Harvestella : un mélange de genre simple mais diablement addictif

Le bal des JRPG continue avec cette fois-ci une toute nouvelle licence chez Square Enix : Harvestella. Avec sa DA me rappelant Bravely Default, et un mélange des genres ARPG et Farmsim, j’ai été fortement intrigué et curieux d’autant qu’on découvre un visuel un cran au-dessus à la concurrence. Après m’être frotté à la démo Switch, c’est sur PC et notamment Steamdeck que j’ai pu découvrir un titre addictif et fascinant. Même si le gameplay n’atteint pas la profondeur des meilleurs simulateurs de ferme ni des cadors de l’action RPG, j’y ai trouvé mon compte pour un voyage léger, sans prise de tête et enchanteur.

Après avoir créé notre avatar, on se retrouve dans un petit village semblant mort ou abandonné et à l’atmosphère teintée de rouge. On poursuit la petite voix qui nous guide, émanant d’une mystérieuse fillette, en direction d’un cristal rouge géant avant qu’on perde connaissance. À notre réveil, tout semble être revenu à la normale, mais pas de bol, on est amnésique. Notre personnage ne se souvient d’absolument rien. Le docteur Cres (du village voisin, Lethe) nous recueille et après discussion avec le maire, ils nous proposent tout deux un abri le temps qu’on reprenne pied afin de nous protéger du Quietus : à chaque changement de saison, un phénomène étrange et dangereux pour toute personne en extérieure se produit à cause du lumicycle (le cristal rouge). 

Notre refuge n’est autre qu’une ancienne ferme abandonnée qui ne demande qu’à être remise en fonction. Alors que Cres nous présente Lethe, après nous avoir appris les rudiments de la culture, un nouveau phénomène anormal se produit : ce qui s’apparente à une météorite se crache sur le lumicycle ayant pour effet de le « réveiller » à nouveau. Il s’avère que l’objet tombé du ciel est lié aux Augures, des extra-terrestres vindicatifs. La morale et l’éthique de Cres ne peuvent être mises de côté, elle décide de soigner l’Augure, dans notre nouveau domicile ! Il s’avère que cette armure abrite en réalité une jeune fille, Aria, qui ne sait pas non plus comment elle a atterri ici. 

Un monde inconnu

Passé quelques jours, notre avatar est face à de nombreuses interrogations sans compter qu’Aria semble tout droit venu d’un futur chaotique. S’en suit toute une myriade d’évènements additionnels durant lesquels on apprend qu’il y a en fait 4 lumicycles, tous associés à une saison et à une fée dont ils tirent leurs pouvoirs, et que tout cet équilibre coure un grave danger. On se lance en compagnie d’Aria dans une aventure au travers du monde afin d’élucider les mystères liés au Quietus, les lumicycles perturbés et leurs fées sans oublier le lien avec les Augures, la place d’Aria ainsi que la nôtre dans cette équation.

On découvre une multitude de personnages aux histoires et passifs souvent tragiques. D’ailleurs, on noue et on améliore notre relation avec certains d’entre eux afin de débloquer différents bonus.  On part pour plusieurs dizaines d’heures afin de boucler l’aventure qui s’avère plaisante tout en restant simple voir légère côté narration et construction. J’ai apprécié justement cet aspect, d’un titre plus accessible, qui permet de passer un agréable moment simplement d’autant que le rythme est plutôt bon. On avance donc à notre rythme sans se mettre la pression.

Une cadence et un rythme

Harvestella offre un gameplay sur deux facettes : une première axée sim, farm et craft alors que la seconde se veut plus orientée action RPG, mais avant tout cela on découvre la mécanique qui régit la vie en jeu : le temps qui court et où chaque action a son impact. Très rapidement, on met en place notre routine quotidienne : réveil aux aurores, on se consacre à la ferme ou à récolter tout ce qui est disponible sur notre lopin de terre, on craft, on consulte notre boite aux lettres avant de partir faire un tour en ville dès 8h l’heure où tout ouvre avant de filer faire nos quêtes sur le terrain, farmer ou parcourir un nouveau donjon. En plus de cela, notre endurance a une part primordiale elle aussi : elle baisse à chaque action, chaque sprint, chaque coup porté et ne remonte qu’à condition d’avoir suffisamment mangé !

