10 novembre 2025

Test Final Fantasy Tactics The Ivalice Chronicles : mon premier amour

Final Fantasy Tactics et moi, c’est une longue histoire d’amour. Je me souviens, à la fin des années 90, de ce jour où, avec mon argent en poche, je me rendais en bus depuis mon petit village jusqu’à Strasbourg pour acheter un nouveau jeu. J’entrais dans mon Dock Games (j’adorais ce magasin) et le vendeur me dit : « On a reçu une nouveauté import, c’est un Final Fantasy, mais un peu différent, il est à 299 francs. » J’avais fait pucer ma console quelque temps auparavant pour d’autres jeux importés (Ace Combat 2, si ma mémoire est bonne), j’ai donc sauté sur l’occasion (il faut dire que j’avais « seulement » 300 francs en poche, ce qui limitait le choix des jeux, souvent entre 329 et 399 francs) et quelle claque …

Encore aujourd’hui, quand je parle de tactical RPG, je cite FFT dans toutes les discussions, c’était et c’est toujours ma référence. Avec son gameplay solide, son système de jobs totalement dingue pour l’époque (et qui tient toujours la route aujourd’hui), et son histoire GoTesque, il reste l’un de mes jeux favoris de tous les temps (en fait, l’ère PSX est tellement gold pour moi). Entre-temps, Final Fantasy Tactics a eu droit à quelques autres versions, dont l’iconique The War of Lions sur PSP, qui était une version enrichie du jeu de base. Forcément, voir ce titre si cher à mon cœur revenir sur le devant de la scène dans une version remasterisée sur tous les supports du marché me remplit de joie : bienvenue à Final Fantasy Tactics The Ivalice Chronicles !

Un lore solide

Final Fantasy Tactics jouit d’une qualité d’écriture toujours aussi solide, malgré son âge avancé, avec une intrigue solide, mature et sombre qui s’étend avec brio sur plusieurs chapitres, prenant le temps de présenter ses enjeux et son univers, avant de nous plonger dans une épopée magique abordant de nombreux thèmes de société importants à travers plusieurs dizaines de personnages de différents camps, avec un duo majeur au centre de tout ce qui se trame dans cet univers médiéval-fantastique. Pour faire un rapide résumé, FFT se déroule dans le monde d’Ivalice, où la paix ne tient plus qu’à un fil, à cause d’une guerre civile qui menace le royaume. Ramza, un jeune noble, se retrouve pris dans cette machination, malgré lui, et est propulsé au centre de toute cette histoire, avec des notions telles que l’injustice et la loyauté. On y retrouve des thèmes similaires à ceux de Game of Thrones, comme les jeux politiques, les alliances qui se font et se défont, la manipulation et la trahison, la rencontre entre intérêts personnels et globaux, etc. On y trouve également des clans et des familles qui s’opposent les uns aux autres, ainsi qu’un casting XXL. La mise en place est un peu lente, mais une fois la narration lancée, c’est extra, d’autant que notre avatar central, Ramza, se retrouve vite face à son ami de toujours qui choisit un chemin différent. « Frère » hier, ennemi demain ?

C’est là que le premier apport majeur du remaster entre en jeu : une localisation dans notre langue. Jusqu’alors, l’intégralité des versions commercialisées restait cantonnée à l’anglais pour les textes à l’écran, et nous avons enfin droit à des sous-titres français ! Le must pour profiter pleinement de ce voyage très avare en termes de textes à l’écran, que ce soit dans les dialogues lors des séquences de jeu, les échanges lors des passages narratifs, les tooltips en plein gameplay, le codex ou les différents menus. On a droit à un travail remarquable sur le sujet, donc plus d’excuses pour ne pas se plonger dans ce hit indémodable. Pour une immersion encore plus forte ? On peut compter sur un doublage inédit (anglais et japonais) qui ajoute du volume à cette aventure, surtout quand le jeu d’acteur est si fort !

Proposer une narration béton est une chose, encore faut-il que le gameplay suive. Sans rien spoiler, c’est le cas avec une formule tour par tour tactique XXL. On retrouve les bases classiques du tour par tour, avec une arène quadrillée, des hauteurs différentes et des éléments de décor qui cassent les lignes de vue. Chaque personnage est placé comme sur un échiquier, et différentes mécaniques entrent en jeu pour nos attaque, pour toucher ou non notre cible, réussir un sort, obtenir des multiplicateurs de dégâts, se positionner (dos, latéral, en hauteur) a un impact, etc. La difficulté reste assez élevée (sans être Tactics Ogre), ce qui nous pousse à analyser la situation et à nous adapter au cas par cas. Avec cinq combattants maximums sur l’arène, il est nécessaire d’avoir un groupe adapté à chaque combat, et c’est dans cette optique que le système de classes prend toute son importance, ainsi que la préparation en amont de chaque bataille. Il est impossible de foncer tête baissée en jouant 24 heures sur 24 la même classe et les mêmes avatars juste parce qu’ils nous plaisent. Il y a une vraie profondeur dans sa proposition, dans son gameplay et dans les mécaniques offertes. 

Il porte bien son nom : Tactics

La bataille, c’est bien, mais y être prêt, c’est mieux. Entre les détours dans les différents magasins pour acheter de l’équipement et le renouveler souvent, le recrutement de nouvelles unités, le déblocage de nouvelles classes et compétences, le leveling de nos avatars, l’optimisation des groupes avec des cohésions d’équipes et des synergies de sorts, etc. cela représente une sacré partoe de l’expérience. Optimiser son armée n’est pas optionnel, c’est assez vital dans le cas de Final Fantasy Tactics. Et quand vous verrez le look de certaines classes, vous ne pourrez pas vous empêcher de voir des références à d’autres opus majeurs de FF.

Ce remaster apporte la petite touche de modernité attendue sur l’esthétique, sans pour autant dénaturer l’origine de FF Tactics, ses origines et son identité. Alors oui, on a vu des remasters plus profonds et plus fins, mais en toute franchise et en toute impartialité, le cas de FF Tactics est clairement suffisant. Le rendu est séduisant et cette version comporte quelques améliorations diverses de qualité de vie. Tout n’est pas tout rose, avec une caméra encore un peu capricieuse par moments, et une profondeur de gameplay qui aurait mérité quelques tutoriels un peu plus précis et consistants pour accompagner les nouveaux joueurs, notamment pour tout ce qui touche à la Foi et à la Bravoure, qui peut paraître flou pour certains. Sinon, dans l’ensemble, la qualité est au rendez-vous et profiter d’une telle œuvre dans ces conditions est un rêve. En revanche, tout le contenu offert dans les versions additionnelles, comme The War of Lions, n’est pas de la partie. Le remaster se base sur la version PSX de 1997 et oublie tout ce qui a été ajouté entre-temps via les différentes rééditions. Dommage.

Final Fantasy Tactics The Ivalice Chronicles est LE remaster d’un jeu indémodable qui nous offre aujourd’hui une version XXL enfin adaptée à l’Occident. Avec sa plume remarquable, son monde inspiré et riche, son gameplay profond, sa générosité en termes de contenu et les quelques ajouts et améliorations apportés, c’est un pur bonheur. Tout n’est pas parfait, mais bouder ce Final Fantasy Tactics The Ivalice Chronicles serait passer à côté d’un TRPG comme on en fait peu.

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