10 novembre 2025

[Quick] Forsaker : Dingding & Blade

Parfois, je me lance dans un jeu un peu à l’aveugle, simplement en me basant sur un ou deux screenshots dans un communiqué de presse. De temps en temps, c’est une bonne surprise, dans d’autres cas c’en est une mauvaise … mais dans le cas de Forsaker DingDing & Blade, c’est plutôt positif. Forsaker (on va faire plus court) est un jeu mêlant visual novel, deck building et card game, avec des influences roguelike. L’univers est sombre et sanglant, avec des histoires de cannibalisme et de dévoreurs de chair, suivant le crédo par moment de tuer ou d’être tué. Dans ce monde, on trouve des humains, l’Église Divine Corpus et des mangeurs de chair. On y suit l’histoire de jeunes amis de la campagne, dont la vie prend très rapidement une tournure macabre. Le jeu nous embarque alors dans une épopée noire, où se mêlent diverses influences et genres.

Sur le papier, l’offre est des plus alléchantes, avec un prix plancher le jour de la sortie sur Steam (10,79 euros, et une promotion temporaire à 9,71 euros jusqu’au 7 octobre). Mais si j’ai été convaincu dans l’ensemble, il y a quelques points à corriger pour que Forsaker soit réellement bon et plaisant, à commencer par le passage en langue occidentale au lancement du jeu. En effet, Forsaker se lance en chinois, même sur un PC/client Steam configuré en français. Il n’y a pas de localisation française du tout (ce qui peut se comprendre pour un jeu de ce budget), mais débuter en mandarin rend l’expérience complexe, rien que pour trouver comment passer le jeu en anglais. Le menu démarrer propose deux modes : « Histoire » et « Challenge ». Honnêtement, je ne savais pas à quoi correspondaient ces deux options au lancement. Il serait judicieux d’expliquer clairement en quoi consiste chaque mode. J’ai peut-être loupé l’information, ou elle ne m’a pas semblé explicite et pourtant au final, il y a peu de doute (mais il faut le savoir).

Le mode histoire est un visual novel traditionnel dont le gameplay se limite à lancer un nouveau chapitre, à lire et à profiter des images et dialogues, à cliquer pour enchaîner la scène suivante, et ainsi de suite. Il y a parfois des choix de dialogues qui influent quelque peu sur le déroulement de l’histoire. Il y a plusieurs chapitres et le point de vue de trois avatars, ce qui crée une offre complète avec plusieurs ramifications et une histoire qui se développe différemment d’un joueur à l’autre. Dans ce mode, Forsaker est un visual novel de qualité, bien ficelé et bien écrit, qui nous conte une histoire intéressante, sombre et gore, mais qui séduit. Il aborde les thèmes de la guerre, de la violence, de la survie, de la condition humaine et de la religion. Ces sujets sont abordés avec finesse, tout s’imbrique parfaitement, et les différentes visions (via les différents personnages) et ramifications se lient à la perfection. La plume de Forsaker est assurément sa plus grande force.

Dans le monde aventure, la forme change totalement avec un jeu plus RPG et deckbuilder, dans lequel les joueurs se déplacent vers l’un des nouveaux événements disponibles, enchaînant des combats de minions basiques avant d’arriver à un boss, avec toute la couche rogue habituelle. Le choix des prochains niveaux correspond grosso modo aux différentes options narratives évoquées plus haut, remplaçant certaines parties de la mise en scène par des affrontements de cartes. 

Finalement, le choix du mode dépend fortement du joueur et ce que celui-ci recherche : un pur visual novel ou quelque chose de plus agrémenté avec un gameplay cartes/rogue (le rythme en est forcément différent, mais heureusement, en mode aventure, il est tout à fait possible de zapper une cinématique déjà vue). Les affrontements prennent la forme d’un jeu de cartes avec des mains aléatoires et un budget de points d’action (AP) défini en début de partie. Chaque carte a un budget en AP, et le tour se termine quand on n’a plus de points ou de cartes en main et ainsi de suite. Il y a des attaques classiques, la défense à prendre en compte, ainsi qu’un grand nombre de capacités et de talents à activer, sans oublier les cartes démoniaques qui ajoutent souvent des bonus monstrueux, mais il y a toujours un malus. Les personnages gagnent au fil des succès des options pour booster leurs PB, leur défense ou débloquer des talents uniques avec des compagnons, suivant les mêmes règles. Il est important d’avoir une bonne synergie au sein de l’équipe entre les différents personnages pour remporter la victoire. La courbe de progression est bien conçue, avec un défi qui s’intensifie à mesure que l’on progresse. Facile à prendre en main, la formule est assez classique de prime abord mais solide sur la durée.

Manette en main, j’ai trouvé l’expérience enrichissante et prenante, avec une touche d’originalité dans ce mode aventure. L’histoire est captivante, l’ambiance sombre est une réussite et visuellement, Forsaker est d’une réelle beauté. Le voyage commence de façon enjoué et positif, puis tout bascule soudainement, l’atmosphère change du tout au tout et l’horreur est bien représentée, nous transportant avec brio dans cet univers solide. Dommage toutefois que la bande sonore soit un peu trop redondante et peu inspirée pour nous immerger complètement dans l’aventure. Dispo à petit prix, Forsaker s’adresse à ceux cherchant avant toute une histoire sordide mais prenante, et pourquoi pas à ceux voulant un gameplay sympathique à côté. Sa plume est clairement sa force, avant tout le reste… et en plus c’est à petit prix.

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