La série Yakuza (Like A Dragon à présent) fait preuve d’une longévité hors norme. Après un bref changement de style (passant de l’ARPG au TRPG), mais aussi de héros principal (Kiryu vers Ichiban), Ryu Ga Gotoku Studios nous ramène vers les racines de la licence pour un voyage saisissant, émouvant et tout bonnement succulent. Like A Dragon Gaiden : The Man Who Erased His Name remplit avec brio son rôle de jonction entre les deux arcs, et nous prépare pour le prochain trip prévu pour début 2024. Et dire que c’était un DLC à la base !
Gaiden se passe après Yakuza 6. Kiryu en sait trop et doit disparaitre. Il propose à la corpo du Daidoji sa « mort » en échange d’un soutien à l’orphelinat d’Okinawa, qui tient un rôle important dans Yakuza 6. Kiryu n’est donc plus, le célèbre et légendaire yakuza — le Dragon de Dojima — disparait et devient Joryu, un agent du Daidoji sous la tutelle d’Hanawa. Tenu en laisse par la corpo, il exécute leurs ordres à la lettre pour leur faire respecter leur promesse. Alors qu’il doit être sur place pour une simple livraison d’or pour un révolutionnaire soutenu par la CIA, rien ne se passe comme prévu. Il s’agit d’un guet-apens, et les criminels s’en prennent à Hanawa en essayant de le capturer. Mais un détail n’échappe à Joryu quand un assaillant l’appelle par son vrai nom !
Une famille aurait découvert que Kiryu n’est pas mort ?! Forcément cette situation n’arrange en rien le Daidoji, qui exige de Joryu de mener l’enquête, comprendre pourquoi Hanawa était la cible et surtout d’éliminer toute potentielle menace qui pourrait révéler la vérité. Mais encore une fois, le camp d’en face à une longueur d’avance. Il s’agit de la famille Watase provenant d’Osaka, de l’Alliance Omi, qui requiert notre assistance pour un besoin vital et qui se doutait de notre non-mort. On se retrouve malgré nous dans une machination offrant de nombreux rebondissements entre Osaka et le fameux château aperçu dans les différents trailers.
La relève est là
La narration est bien menée, on fait face à de nombreux défis, on fait des rencontres inattendues avec un casting composé de multiples personnages charismatiques (nouveaux comme anciens) et un dernier chapitre en apothéose. Gaiden évoque plusieurs thèmes comme la loyauté, le respect, la tristesse, la rédemption, le chantage ou encore la quête de liberté, de pouvoir, ou la vengeance. On nous annonçait que Gaiden ferait office de liant entre Kiryu et Ichiban, et il le fait plutôt bien. On comprend comment et pourquoi les deux personnages se rencontreront à l’avenir une nouvelle fois. Comptez aux alentours de 10-11 heures en ligne droite pour voir le bout de la narration, sachant que Gaiden regorge d’activités annexes qui devraient à minimum doubler la durée de vie. J’ai failli verser ma petite larme perso, à un moment de la très longue cinématique de fin. Un Kiryu comme on l’a rarement vu. L’ambiance, sur le principal du moins, reste assez sérieuse mais on retrouve toujours cette petite pointe de loufoque par moment qui fait mouche à chaque fois. C’est un Yakuza version condensé mais sans perdre ses valeurs et ses points forts.
On ne change pas une équipe qui gagne avec un gameplay maison toujours aussi efficace. Kiryu se balade dans Osaka (ou le château, à moindre mesure) librement, avec un terrain de jeu assez vaste. On y rencontre de nombreux PNJ, marchands, ou lieux d’activités divers et variés, mais aussi des loubards cherchant la bagarre. Kiryu a accès au début à un seul style (Agent) assez rapide et vif, mais en débloque un second plus tard (Yakuza) plus axé bagarre de rue et monicible. Les coups peuvent, les combos s’enchainent et la mise en scène est toujours de la partie avec les coups EX quand on assène un coup violent à celui qui nous fait face. On chope souvent des groupes entiers et c’est ainsi qu’on teste au fil de l’eau nos nouveaux gadgets (dispo qu’en agent). L’araignée est un fil permettant d’attraper / attirer / jeter un adversaire ou un objet au loin. On fait appel à des drones pour gêner celui qu’on combat alors que la clope électronique est une sorte de bombe. Serpent est une amélioration de nos chaussures permettant de rusher un groupe et les renverser ou prendre de la distance rapidement. Pendant la furie EX, chaque ustensile se voit aussi améliorer. Par exemple, les drones arrivent directs à plusieurs. On ramasse un cône de construction, une table, un cendrier ou tout ce qui nous passe sous le coude et on tabasse ce qui nous résiste.
Quelques afflictions sont de la partie, comme l’étourdissement ou le saignement, requérant notre attention. Certaines techniques adverses peuvent être contrées avec notre ultime, si on pare avec le bon timing. Les boss demandent par contre de la technique et souvent un peu plus de retenue sous peine de se prendre une raclée phénoménale. Le socle historique, saupoudré de ces quelques nouveautés, fonctionne à merveille. C’est un vrai régal alternant vrai défouloir et combats costauds et techniques et toujours avec une putain de mise en scène solide. Le boss de fin… juste épique ! La formule est toujours ultra dynamique et frénétique, on kiffe. RGG maitre son sujet et le démontre une nouvelle fois.
