Test Ara History Untold : une agréable surprise

Je me suis lancée dans Ara History Untold sans être une experte du 4X ou des simbuilder. J’ai toujours été attirée par ce genre sans pour autant y plonger corps et âme, en y jouant avec parcimonie. On commence notre périple avec un titre qu’on pensait sans prétention, mais la magie opère et nous captive en aspirant les heures comme jamais. 

Ara History Untold a l’air d’un 4x standard : bâtir une nation, la faire grandir et s’imposer aux yeux du monde le tout sur fond de gameplay au tour par tour. On débute par le choix de notre leader, parmi des figures historiques de différents pays ou civilisations à travers les âges. On peut par exemple incarner Gengis Khan, Néfertiti, Xerxès Ier, Élisabeth Ire, etc. Ce sont plusieurs dizaines de légendes disponibles, de tout âge et de tout continent. 

Bien entendu, ce choix pose une première brique avec les différents bonus offerts. Par exemple, le leader japonais Tokugawa Ieyasu amène le buff « Discipliné » qui augmente la production de tout ce qui est lié au gouvernement ou à l’armée. « Agressif » administre 50 % de force additionnelle aux troupes hors du territoire. « Patient » altère le coût de la guerre, tandis que sa « sagesse » ajoute 10 points de connaissance à ses villes. Enfin, les châteaux sécurisent mieux nos contrées, et ainsi de suite. Par conséquent, le choix de notre avatar confère un avantage certain si l’on suit la philosophie du personnage. L’objectif d’Ara History Untold est « simple » : viser la grandeur, via une quête de prestige et une ascension vers le sommet des nations. Chaque partie suit un cadre similaire : être le leader du monde en accumulant un maximum de prestige, dans une partie composée de trois actes où certaines nations sont éliminées à la fin de chacun d’eux ! 

Un jour je serais le meilleur …

Mais comment accumuler ces points de prestige ? Il y a plusieurs façons d’y parvenir : en déclarant et en gagnant des guerres, mais aussi par la diplomatie, l’expansion, le commerce, etc. On aurait tendance à croire qu’éliminer toute concurrence est la solution la plus simple et efficace, mais ce n’est clairement pas le cas. Au contraire, Ara nous force à jouer sur différents tableaux, à être à la pointe et en perpétuel mouvement et évolution partout.

La partie débute avec notre capitale, symbolisée sur la carte par une petite zone, qui comprend en son sein plusieurs quartiers constructibles. Selon nos besoins, on débute avec une ferme pour apporter de la nourriture, un atelier pour des outils et objets rudimentaires avant d’ajouter un camp de bûcheron pour la matière première la plus utilisée en début de partie : le bois. Nous ne disposons actuellement que d’une seule unité mobile, un éclaireur. Chaque tour, on le fait avancer d’une case, qui elle aussi est composée de plusieurs sous-zones. On y voit d’un côté un tigre, et de l’autre une caisse de ressources. Lors du prochain tour, au lieu d’avancer d’un cran, on donne l’ordre de ramasser les richesses devant nous. La mission de cet éclaireur est de nous donner la vision sur le monde aux alentours et de récupérer du matériel si possible. Pendant ce temps, notre ville évolue avec de nouvelles bâtisses qui sortent du sol, car oui, la notion de tour est primordiale ici.

La ville prospère, et grâce à nos actions, elle évolue suffisamment pour prétendre à une extension. On assimile une zone voisine afin de faire grandir notre capitale. Pour cela, on regarde en détail ce que propose chacune des régions limitrophes pour voir celle qu’on va absorber, car chaque sol n’a pas les mêmes trésors à nous offrir. On construit une nouvelle fois des habitations, un camp de chasse, etc. Nos actes ont été remarqués : pour chaque extension de territoire, nous accumulons du prestige, de même pour chaque amélioration de ville. In fine, nous débloquons un Âge d’or qui récompense notre dynamique avec des bonus de prestige durant quelques tours. 

