Evil West : annihiler du vampire dans un univers far west sombre? Quel pied!

Flying Wild Hog (Shadow Warriors/Space Punks) nous propose un savoureux mélange de western et de chasse aux vampires : Evil West. Le titre nous amène dans une épopée sanglante et électrique bourrée d’action qui, même si elle peut se montrer un peu redondante sur la globalité, offre un excellent défouloir et du fun à plein tube. Evil West devrait réussir à se faire une place auprès des joueurs avides de baston frénétique.

On incarne Jesse Rentier, célèbre chasseur de vampire, traquant le réputé Peter D’Abano dont l’organisation tient prochainement une réunion secrète dans des mines voisines. Afin de pouvoir infiltrer les lieux, Jesse cible la petite frappe gérant en arrière-boutique la livraison de sang pour D’Abano : Chester Morgan. Tout se déroule comme prévu : notre héros met la main sur Chester qui lui ouvre l’accès aux tombeaux souterrains permettant d’appréhender et capturer D’Abano.

Affaire réglée! Jesse retourne au QG de sa faction, l’institut Rentier tenu par son propre paternel, avec la tête du vampire sous le bras pour le traduire en justice, mais la situation dérape : la fille du chef ennemie, Felicity, passe à l’action et rase la base en laissant derrière des victimes collatérales dont le père de Jesse mordu ! L’enjeu devient double pour notre chasseur : trouver le remède dont certaines légendes font récit, mais surtout arrêter Felicity qui vise bien plus qu’une simple vengeance. On part de la capture d’un leader adverse à la découverte d’un plan visant à renverser l’ordre actuel mondial pour créer une dynamique nouvelle en utilisant du sang trafiqué. C’est un long et mortel périple qui attend Jesse avec certains choix difficiles.

Il était une fois dans l’ouest

Evil West délivre une narration assez classique avec des thèmes connus comme le sang réclamant le sang et la vengeance, les relations familiales, le sens du devoir ou encore le « un pour tous », mais la construction cohérente offre un voyage qu’on suit avec plaisir. On pourrait comparer Evil West à certains films où on sait plus ou moins d’avance ce qui se produira, ne laissant guère de véritables surprises ou rebondissements forts, mais où on en tire quand même un bilan positif en finalité, car c’est bien raconté.

Côté ambiance, Evil West ne fait pas dans la dentelle avec une direction artistique soignée au service de son univers alliant western, vampires et autres engeances du mal. Flying Wild Hog tient la dragée haute que cela soit les décors et environnements tous aussi inspirés les uns et mais aussi tout ce qui tourne autour en termes d’atmosphère. Chacune des quelques dizaines de missions jouables propose une identité propre dont certaines vraiment solides. On pense notamment aux marais et la vieille église abandonnée ou la forêt lugubre où on finit dans les tripes d’une créature géante issue du folklore indigène. Evil West affiche énormément de petits détails qui font prendre conscience de la situation et que la mort est partout : des cadavres pendus, calcinés ou rongés par des sangsues, etc. Et comment oublier les hectolitres de sang à chaque fois qu’on cogne des adversaires, qui se disloquent au fur et à mesure que leur vie descend. 

Je prendrais un demi de sang

Le bestiaire enfonce le clou côté diversité avec des monstres de plus en plus imposants et puissants et le comble est quand on se rend compte qu’un ennemi considéré comme un boss il y a une heure est à présent dans les standards et sert de familier au nouveau caïd. Certains combats majeurs sont assez épiques d’ailleurs grâce à une mise en scène aux petits oignons. Le rendu technique accentue davantage le ressenti via des effets de lumières ou feu la nuit au superbe rendu ou le brouillard le jour. Certes, certains aspects nous sortent un peu de l’action immersive notamment des soucis de collision ou des adversaires morts pourtant encore debout à gesticuler. Au final, on est tout de même très majoritairement convaincu par ce qu’Evil West nous propose en atmosphères et paysages.

Dans 3 goules, tournez à droite et feu à volonté

On sent clairement l’influence des cadors du shooter action dans lesquels Flying Wild Hog puise son inspiration du côté du level design et la construction des niveaux où Evil West nous fait penser sans problème à Gears of War. À l’image de Marcus Fenix, Jesse progresse dans des espaces étriqués ou pas loin du couloir où se succèdent quelques énigmes légères s’insérant entre les nombreuses arènes où s’enchainent les vagues qu’on doit dessouder. Sans être un réel reproche, on ressent tout de même une légère redondance sur le principe d’autant que l’avancé est très balisée avec des éléments fortement mis en avant visuellement pour être sûr qu’on ne passe pas à côté que cela soit pour les chemins principaux ou ceux nécessitant une action de notre part comme dynamiter un mur bloquant la route ou installer une tyrolienne pour franchir un fossé.

