God Of War Ragnarök : fin du voyage asgardien en apothéose

Le reboot de God Of War, sortie en 2018, fut une sacrée claque avec une hype de folie pour sa hypothétique suite tant la porte ouverte était grande ouverte une fois l’aventure finie. God Of War Ragnarök est enfin là, et même si on se laisserait tenter de penser qu’on fait face à une simple version « 1.5 », on s’aperçoit avec les heures qui défilent que Santa Monica propose bien plus avec quelques nouveautés bien senties, poussant encore l’expérience plus en profondeur.

Test garantie sans spoiler, quelque soit le sujet, pour ne pas gâcher le plaisir de la découverte ayant moi-même horreur qu'on me balance des infos importantes sur un jeu que j'attends énormément. De ce fait, je n'ai partagé aucun gameplay maison et ai limité les captures à ce qu'on voit dans les premières 45 minutes avant une première rencontre importante.

God Of War Ragnarök prend place trois ans après le premier opus, où le monde est en proie à un hiver sans fin – le Fimbulvetr – présageant l’arrivée imminente du Ragnarök, synonyme de fin du monde. Santa Monica a pensé à tout : vous voulez vous rafraichir la mémoire ou vous n’avez pas fait le premier opus ? Un résumé vidéo est disponible afin de donner toutes les billes nécessaires pour prendre le train en route (je conseille fortement, de mon côté, de faire le version 2018 entièrement). 

On retrouve avec un plaisir non dissimulé le duo père / fils pour un nouveau voyage épique au travers des 9 royaumes qui composent cet univers mythologique nordique avec un Kratos toujours aussi peu enclin à laisser son fils prendre son envol bien qu’on sent que leur relation murie avec le temps. On est entrainé dans une épopée à la narration béton, dans un contexte mythique. On y rencontre tout un tas de personnages légendaires, qu’on entraine avec nous ou qu’on combat. Il est difficile de parler de cet aspect de peur de lâcher un spoil ou autre, mais nom de Dieu (il y en a beaucoup ici haha), c’est tout simplement extra. 

La mythologique Nordique est riche avec un lore conséquent, c’était forcément un terreau adéquat à créer des aventures magiques qui fédèrent le joueur. Même si Santa Monica a pris quelques libertés pour adapter ce socle à son jeu, j’ai adoré. On conclut l’arc nordique d’une bien belle façon. On avait déjà découvert certains des neufs royaumes précédemment, mais on ne tombe dans pas dans le déjà-vu avec l’impact de cet hiver de chaque instant. Le sentiment d’être parfois seuls est bien moins ressenti ici dans des régions plus « vivantes » malgré l’approche de fin de temps d’autant que Mimir parle toujours autant avec ses anecdotes et informations qu’il délivre en permanence.

On découvre des mondes tous plus sublimes les uns que les autres avec un bestiaire enrichi dans cet action RPG (avec la fameuse caméra par-dessus l’épaule) qui ne met pas longtemps à dévoiler ces petites nouveautés question gameplay aussi bien du côté des armes que des compétences. On retrouve la base de l’opus 2018 qui gagne encore en options et possibilités et cela se ressent immédiatement quand on se lance dans la castagne dans lesquelles on peut toujours demander un soutien à Atreus. Les adversaires sont plus diversifiés que par le passé, et pas que pour une question de skin, sans compter les quelques boss assez costauds qui nous attendent via l’un ou l’autre affrontement qui resteront pendant longtemps en mémoire tant c’est épique. C’est nerveux, j’étais dans le feu de l’action non-stop avec un réel plaisir à exploser mes ennemis sans tomber dans l’abus dans le sens où on a beau être un demi-dieu, en face on combat des créatures vraiment puissantes pouvant donner du fil à retordre.

Le casting de personnage est charismatique, on voit les évolutions de Kratos, mais surtout de son fils et l’immersion est extra avec un doublage de qualité et que dire des émotions qui ressortent de l’expression des visages de nos héros ! La bande-son fait toujours son effet avec des thèmes qui se marient à la perfection à l’atmosphère du moment. Ça alterne discrétion, en fond très subtil, à une prise de volume quand il le faut. Elle joue beaucoup sur l’ambiance globale du titre. J’avais déjà trouvé la BO du premier God Of War exceptionnelle, on ne change pas l’avis d’un iota ce coup-ci.