Chaque culture nécessite x jours pour être récoltable et surtout on change de saisons tous les 30 jours qui n’est pas sans conséquences ! Bref, le temps et l’endurance sont les premières notions qu’on découvre, et qu’on prend en main. C’est plaisant d’autant qu’on n’est pas cadencé par du temps réel à la façon d’un Animal Crossing par exemple. Ici, on complète une journée en moins d’une heure de jeu en règle générale. Régulièrement, on doit arrêter ce qu’on faisait pour aller se reposer et reprendre le lendemain sous peine de perdre connaissance et de retourner chez nous instantanément avec un réveil le matin suivant !

Fermier cherche EXP

Harvestella nous plonge doucement, mais surement dans l’univers du farm sim. On attaque par les bases, avec des possibilités qui s’étoffent au fil de l’aventure. Ne vous attendez pas à la complexité d’un Rune Factory ou Harvest Moon. Même si la formule Square Enix est plaisante, elle reste légère et surtout optionnelle : à aucun moment on n’est obligé de s’y plonger, elle est plus là comme un bonus qui donne un coup de pouce pour accumuler de l’argent et totalement déconnectée de la progression de la narration.  Le studio a tout de même voulu apporter quelque chose de complet, on doit d’abord se débarrasser des cailloux avec le marteau, retourner la terre, semer et arroser journalièrement avant de pouvoir récolter.

On choisit de revendre via la boite d’expédition nos cultures ou on le garde pour notamment la cuisine afin de se préparer soit même de quoi avoir toujours l’estomac plein et voir son endurance baissée bien moins vite. On acquiert par la suite des appareils comme un moulin pour se faire sa propre farine, ou se fait des jus maison avec les légumes et j’en passe. Mais là aussi, on n’obtient pas le produit final de suite, cuisiner fait passer le temps d’un coup de plusieurs dizaines de minutes.  Les plantations disponibles dépendent de la saison en cours, et chaque produit ne nécessite pas la même durée pour murir, ne génère pas le même montant via les ventes etc. Selon ce que cherche le joueur, il oriente son exploitation autrement.

Totalement optionnelle, la composante farm génère des récompenses régulièrement via les missions des fées de type « récoltez x concombres » « cuisinez x fois » et j’en passe. À chaque palier d’objectif rempli, les fées nous offrent quelques bonus et cadeaux dont des recettes ou améliorations des outils construits. Et c’est sans oublier la possibilité d’avoir des animaux, d’améliorer et agrandir notre structure, etc. On se retrouve face à une expérience plaisante, légère, mais comme déjà annoncée optionnelle et loin de la complexité et importance d’Harvest Moon ou autre mastodonte du genre. Personnellement, cela m’a amplement convenu de la sorte: ça existe mais surtout cela ne consomme pas tout notre temps de jeu!

Baston ? Ready !

Côté RPG et affrontement, Square Enix prend le dessus face à la concurrence que cela soit en termes de variété ou richesse même si, encore une fois, la formule reste à première vue simple. On découvre un ARPG en temps réel où on ne contrôle que notre héros avec une touche pour l’attaque, le saut et le sprint pour débuter avant de découvrir des capacités spéciales (à temps de recharge) un peu plus tard (une gâchette plus l’un des quatre boutons du pad) qu’on acquiert et améliore via l’arbre de spécialisation. On y dépense les points de spécialisation qu’on gagne en jouant une spé tout simplement. 

Il y a d’ailleurs une bonne dizaine de classes à débloquer qu’on change d’un simple click, tout aussi facilement que les outils dans la partie farming. Chacune de ces spés affichent des points forts et des faiblesses nous amenant à régulièrement en changer afin de nous adapter aux adversaires du moment qui sont régit par les mêmes règles.

