10 novembre 2025

Preview The Legacy : un sacré socle, à peaufiner, mais déjà bon

On sent tout de suite que The Legacy n’a pas été conçu pour plaire à tout le monde. Il y a dans ce survival quelque chose de brut, mais authentique. Pas de grandes cinématiques, pas d’explosions spectaculaires : juste la forêt, la brume et cette impression constante d’être seul contre le monde. Je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre en le lançant : une belle surprise ou encore un survival sans âme ? Ici, c’est la promesse d’une expérience à l’ancienne, sans fioritures, où chaque minute compte. Et c’est exactement ce que j’ai trouvé : un jeu exigeant, pas toujours optimisé, mais avec une ambiance qui colle à la peau. The Legacy possède ce petit truc qui fait qu’on a envie d’y retourner, un jour ou l’autre.

L’introduction se passe presque sans un mot. Le décor fait le reste : des maisons en ruine, des silhouettes d’arbres au loin, un feu de camp qui refuse de s’allumer. The Legacy nous plonge dans son univers sans explications, et c’est à nous de nous adapter : pas de tutoriel envahissant, pas d’icônes partout à l’écran. Juste nous et ce silence qui pèse. Et même si un poil plus d’accompagnement n’aurait pas été de refus, cette sobriété fait du bien. Le monde n’a pas besoin d’en faire trop pour exister : il nous laisse le temps de l’appréhender, de le craindre, et surtout de l’écouter. Sur le fond, on reste dans les codes du genre : on récolte, on construit, on chasse, on se protège du froid. Rien d’inédit, et pourtant, l’équilibre fonctionne. Tout paraît un peu lent, raide, mais c’est voulu. Ici, la survie se gagne à la sueur de nos actes. Chaque ressource trouvée a de la valeur. Chaque feu qu’on allume est une petite victoire. Et quand la nuit tombe, que les ombres s’étirent entre les arbres, on réalise que ce monde n’est pas seulement hostile : il est habité.

C’est sans doute là que The Legacy tire sa force. Le surnaturel n’arrive pas en pleine figure, il s’installe doucement. Des traces au sol, un murmure lointain, une silhouette entre deux troncs. On sent la menace avant de la voir. Ce mélange de folklore et de mystique donne une vraie identité au jeu, qui parvient à raconter quelque chose sans jamais le verbaliser. Il y a dans chaque recoin cette impression de territoire ancien, de terre maudite. Et même si tout n’est pas parfaitement abouti, l’immersion, elle, fonctionne à merveille.

En coop, le jeu prend une tournure radicalement différente. À plusieurs, on oublie la lenteur du début pour se plonger dans une survie nerveuse, presque chaotique. Il faut communiquer, répartir les tâches, surveiller le feu, réparer les outils. Entre amis sous Discord, The Legacy prend un autre tournant, excellent. Et quand un cri retentit dans la nuit, c’est la panique générale. Ces moments-là, partagés entre tension et fous rires nerveux, valent tout l’or du monde. The Legacy brille clairement à plusieurs, parce qu’il repose sur la peur et la solidarité. Ce n’est pas un jeu d’action, c’est un jeu de survie au sens littéral du mot : on avance, on improvise, on s’en sort ensemble. En solo, en revanche, c’est une autre expérience, qui reste plaisante mais vraiment différente… à se demander si The Legacy n’a pas été pensé pour pleinement prendre ses aises en groupe.

Techniquement, The Legacy n’est pas une claque visuelle, mais le rendu global est propre, avec une belle gestion des lumières et des ombres. Les animations ont encore ce petit côté rigide des productions indé, et quelques soucis d’optimisation viennent parfois gâcher la fête, mais rien de rédhibitoire. L’atmosphère sonore est une réussite. Les pas dans la boue, le vent dans les branches, le craquement du bois — tout sonne juste. Le silence, surtout, devient un élément de jeu à part entière. Sur la durée, le titre montre toutefois ses limites. Le monde est beau, mais encore un peu creux. On explore beaucoup, sans toujours être récompensé. Les quêtes secondaires et les rituels ajoutent une dimension intrigante, mais leur rareté laisse un goût d’inachevé. On sent une base solide, mais pas encore exploitée à fond. Ce n’est pas un reproche sévère, c’est souvent le cas pour les ajeux à très petit budget / prix, mais le jeu mérite clairement de se densifier.

Si l’équipe tient ce cap, The Legacy pourrait rapidement s’imposer comme une belle surprise du genre. Ce n’est pas un clone de The Forest ni une simple copie de Green Hell. C’est un jeu qui croit à son propre mythe, à son ambiance, à cette lenteur qui fait sa force et qui construit sa propre identité. On sent la passion derrière le projet, cette envie de bien faire sans en faire trop. J’ai passé des heures à errer, à chercher des traces, à lutter contre la faim et le froid, sans jamais ressentir la lassitude qu’on trouve souvent dans le genre. Parce qu’ici, même quand il ne se passe rien, il se passe quelque chose. Petite surprise : affiché à 14,79, The Lgeacy est en promo actuellement à 13,31 euros jusqu’au 22 octobre. Forcément, les attentes sont à avoir en adéquation avec un titre à moins de 15 balles.

Alors oui, tout n’est pas parfait mais il y a cette flamme qui pousse à y revenir. The Legacy n’est pas un jeu qui te récompense vite, c’est un jeu qui t’absorbe lentement. Et quand tu réalises que ton feu de camp est en train de s’éteindre, que tu n’as plus de bois et que la brume s’épaissit, tu comprends que tu es exactement là où tu devais être : dans ce moment suspendu entre peur et fascination. Je ne sais pas si The Legacy tiendra toutes ses promesses sur le long terme (j’ai enchainé les heures, mais n’ait pas fini le jeu), mais il a déjà quelque chose que beaucoup de jeux ont perdu : une âme à lui.

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