectibles en masse que dans certains dialogues dans le hub avec des questions à choix multiples dont les réponses ont parfois une incidence sur ce que l’interlocuteur du moment nous rétorque, façonnant notre personnalité mais n’ayez crainte, aucune incidence sur la progression.

Eternal Strands est un jeu d’action/aventure/RPG qui arbore une prise en main assez classique avec une attaque normale et une attaque secondaire spéciale (toutes deux pouvant être chargée), l’esquive et la parade (qui peut être parfaite si elle est effectuée au bon moment). On lock l’adversaire, puis on enchaîne les coups pour lui ôter un maximum de vie. Rapidement, l’épée et le bouclier sont complétés par un arc qui suit un peu la même logique, avec un tir standard / chargé. Cette prise en main est rapide, simple, mais efficace. Étant elle-même une Tisseuse, Brynn possède des facultés magiques qui utilisent ce qu’on appelle la Cape et des filaments. Dès le début de l’aventure, Brynn obtient un pouvoir arcanique qui lui permet de déplacer des objets de petite taille en se concentrant, comme des pierres ou des bouts de bois. Elle peut non seulement les déplacer, mais aussi les lancer. Cela s’avère pratique pour frapper un adversaire, d’autant que l’environnement propose pas mal d’armes à portée de main. Une plante arbore une sorte de gros bourgeon lumineux : le jeter provoque une flambée tout autour ! Utiliser la magie consomme notre mana qui se régénère automatiquement faisant qu’on est obligé d’alterner armes classiques et magie.
Une entrée en la matière parfaite
Les premières minutes de jeu nous servent de tutoriel pour appréhender ces composantes qui constitueront le socle du gameplay. On enchaîne les premiers combats avec une certaine aisance, entrecoupant notre exploration grisante. Après la zone tutoriel, relativement couloir et cloisonnée, on découvre une carte très vaste avec énormément de verticalité. Le plan est dans les grandes lignes vierge, avec comme seule indication visible la partie explorée et le nom de quelques zones. On sait dans laquelle se trouve notre cible de mission, et on s’y dirige comme bon nous semble. Rien n’est fermé, rien n’est bloqué, on avance, on fouille, on se balade, et surtout on escalade n’importe quel caillou, colline, arbre, etc. Bien entendu, comme pour le sprint ou nos attaques, cela consomme de l’endurance, donc attention à ce qu’on fait. Au cours de notre voyage, nous voyons de nombreux compos au sol, mais surtout de nombreux chariots, tonneaux, wagons, etc., que nous détruisons avec joie pour récolter des composants. Un tronc ? Un bloc de pierre ? Un filon de minerai ? Tapons dedans gaiement et ramassons un maximum d’objets pour tout ramener chez nous. Une fois l’objectif atteint, on rejoint soit le passage par lequel on est arrivé sur la carte, soit l’un des portails de TP découverts et activés précédemment. Mourir en cours de route serait dramatique, car cela impliquerait de faire une croix sur une grande partie de notre inventaire (nous ne conservons que quelques items rares, au choix, trois au début de l’aventure, pas beaucoup plus à la fin).

On valide une mission, on s’abreuve de nouveaux éléments de lore, on s’occupe du camps et rebelote. On retourne sur le terrain et on découvre que ces « éléments » comme le feu ou la glace ne sont pas là que pour la décoration. Une plante qui explose sur de la broussaille ? Le feu se propage. Si l’on marche dedans ? On prend vite feu. Un ennemi passe par là ? Idem. Une créature a une affinité avec la glace ? Dommage pour elle (mais attention à ne pas marcher dans sa trainée de givre sous peine d’être ralenti). On comprend vite que l’environnement peut être une arme ou à l’inverse nous désavantager.
Par la suite, un cycle météorologique entre en jeu, créant de véritables combos de malade. En période de sécheresse, le moindre feu provoque des dégâts considérables et touche une grande zone. Un gel intense provoque des ralentissements et des dégâts de froid. Bien entendu, on peut contrer tout cela avec des potions anti-feu/glace ou des équipements avec la bonne résistance, mais cela donne une bonne idée de ce que propose Eternal Strands en terme de possibilité. On décompte 9 pouvoirs de filaments, allant des lianes déjà évoquées au lance-flammes, en passant par le bloc de givre ou l’élémentaire de feu. Par exemple, on immobilise un ennemi avec notre talent de gel qui ou on l’empêche de tirer avec l’arbalète en gelant son bras. Et le pire, c’est que ces talents ne servent pas qu’en combat, loin de là ! Par exemple, ce même talent permet de construire une passerelle de glace pour atteindre une île volante hors de portée autrement. En réalité, derrière ses airs de jeu d’aventure/plateforme relax se cache une proposition profonde et riche. L’exploration procure un immense kiff en plus d’être grisante, et les combos de talents/compétences sont vraiment fun, surtout qu’épée/bouclier, arc, mais aussi épée à deux mains ont tous des versions d’arcane, givre ou feu ! C’est une sacrée surprise en tout cas (mais là aussi, on utilise cela avec parcimonie car cela consomme le mana).