Akame network
Je parlais casting un peu plus tôt, et l’un des nouveaux personnages centraux (que j’adore d’ailleurs) n’est autre que celle nommée Akame. Elle devient l’un de nos contacts, celle qui va nous aider du mieux qu’elle peut à Osaka, et elle introduit l’une des nouvelles composantes phares de Gaiden : le réseau Akame. C’est par ce biais qu’est temporisée une partie de notre progression, mais surtout qu’on accède à la très grande partie du contenu scénarisé secondaire. En répondant favorablement aux demandes d’assistance des locaux, la réputation du réseau augmente, nous ouvrant tout un tas d’améliorations, mais surtout des points Akame utiles pour améliorer nos capacités.
On améliore les stats de Kiryu (PV, attaque, jauge EX), mais aussi ses deux styles de combats (nouvelles compétences) ainsi que les gadgets (plus de drone, plus de fil, etc.) avec de l’argent certes, mais il faut pour certains des points Akame. On acquiert de l’équipement pour Kiryu (on dispose d’un à 4 emplacements pour porter tenue/armure/bijou, etc.). C’est comme cela qu’on boost l’attaque, la défense, ou des résistances aux balles, taser, etc. La fonctionnalité Akame est plutôt bien construite et surtout elle parait cohérente : plus son réseau est étendu, plus elle a accès de meilleurs équipements et surtout aux infos nécessaires à Kiryu pour avancer. Il y a une étape nous imposant un peu de farmer le leveling du réseau, mais vu que chaque mission est scénarisée, sympa à jouer, on ne crache pas dessus. C’est d’ailleurs un point de fort de la licence, le contenu annexe reste toujours quali. On améliore aussi ce réseau en aidant spontanément les citoyens dans la rue : un racket ? On va calmer les racailles. Un SDF à la dalle et aimerait un bento ? On le lui achète et on lui offre, etc. Le réseau est également un bon moyen de génère de l’argent et accumuler des millions et des millions de yens (en plus de prolonger le plaisir Gaiden avec brio).
Alcool, femmes, jeux et baston
Le contenu de Like a Dragon Gaiden fait honneur à la licence avec ses nombreux magasins et supérettes, ces salles d’arcade permettant de jouer à des jeux iconiques de Sega, le golf et le fairway, du billard, le casino, le shogi, du pocket circuit, du karaoké ou encore les bars à hôtesse en prise de vue réelle dans lesquels il faut charmer la femme face à nous. Et c’est sans oublier les défis akame qu’on remplit en tâche de fond (combattre xx ennemis avec tel style, exécuter xx fois tel gadget, gagner au billard avec tel score, battre xx à tel mini jeu, etc.), la recherche des clés de casier, etc. Le château loufoque propose son lot d’activité aussi avec notamment un magasin pour gérer nos tenues (civiles ou gladiateur) et la fameuse arène du Colisée. Cet endroit propose un tournoi de combattant afin de devenir le maitre incontesté du freefight. On monte progressivement les échelons (ce qui nécessite parfois un certain niveau du réseau Akame), on change de catégorie, et on fait face à des combats de plus en plus exigeants jusqu’à arriver au platine afin de se mesurer aux 4 maitres de l’arène !
Il y des modes défis, chronométrés,, seul mais aussi en équipe avec jusque 4 coéquipiers maximum. On y trouve un système de classe (défenseur, soigneur, attaquant) et surtout de recrutement où au final on arrive même à faire intégrer à notre team certains Yakuza de légende. Quand un coéquipier prend part à une baston, il remporte de l’EXP et donc des niveaux et stats, mais aussi notre jauge d’amitié évolue ce qui amène des bonus en combat. Il s’agit ici d’un gros ajout prenant à lui seul quelques heures pour arriver au sommet et devenir le champion ultime. Au final, une très grosse partie du secondaire tourne autour d’Akame, et même une partie de la trame centrale. C’est la pierre angulaire de Gaiden sans aucun doute.
Un dragon ne meurt jamais
Techniquement, Gaiden est propre, soigné et stable. La modélisation des personnages principaux et leurs animations sont excellentes, certes le rendu global affiche parfois de l’aliasing en arrière plan, mais sur les grandes lignes on n’a rien à redire à la production 2023 de RGG. En exploration, surtout de nuit, Osaka et le château sont magnifiques. En combat, j’adore les effets de lumières quand on balance des grosses frappes, cela en jette un max. On note d’ailleurs pas mal de petits détails à l’image des éclaboussures de sang ci et là (un coup au visage ? Une marque ! On projette un adversaire, tête la première dans un mur ? Une tâche, etc.). Lors des cinématiques, les dialogues sont entièrement doublés en japonais, et l’intégralité du jeu est sous-titrée en FR, ce qu’on apprécie fortement d’autant que cela parle pas mal. Les menus sont assez ergonomiques, tout comme l’UI général. J’aurais apprécié par contre avoir un suivi sur la mini map plus précise pour le contenu secondaire, obligeant à ouvrir la carte en grand pour voir dans quelle direction aller ou pinger nous-mêmes l’objectif, alors que le principal affiche une petite flèche toute bête, mais suffisante à suivre.
Quel plaisir de retrouver Kiryu pour une nouvelle aventure, afin de patienter jusqu’à la sortie du prochain opus canonique en 2024 ! On découvre un contenu généreux, riche, et entrainant basé sur la recette maison et quelques nouveautés bien amenées que cela soit la baston, le réseau Akame ou le Colisée. Disponible pour 50 balles (et dans le gamepass day one PC comme Xbox), c’est un must have dans l’univers de Yakuza, avec du fan service bien posé, et du cross licence rapide mais intéressant… J’ai tellement de choses à vous dire encore, mais je dois me modérer haha. Quand on pense que Gaiden devrait être un DLC !! L’avis sur la démo arrivera plus tard, ne pouvant la lancer pour le moment (un DL nécessaire ne se lance pas).