On apprend régulièrement de nouvelles technologies, et nous sommes libres de choisir l’ordre dans lequel on les acquiert. Par exemple, la fabrication de cordes permet de créer et d’utiliser des filets de pêche entre autre. Le tir à l’arc donne accès aux tours de guet, et à former des soldats avec cette arme. On ne se contente pas d’empiler les ateliers, boucheries, fermes, fabriques de poteries, il faut choisir ce qu’elles produissent, car les ressources vitales à l’évolution de notre nation ne se limitent pas au bois, à la pierre ou à l’or. Ara va plus loin ! On a besoin d’outillage et composants spécifiques, comme de la corde justement, des poteries et j’en passe. On met en place une chaîne de production qui fonctionne 24 heures sur 24 pour constituer des stocks, et parfois, on adapte la situation en demandant de fournir des objets particuliers pour une construction spécifique.

On n’est pas à l’usine ici

On débute avec énormément de gestion manuelle, mais plus on avance, plus notre routine diffère. Par exemple, l’éclaireur peut être géré par l’IA si on le désire, afin que notre pisteur visite et ramasse un maximum tout seul. De la sorte, on se focalise sur les parties les plus intéressantes durant notre tour. Forcément, en début de partie, les options étant limitées, on gère tout cela nous-mêmes, mais plus on avance et plus les options s’élargissent. 

L’éclaireur rencontre des rebelles, on ouvre le dialogue et on noue des liens ou on envoie nos épéistes et archers anéantir les camps rebelles directement. En parallèle, notre cité ne cesse de s’élargir et on apprend de plus en plus de technologies. Nous disposons maintenant de colons que nous envoyons bâtir une seconde cité plus loin. Nous construisons des routes entre les deux villes afin de pouvoir transférer des matériaux de l’une à l’autre. 

Parallèlement, on comprend que le bien-être de notre ville est nécessaire et cela passe par plusieurs facteurs : la santé, la sécurité, la connaissance, etc. Et nos actes ont souvent un impact sur cela. S’engager dans de nombreuses guerres affecte le moral des citoyens, alors que l’Âge d’Or, période de paix et de prospérité, les stimule. Nous ajoutons des commodités en ville pour apporter différents bonus et gains, commodités qui sont souvent produites par notre ville elle-même : festins réguliers, offrandes, etc. Notre civilisation débloque sa dernière technologie et nous fait passer dans l’âge de bronze, synonyme de nouvelles listes de technologies. Attention également cependant : soit on apprend toutes les technologies disponibles du premier âge, soit on passe au suivant et on choisit le prestige quitte à perdre du savoir, car c’est souvent une course contre la montre côté prestige afin de rester dans le peloton de tête. On a toujours des nouveautés sous nos yeux, mais il faut choisir nos priorités afin de rester LA nation du moment.

Plus on progresse dans la partie, plus on prend d’avance sur les concurrents et plus on améliore les structures existantes grâce à nos nouvelles connaissances. Et tout cela, sans oublier les différents événements aléatoires que nous devons affronter. Bien sûr, notre décision à ce moment a de nouveau un impact sur notre partie. Par exemple, très tôt dans notre partie, un jeune homme est venu nous alerter d’un nuage de fumée provenant d’un village lointain et nous a demandé de l’aide. Si on décide de rejoindre l’armée, on perd un peu en défense. Si on envoie un éclaireur, le bonheur de notre cité en pâtit légèrement. Si on décide de l’ignorer, aucun impact. Il arrive qu’il y ait des scénarios sans malus, mais aussi avec du positif, et parfois, les trois solutions nous collent un malus.

Une richesse incroyable

Les mécaniques sont tellement nombreuses qu’aucun tour ne se ressemble. On déplace nos unités diverses, on surveille le bien-être de notre population dans chaque ville, on travaille la diplomatie avec les nations rencontrées, on ouvre des routes commerciales, on explore les terres et les mers, etc. Et parfois, un atelier produit une pièce rare, un chef d’œuvre qui apporte encore et toujours de la renommée. Même si une certaine boucle de gameplay se forment vaguement, on a des surprises et des faits variables en permanence ce qui permet de ne jamais ressentir réellement de redondance.