Même si on reste sur une progression assez « linéaire » sans tomber dans le couloir ultra cloisonné, on sent la volonté de Santa Monica de nous proposer des environnements plus vivants, plus fournis, avec de nombreux petits détails ci et là (un peu comme le bestiaire, encore une fois) poussant à explorer chaque recoin disponible qui est souvent récompensé qui plus est. God Of War nous dirige dans la direction qu’il désire tout en nous laissant de bribes de liberté clairsemées. Le cheminement reste très balisé de base, avec des indications de la direction à prendre, où on doit passer, où une interaction est possible etc. La dimension RPG, que cela soit la gestion de l’équipement, le craft ou pour acquérir / améliorer des compétences reste dans les très grandes lignes similaires dans ce qu’on a connu dans la précédente aventure de Kratos avec ses qualités, mais aussi ses quelques défauts. C’est classique, mais efficace. 

Outre les combats, God Of War Ragnarök propose toujours quelques phases de puzzles loin d’être complexe, mais qui permettent de varier la rythmique dans la progression avant de repartir de plus belle. D’ailleurs, le titre offre énormément d’options axées accessibilité permettant de modeler l’expérience au plus grand nombre sans oublier une difficulté qui s’adapte via 5 paliers (pouvant rendre l’expérience aussi facile que hardcore) à différents profils de joueur. Cela modifie forcément le temps nécessaire pour compléter l’expérience qui doit prendre aux alentours de 25h en ligne droite quoi qu’il arrive à plus du double pour les complétistes. On kiff l’aventure qui conserve ce qui a fait de God Of War 2018 un succès tout en rafraichissant l’une ou l’autre composante ci et là.

Même si God Of War Ragnarök est crossgen, c’est du solide sur l’intégralité des supports côté technique. Santa Monica maitrise le moteur graphique, tout autant que le hardware Sony et cela se ressentent immédiatement. Quel que soit le preset choisi sur Playstation 5, c’est du lourd et surtout stable ! À de nombreuses reprises, on contemple ce qu’on voit plutôt que de progresser… Que cela soit les paysages, la modélisation et animation des visages, le rendu des ennemis et protagonistes en général, le détail des armures, de la chevelure ou de la fourrure, de la multitude de détails comme les traces dans la neige ou encore la gestion éblouissante des lumières et ombres, c’est assez bluffant (qu’est-ce que cela serait sur une production purement nouvelle génération ? Mouarf). On retrouve deux presets, habituels : 4K à 30fps pour le mode résolution ou 60fps en 1440p côté performance. Si vous disposez d’une TV avec HDMI 2.1 avec le 120Hz et VRR, le premier mode monte à 40fps fixe, alors que le second passe en framerate débloqué ! 

J’ai pour ma part privilégié la fluidité, pour ne pas changer, à la résolution et c’est un plaisir pour les yeux, on en prend plein les mirettes. Je le répète, mais tous les modes, visuellement parlant, tabassent aussi bien sûr PS5 et même sur PS4 c’est costaud (mais OK, ça souffle fort côté ventilo). Comme bon nombre de productions sur nouvelle génération maintenant, les temps de chargement sont inexistants en apparence avec des petits tours de magie substituant le très court loading screen par une cutscène. On sent l’arrivée des SSD et leur utilisation sur les nouvelles consoles (PS5 comme Series, je généralise) par rapport aux vieux disques plateaux en 5400t/m est plus qu’appréciable. 

J’avais plus qu’apprécié le reboot de God Of War avec une aventure qui m’avait paru plus complète que les purs beat’em up passés : une narration poussée, une mise en scène incroyable avec sa multitude de plans larges, un décor et une imbrication dans la mythologie nordique de bonne facture sans oublier un gameplay nerveux et une dimension RPG certes perfectible, mais ayant atteint plus que le minimum attendu pour une production de ce calibre. God Of war Ragnarök se positionne comme « plus qu’une suite » en réutilisant les points forts du reboot 2018 tout en améliorant certaines facettes ayant fait l’objet de reproches de la part des joueurs. La conclusion asgardienne restera longtemps en mémoire en faisant au moins aussi bien sur chaque facette si ce n’est mieux que l’épisode précédent pour un récit de grande classe et techniquement irréprochable. Une pépite à découvrir de toute urgence même si tout ne sera pas parfait pour tout le monde (cela reste tout de même dans l’idée une suite, améliorée certes).