Avis Stray : passage sur la Switch validé

Stray a longtemps été l’une des curiosités du catalogue PlayStation 5, et voici que ce titre atypique (création des Français de chez BlueTwelve Studio) débarque demain sur Nintendo Switch ! Le moment idéal pour refaire une passe sur ce jeu, certes court, mais original.

Tout débutait pourtant bien pour notre chaton. Ce dernier se réveille en compagnie de toute sa famille en pleine nature. On découvre les bases du gameplay, à savoir les déplacements et les sauts, à travers les premiers pas du félin. Mais alors que notre petit animal s’amuse avec ses frères et soeurs un accident survient : notre boule de poils orange tombe dans un trou sans fond… en apparence. Il se réveille dans une ville oubliée de tous, semblant être une prison à « ciel » ouvert, où tout ce qui s’apparente à une issue est bloqué.

On appréhende alors ce monde cyberpunk à tendance post-apo (il n’y a aucun humain à l’horizon) découvert dans les différentes bandes-annonces, peuplé d’androïdes en tout genre et de néons à tout va. Rien n’est naturel ou vivant à proprement parler, à l’image de la flore modifiée pour vivre sans lumière dans ce milieu majoritairement urbain, et délabré, bien trop hostile de prime abord pour notre félin où la nuit règne sans fin. La ville fait penser à ces mégalopoles ultra denses, surpeuplées, étriquées jouant énormément sur la verticalité. Un splendide terrain de jeux pour un chat.

Notre matou se comporte comme un chat qu’on rencontrerait dans la réalité : il miaule, il fait ses griffes sous tout ce qui bouge, il se frotte aux coins de mur, aux pieds de table ou de robots rencontrés, mais il fait aussi tomber tout ce qui est hauteur. Même du côté des animations, c’est assez fidèle à la démarche typique des félidés, et leurs différentes postures selon qu’ils soient apeurés, intrigués, en confiance, etc. Il y a un travail remarquable sur la modélisation et les animations de notre personnage à poil.

En ce qui concerne le gameplay à proprement parler, notre chat n’a qu’un seul but : retrouver sa liberté. Cela ne se fait toutefois pas sans détour, car on ne dispose d’aucune carte pour se repérer ni de marqueurs quelconques, l’exploration étant au cœur de l’expérience où les interactions avec les robots rencontrés se font naturellement (d’ailleurs, mention spéciale à leur design). On se perd, on arrive sur un cul-de-sac, on découvre un nouveau raccourci. On vit pleinement notre vie de chat en découvrant sans cesse de nouveaux recoins, de nouveaux chemins et de nouvelles zones de cette ville à l’abandon.

Bien qu’on enchaîne les sessions d’agility à coup d’escalade sur des murs, en grimpant sur des gouttières ou autres blocs de clims imposants, Stray amène de multiples mécaniques basées sur la résolution d’énigmes et de puzzles : on déplace un objet entre nos crocs, on en pousse d’autres avec nos pattes, voire on entre dans des cylindres et on les déplace en les faisant bouger de l’intérieur. Afin de ne pas dénaturer l’identité de notre personnage et qu’il reste un « simple » chat, un drone doté de capacités uniques et plus technologiques s’ajoute à l’aventure. Stray offre aussi des séquences dans lesquelles il faut éviter des ennemis dangereux qui nous tueraient trop facilement et des affrontements ensuite, simple mais suffisant. BlueTwelve Studio a su trouver le subtil équilibre dans sa formule pour fédérer les joueurs et qu’ils profitent du voyage.

Bien sûr, tout n’est pas tout rose dans Stray, à commencer par l’imprécision des phases plateforme avec les sauts par moment, qui ne sont pas toujours faciles à gérer. Mais surtout, par la fausse liberté offerte, laissant parfois songer qu’on peut rejoindre une plateforme alors que non, celle-ci n’étant pas prévue pour accueillir notre chat… La durée nous a semblé suffisante de notre côté (environ 5 heures), pour un jeu de ce calibre, réussissant une nouvelle fois un numéro d’équilibriste donnant une impression de suffisance. Continuer un peu aurait pu pousser à ressentir une certaine redondance dans la formule.

La direction artistique fonctionne à merveille avec ce mélange de monde sans vie, mais pourtant fourmillant de détails à foison, à coup de néons à tout va, plus coloré qu’on ne le pensait aux premiers pas dans cette contrée atypique. Très jolie et fluide sur PlayStation 5, Stray s’en sort convenablement sur Switch. Certes, cette version ne rivalise pas avec celle de la console de Sony en termes de qualité des textures la finesse l’image (détails dans la fourrure, aliasing) ou même le framerate, mais on arrive à profiter de Stray sans difficulté sur la machine portable de Nintendo, où on ressent bien moins une partie des différences en nomade (sur écran, forcément, on le voit un peu plus mais faut rester cohérent entre la différence de puissance des deux supports). Pour illustrer ceci, je vous propose quelques minutes de captures maison.

Stray est une aventure originale et touchante, à savourer durant quelques heures. Incarner notre chat dans ce monde unique procure un plaisir différent de ce dont on a l’habitude. Réussite sur PS5, Stray est sans aucun doute une réussite sur Switch également. Son univers nous fascine et sa simplicité apparente séduit. À la recherche d’une expérience fraîche, saisissez l’occasion si ce n’était pas déjà fait.