Fort heureusement, Evil West possède un gameplay qui se dévoile tout au long de l’expérience afin d’ajouter en permanence un peu de nouveauté ce qui amenuise ces sentiments. Jesse acquiert de l’armement ou des capacités régulièrement, sans compter les variantes qui amènent encore plus de punch. Que cela soit au corps à corps ou à distance, Jesse dispose d’un arsenal à toute épreuve. On enchaine les coups de poing au gantelet tandis qu’on sort revolver ou arbalète pour les ennemis aériens. Les frappes pleuvent, les combos se succèdent jusqu’à réduire entièrement la barre de vie adverse pour déclencher les finishers, animations où on extermine les monstres sans vergogne : on arrache une tête, on coupe en deux un vampire avec l’arme qu’il possédait ou on explose le crane au fusil à canon scié et j’en passe. C’est le festival du gore et l’hémoglobine. La formule de base est de la brutalité pure et sans détour, et on admet qu’on a adoré ce lâcher de violence pour démanteler toute cette horde de créatures des enfers.

Au plus profond des catacombes

On penserait à tort que foncer dans le tas suffit, mais ce serait une erreur. Quand on monte les curseurs côté difficulté, Evil West nous oblige à prendre en compte les outils qu’il nous offre et de l’utiliser à bon escient à commencer par les temps de recharge de chaque arme dont on ne peut abuser. Chaque ennemi est plus moins sensible à notre arsenal, à nous de découvrir leurs faiblesses et les exploiter. L’environnement met à disposition des sources de dégâts multiples (de la TNT, des barres de fer où empaler une goule et j’en passe), certains monstres possèdent un bouclier qu’on doit détruire en premier lieu, etc. Les exemples du genre sont légion, et c’est sans compter sur les différentes armes, accessoires et améliorations qu’on débloque en cours de route comme les variantes basées sur l’électricité que nos chères vampires ou créatures du mal ont en sainte horreur. 

Le gantelet amène également encore un peu plus de liant à la recette. Dès lors qu’on accède à ses capacités, une gestion de son énergie s’impose. Certaines compétences ne nécessitent qu’une dose de puissance alors que d’autre plusieurs voir l’intégralité de la batterie pour le mode suralimenté. Sans tomber dans le complexe, il arrive qu’un mauvais choix se paye dans les difficultés les plus hautes. On découvre une formule finalement bien plus riche qu’il n’y parait pour du pur kiff en barre. 

Un chasseur amélioré vaut plus qu’un chasseur mort

La dimension RPG d’Evil West assez basique et classique. On dispose de deux systèmes pour améliorer les capacités de Jesse, passant chaque fois par un arbre de talent plus ou moins simpliste : le premier utilisant les points de compétences gagnées à chaque montée de niveau et le second les dollars accumulés sur le terrain ou en récompense de quêtes. Pour débloquer de nouvelles options, rien de plus : engendrer de l’expérience, mais pas uniquement. Evil West pousse à l’exploration afin de mettre la main sur les quelques coffres rares dissimulés sur chaque carte offrant des sorts rares, mais également des équipements purement cosmétiques cette fois-ci. Evil West n’entend pas renouveler la recette, mais il faut plutôt bien ce qu’il propose.

Elle est belle ma goule qu’il disait

Visuellement, Evil West est plutôt joli comme énoncé un peu plus tôt avec des environnements soignés, variés et diversifiés. Les animations sont fluides, l’action tout autant, le jeux de lumières et reflets tabassent. On trouve peu d’ombre au tableau hormis ceux évoqués précédemment ou par moment des microfreezes très brefs, mais tout de même visibles. À côté de cela, l’optimisation sur PC répond dans la majorité des cas avec en prime des configurations minimums et recommandées loin d’être hautes gammes pour faire tourner Evil West dans de bonnes conditions. IIl faut dire que la présence de technologies telles que le DLSS pour Nvidia ou le FSR pour AMD aide grandement à tenir un framerate élevé conjugué à un preset graphique haut même sur des machines plus modestes, 21/9 inclus qui est supporté pour notre plus grand bonheur. Sur Steamdeck par contre, étonnamment, Evil West nous a semblé moins solide que sur PC avec ces micros freeze plus visibles par exemple. J’ai également trouvé personnellement que l’action frénétique se prêtait un peu moins au périphérique.

La partie réseau n'ayant pas encore été testé autant qu'on le souhaitait, on ne se prononcera pas encore sur le mode coopératif mais cette partie sera mise à jour au plus vite!

Même si on n’oublie pas les quelques reproches possibles à son sujet, comme sa narration prévisible ou encore quelques petits bugs ci et là, le plaisir a été tel qu’on a su passer outre. On éprouve un sentiment de puissance de plus en plus jouissif au fil de la progression avec un arsenal déjanté et électrisant (c’est le cas de le dire). Le bestiaire et le panel d’environnements varié démontrent la capacité de Flying Wild Hog à créer un univers solide et auquel on adhère sans le moindre problème. Bourré d’action, Evil West est un titre explosif qui devrait trouver sa clientèle.