10 novembre 2025

Test Absolum : le beat’em up 2D façon roguelite explosif

Quand trois mastodontes se donnent la main pour créer un beat’em up, cela donne Absolum. Entre Dotemu, Guard Crush Games et Supamonk, il y a du beau monde et cela vend du rêve. Leur mission : offrir un sang neuf à un genre longtemps laissé dans son coin, le beat’em up 2D, cette baston à l’ancienne qui retrouve ici un second souffle grâce à une hybridation intelligente avec le roguelite. Et en tant que joueur ayant connu les Golden Axe, Street of Rage et consort dans les années 90, c’est un genre qui me parle et qui m’attire encore et toujours, tandis que le rogue a le vent en poupe ces dernières années. Mélange surprenant sur le papier, c’est une sincère réussite dans la réalité.

Des classiques, certes, mais ici réinterprétés avec une modernité avérée ? On retrouve le plan de jeu élargi qui défile quand notre avatar avance, et cette fantasy old-school qui colle parfaitement à l’univers de Talamh, monde chatoyant où la castagne règne en maître. Il ne m’a fallu que quelques minutes pour me sentir comme à la maison tant toutes les mécaniques du beat’me up 2D sont bien retranscrites, nous renvoyant des années en arrière.  Mais si certains titres arrivaient avec seulement leur histoire en ligne droite basée sur du scoring pour justifier une rejouabilité, Absolum injecte la logique du run et du rogue avec des essais différents les uns des autres sur de nombreux aspects : un nouveau bonus glané en fin de zone, une rencontre différente, une récompense inattendue, aucune partie ne ressemble. Comme dans tout bon rogue, c’est dans la répétition des essais que se construit finalement la progression. Cela apporte une touche de fraicheur aux précédents beat’em up 2D où on reproduisait finalement dans les grandes lignes la même chose.

La première claque, c’est l’esthétisme d’Absolum qui nous tape dans l’œil. La direction artistique est tout simplement sublime, avec un rendu inspiré du monde de la BD. Le charadesign est léché, les décors et environnements sont inspirés, et le bestiaire varié et fournit. Le tout donne une vie au monde de Talamh dans lequel on prend un réel plaisir à enchainer les expéditions. En mourant souvent en routes certes, mais l’expérience n’en demeure pas moins une réussite. C’est beau, on kiffe. La narration s’étale d’essai en essai, et au gré de nos rencontres. Le casting est remarquable, composé d’avatars originaux et haut en couleur, avec des dialogues doublés intégralement en anglais, et surtout changeant selon l’avatar incarné par le joueur (il y a deux personnages au départ, plus par la suite). Même si, dans le fond, la trame n’est pas révolutionnaire en soi, ce que nous racontent les trois studios affairés derrière Absolum se tient, c’est bien ficelé et bien agencé.

Souvent, les rogues se base sur une génération procédurale des niveaux, afin de créer des runs uniques de bout en bout, que ce soit chaque petite zone, les ennemis (qui, combien où) tout comme le choix des récompenses, etc., mais dans le cas d’Absolum, il y a une partie fixe : l’ordre des cartes, le monde étant construit et dessiné entièrement à la main, avec un point de départ connu, une destination déterminée, et les différents chemins pour joindre les deux points en vue, finalement la variation dépend plus de nos choix que d’un process de génération aléatoire. 

Dans l’idée, cela génère un peu moins de random, mais il y a une telle qualité de la part des créatifs derrières Absolum que finalement, cela ne choque pas outre mesure. Pour parler plus grossièrement, voyez plutôt la progression comme un itinéraire prévu à l’avance selon quelques choix initiaux (il y a deux chemins au départ par exemple). La part aléatoire reste tout de même importante avec le choix des ennemis, dans quelle zone, de quel type, dans quel nombre, les butins, les zones avec interactions possibles, voire les PNJ présents dans le théâtre de nos batailles, tout comme certains passages secrets accessibles ou non d’un run à l’autre. Il y a toujours un petit truc en plus, d’un essai à l’autre, de quoi maintenir notre intérêt à essayer encore et encore. Passé l’aspect découverte vient la partie apprentissage pour bien assimiler les patterns des adversaires et des boss, des essais en chaines pour enfin mettre notre adversaire à terre et pouvoir avancer au prochain décor jusqu’à atteindre le boss final.

Le cœur de l’expérience, c’est bien entendu le gameplay et pour le coup Absolum se montre non seulement complet, mais aussi généreux, suivant le crédo « easy to use ; hard to master ». Notre avatar dispose de deux attaques, une classique et une lourde, mais aussi de talents utilisant de l’arcane, une énergie magique se rechargeant dans la mêlée pouvant renverser la vapeur, quand bien utilisée. À côté de cela, on retrouve les classiques sauts, dash, contres, saisies et lancer et blocage. Les affrontements sont techniques, et brutaux, avec des joutes explosives et jouissives quand la victoire est à notre portée. Les hitboxes sont justes, l’action clean, et les animations sont justes au top. Bref, le plaisir est à 110 %.

Point appréciable : l’action reste lisible en toute circonstance, même quand cela se bat dans chaque recoin, et un véritable ballet mortel prend vie sous nos yeux, avec même parfois des montures, utilisées pour mener à bien nos attaques (Haaaaa, Golden Axe) ! Solo, c’est déjà le kiff, mais en coopération à deux joueurs, cela prend une autre tournure d’autant que les jeux couch gaming sont de plus en plus rares donc quand il y en a un nouveau, et de ce calibre en plus, on est preneur à la maison avec madame. Petit plus : c’est tout autant jouable en coop en ligne !

Le challenge reste bien présent, même si cela passe un peu mieux à deux, et devrait demander aux joueurs de se dépasser un minimum pour en voir le bout. Mais Absolum ne se veut pas punitif pour autant : l’échec fait partie de l’expérience, mais la progression procure de l’évolution en continu, plus ou moins fortement selon l’avancée de nos runs, les boss terrassés et j’en passe, en accumulant de quoi débloquer des bonus à cumuler avec un équilibrage bien tuné, ne donnant pas l’impression que certains talents sont imba et d’autres, trop faibles, par exemple. Dans l’approche, on retrouve ce que la majorité des rogues propose finalement.

Absolum ne paye pas de mine vue comme cela, mais entre sa technique et direction artistique XXL, un gameplay léché, bien équilibré et soigné, son option coop (en local ou en ligne) et sa construction solide, Absolum coche énormément de cases du beat’em up 2D de folie, en ajoutant les classiques du rogue. Et le pire, quand on voit son petit prix d’à peine 24,99 euros, comment ne pas succomber ? Le mélange des genres surprend, mais il est diablement séduisant. Absolum est un réel coup de cœur, que je vous recommande fortement.

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