Un leveling sobre mais efficace
Durant l’exploration, et sur les cadavres de nos ennemis, on ramasse pas mal de composants de différentes raretés, mais pas d’équipement à l’horizon. En fait, on récupère bien des plans, et ces composants servent à fabriquer tout notre équipement. Le système est bien conçu et laisse une certaine liberté pour créer nos objets. Par exemple, une recette peut nécessiter xx minerai, xx étoffes et xx reliques, mais rien ne nous est imposé. Par exemple, si l’on met 6 fers, cela allouera des points sur certaines stars alors qu’un autre métal allouera les points autrement. Plus la rareté est élevée, plus le budget de points offert est important. Ce n’est peut-être pas clair comme cela, mais dans le jeu, c’est ultra simple. On peut créer cinq fois le même arc, et on n’aura normalement jamais le même objet. Petit plus : chaque étape du craft interfère sur le coloris d’une partie de l’objet fabriqué selon le matériau de base utilisé. La forge permet également de reforger un objet (changer un composant), mais aussi de l’améliorer (il gagne alors un niveau et des statistiques fixes). Dommage par contre de ne pas pouvoir comparer avec l’objet porté à la volée, obligeant d’aller au PNJ dédié (qui est d’ailleurs le seul endroit pour changer ce qu’on porte … pas très ergo). Il n’y a pas de système tiré du RPG comme on l’entend, avec gain d’EXP ou prise de niveau. Tout se fait via l’amélioration de notre équipement et le déblocage / upgrade compétences.
Eternal Strands propose un système de temps, avec une sortie le matin et une le soir, avant de changer de jour. À chaque changement de demi-journée, la météo peut évoluer, ainsi que les composants trouvés en exploration et les ennemis rencontrés. Ainsi, on farme sur des zones, météos et moments ciblés pour maximiser ses chances de trouver le bon item. On échange les composants en surplus contre des ressources dans les camps afin d’améliorer les quatre établis/artisans du camp, ce qui donne accès à des niveaux d’amélioration supérieurs, à un inventaire plus grand ou à davantage de potions. Chaque zone abrite un certain nombre d’objets collectionnables qui donnent des éléments de lore, mais leur intérêt ne se limite pas à cela. Plus on récolte de pages d’informations dans une zone, plus on la connaît : on sait quelle élite s’y trouve, quelle est la météo, quels sont les ennemis basiques du moment, tout comme la liste des matériaux plus ou moins rares disponibles si on s’y rend.

Ces fameux boss prennent l’apparence d’arkons majeurs, de robots géants, de wyvernes ou d’autres créatures enchantées. Il s’agit de boss à la taille démesurée, qui permettent de récolter des filaments pour acquérir de nouveaux talents ou d’en améliorer. Mais attention, les vaincre ne suffit pas. Il faut trouver sur chaque boss le moyen de mettre à découvert ce filament et de l’extraire. Le premier boss combattu, par exemple, porte une armure lourde dont plusieurs attaches sont visibles. Une fois ces fixations cassées, le corps du titan est exposé et nos coups portent alors beaucoup plus loin. De plus, une fois l’armure totalement cassée/tombée, on voit le filament au niveau du plexus du géant ! Il faut grimper sur ces ennemis pour atteindre des zones hors de portée normale, mais attention à l’endurance qui fond comme neige au soleil, d’autant que notre adversaire fera tout pour nous faire tomber. Chaque boss a son propre style de combat, ses capacités, ses forces et faiblesses et sa strat pour accéder au filament, offrant des affrontements originaux. L’environnement nous est encore une fois favorable, il suffit d’avoir de l’imagination pour s’en servir à bon escient. Dommage que la précision de notre avatar laisse parfois à désirer durant les moments de grimpe… On veut aller sur l’épaule, mais non, le personnage s’agrippe au casque, il faut plusieurs essais parfois pour atteindre l’emplacement où on veut … et paf, plus d’endurance…
Un voyage savoureux
Durant les deux ou trois dizaines d’heures nécessaires.à voir le bout, on complète la multitude de quêtes narratives, de compagnons et de partenaires, on participe à des chasses épiques, on farme des composants, on explore, on essaie des choses, on craft, et on recommence sans se lasser. Ce qui est appréciable, c’est qu’on change souvent de zone : on revient en arrière, on repart ailleurs, etc. On a toujours l’impression de découvrir des nouveautés et des lieux qu’on n’avait pas vus lors du passage précédent. Eternal Strands est un vrai délice de ce côté-là. Trois paliers de difficulté sont disponibles pour proposer un défi sur mesure selon le profil du joueur.
























Entièrement doublé en anglais et en français, j’ai trouvé la VF plutôt correcte. Parfois, le jeu d’acteur manque un peu de vie, mais saluons l’effort de doubler tous les dialogues et de proposer le jeu dans plus de langues que la seule version originale anglaise. Il n’y a pas de mode performance ou rendu sur PS5 standard comme PRO, c’est tout ou rien. Il arrive tout de même qu’on ressente l’une ou l’autre chute de frame. Ce n’est pas souvent, mais c’était bien visible quand cela se produisait. La direction artistique est une sincère réussite avec des environnements colorés et chatoyants, variés, inspirés, fourmillant de petits détails ici et là, avec un level design au top. Le bestiaire et les boss suivent la même tendance. J’ai été conquis par le rendu du jeu et le charadesign.
Vous l’aurez compris, j’ai été sous le charme d’Eternal Strands. Que ce soit son histoire qui reste plus que correcte, son gameplay léché et accrocheur avec des mécaniques bien ficelées et des boss originaux, son système de craft ou son monde vivant, rien n’est à jeter, au pire il y a des choses à peaufiner. J’ai adoré l’aventure du début à la fin. Il y a de très bonnes idées qui ont été superbement retranscrites en jeu, avec un sentiment parfois rétro mélangé à des composantes bien plus modernes qui génèrent un voyage envoutant. Il m’a fait penser à Kena, par exemple, et je ne peux que souhaiter le même succès à Eternal Strands, car il le mérite amplement. Une démo est déjà disponible et c’est day one sur GamePass PC comme console sinon c’est 39,99 !