On rencontre quelques ennemis élites, ou des boss, qui possèdent des barres d’interruption. Une fois réduite à 0 avec la bonne source élémentaire utilisée, cela génère un hébètement à l’ennemi en plus de provoquer des dégâts boostés. De même, il arrive que l’ennemi canalise une attaque violente, qu’on peut interrompre en causant suffisamment de dégâts sur un court laps de temps.  On reste sur une formule très basique sur laquelle on constate par exemple l’absence de toute esquive via un dash standard, de blocage ou autre. Le socle est plaisant, accessible pour toucher énormément de joueurs mais je pense qu’il y avait la place pour ajouter quelques maigres (mais si utiles) fonctionnalités à mes yeux.

Une histoire de donjon

On quitte notre cocon afin d’atterrir sur la map monde et rejoindre l’une des régions à explorer. Il s’agit d’une succession de zone à l’apparence labyrinthique où il est impossible de se perdre. On trouve aisément son chemin qui offre tout de même quelques petits passages annexes, récompensés par du loot additionnel et des composants de craft. On découvre l’existence de raccourci via des échelles ou des ponts qui nécessitent d’être réparés pour être fonctionnels (cela impacte encore une fois le temps).Bien sûr, régulièrement on n’arrive pas au bout du donjon dans la journée, on revient le lendemain et c’est là qu’on est content d’avoir pu remettre en état les chemins annexes sans oublier la découverte de monolithe permettant (une fois rendu à l’entrée du donjon) de se téléporter au pied de l’un d’eux.  À défaut de révolutionner le genre, la grande variété aussi bien des environnements que du bestiaire permet d’effacer la monotonie qui pourrait se faire ressentir. 

Leveling ?

On accumule de l’expérience en remplissant des quêtes et dans les combats, mais cela ne se comptabilise réellement qu’une fois couché pour une bonne nuit de sommeil. Cette prise de niveau est elle aussi basique et se limite à la montée de nos statistiques de bases. On retrouve des fonctionnalités connues comme le forgeron où on améliore nos armes par exemple, tout comme on équipe des accessoires pour continuer à optimiser notre personnage. Harvestella utilise un socle éprouvé et intégré à tout RPG sans aller en profondeur du système. Est-ce mauvais pour autant ? Non, du tout, mais les hardcores gamer trouveront surement cela soft.

Techy

Harvestella dégage un petit truc dans son ambiance et atmosphère qu’on adore. Personnellement, il me fait énormément penser, côté chara design, à Bravely. La direction artistique générale, générique par moment, arrive tout de même via son style visuel lumineux et coloré, à faire son effet d’autant que l’environnement est impacté par la saison en cours, qui tourne rappelons-nous assez rapidement. Certes les options PC sont très faibles (définition, affichage plein écran ou non, framerate), mais cela suffit amplement du fait que le titre est très peu gourmand d’ailleurs c’est le top sur Steamdeck). Entièrement traduit en français, cela permet au plus grand nombre de joueurs de s’y intéresser et on apprécie. L’OST, comme énormément de Square Enix, est une petite pépite avec de nombreux thèmes entrainants et qui restent en tête. 

Harvestella a un peu le derrière entre deux chaises : il vise plusieurs composantes en alliant différents genres tout en restant en « surface » sur chacun d’eux pour donner au final un titre assez chill et relaxe. N’étant pas un joueur aguerri des farm sim, j’ai trouvé Harvestella justement intéressant pour cette raison : c’est certes optionnel, mais même quand on s’y intéresse cela ne consomme pas tout notre temps de jeux. Le gameplay action aurait pu être un poil plus poussé, car il manque des basiques, mais le mélange des genres m’a tout de même fédéré sur la durée et la direction artistique couplée à la bande n’y sont surement pas pour rien. Je vois clairement Harvestella comme une entrée en la matière en douceur pour les simfarm, sans prise de tête avec un univers intéressant et une durée de vie conséquente.