Il faut jongler entre chaque facette de la formule pour faire prospérer notre nation : l’expansion sur le terrain, l’exploration, l’alliance avec quelques dirigeants, l’infidélité envers un autre, l’élimination d’une menace parfois sans autre choix, mais attention, la guerre a toujours un prix ! En argent, en morale, en défense, en vie, et le coût n’en vaut pas toujours la chandelle. Il faut toujours peser le pour mais surtout le contre.

Après le bronze, il y a ?

On arrive à l’âge du fer, on a déjà passé 100 tours et plus de 3 heures en jeu. Nous découvrons notre premier parangon, figure emblématique de l’histoire, qui apporte son savoir-faire, différent selon le poste qui lui est assigné. Notre progression débloque des experts au compte-goutte, qu’on assigne à un lieu de fabrication ou à une structure militaire pour apporter une nouvelle compétence ou des gains de productivité. Le passage à une nouvelle ère change notre façon de gouverner en débloquant par exemple la monarchie. Nous choisissons si nous mettons en place un impot ou non, notre façon de diriger, etc. Le temps défile, la formule réussit toujours et encore à se renouveler, sans compter les défis qui délivrent encore plus de prestige si l’on arrive à les réaliser avant les autres, comme la construction des merveilles du monde par exemple.

Au fil des heures, on délaisse de plus en plus la microgestion pour passer à la macro, on adapte nos productions à nos besoins, on désigne le rôle de chaque personnalité qui vient, on change les commodités selon la situation et on voit notre nation devenir grande et crainte par tous, non pas par sa force militaire (ou du moins, pas uniquement par cela), mais par sa connaissance, sa grandeur, on devient un point de commerce immense. On débute avec des outils et constructions dignes du début de notre ère, et encore, pour arriver jusqu’à la révolution industrielle et plus.

 C’est un réel plaisir de voir notre cité prendre vie et évoluer au fil de nos actes, d’autant que le moteur graphique et la direction artistique sont de bonne facture. Il y a de la vie partout, ça fourmille de détails et tout fonctionne de manière stable et fluide. Les biomes et environnements sont variés, tout comme la faune qui diffère selon la région de la carte. On apprécie la VF intégrale (audio comme texte), bien qu’on ait noté ici et là quelques tooltips qui affichaient du code au lieu du texte attendu. Mais gageons que cela sera rapidement corrigé.

Insert coins

Côté contenu, on parle donc de plusieurs dizaines d’icônes de l’histoire, de 7 cartes prédéfinies et d’une génération procédurale possible, de 10 paliers de difficultés avec la possibilité de modeler non seulement l’IA et son agressivité, mais aussi le nombre de nations présentes, de tour, la quantité de faune / flore + ressources, etc. Et pour finir, la composante multi permet elle aussi de prolonger l’expérience pour faire face à de véritables joueurs en lieu et place de l’IA, mais en toute franchise je n’ai pas encore mis les pieds dedans. Ce qu’on apprécie par dessus tout : le titre nous assiste à chaque nouvelle ajout, à chaque composante qui pop, on est accompagné et sollicité à chaque instant, pas un moment de répit, on est toujours dans le bain, ce qui fait qu’on a du mal à lâcher.

On aurait pu craindre un voyage qui tombe dans une boucle redondante passé l’aspect découverte, mais il n’en est rien. On sent qu’il faudra plusieurs parties pour faire véritablement le tour d’Ara History Untold, ne serait-ce qu’en solo. Il y a tant à faire, et malgré les heures qui s’accumulent à une vitesse impressionnante, j’ai l’impression qu’Ara a encore des surprises dans sa manche. À aucun moment je ne me suis ennuyée. J’ai pris beaucoup de plaisir tout au long de mes sessions, avec toujours quelque chose de nouveau à appréhender, gérer ou piloter. Ara History Untold a un petit côté magique et séducteur que je ne saurais expliquer, mais qui donne toujours envie de revenir et de continuer sa partie. La rejouabilité est excellente grâce au côté procédural, à la grande personnalisation des parties et à l’aspect en ligne, qui sera sans doute un des moteurs principaux du jeu. Bref, vous l’aurez compris, je suis séduite par ce qu’offre Ara History Untold.