The Origin Blind Maid : une version surnaturelle du Chaco

Quoi de mieux qu’un studio sud-américain pour nous conter une histoire inspirée du folklore local ? C’est ce à quoi aspire Warani, structure paraguayenne, avec The Origin Blind Maid. Disponible depuis peu, on a pu s’y essayer sur Playstation 4. Bien entendu, tout n’est pas parfait, mais pour leur premier jeu d’envergure et à petit prix (17,99 sur PS, 11e et quelques temporairement sur PC), le voyage peut valoir le détour.

On incarne un politicien corrompu qui tente de fuir la justice par tous les moyens. Son assistant l’aide à s’extrader en passant par le Chaco, région verdoyante importante à cheval entre le Paraguay, la Bolivie, l’Argentine et le Brésil. Mais rien ne se passe comme prévu. Attendant au point de rendez-vous, l’assistant disparait et avec lui les clés de la voiture. Seul dans l’obscurité, on se lance à la recherche du disparu, mais des phénomènes étranges se produisent. Sans rien dévoiler de l’intrigue, on tombe très rapidement dans le surnaturel, teinté d’horror, le tout saupoudré des mythes et légendes locales avec des voyages dans le temps afin de réparer des erreurs commises et se laver de toute corruption. On se laisse prendre au jeu durant les 5 chapitres demandant un peu plus d’une heure chacun. Même si on décèle parfois certaines ficelles, la narration reste suffisamment bonne pour qu’on finisse notre run d’autant que le cadre choisi n’a été que très rarement utilisé sur notre média favori.

Jouée à la première personne, l’expérience mise essentiellement sur l’infiltration, la discrétion, afin de ne pas se faire surprendre par un ennemi et s’en sortir vivant. On acquiert assez rapidement une arme à feu, mais les munitions étant rares, le tir doit être évité autant que possible. Les gunfights ne sont pas simples, mais surtout c’est l’animation de notre héros lorsqu’il prend un coup qui rend l’action complexe. En effet, lorsqu’on encaisse une patate, la caméra part dans tous les sens durant quelques secondes. Du coup, on ne sait plus trop où on est, ni l’ennemi.

L’action prend place dans un environnement toujours très sombre, où notre seule source de lumière est un smartphone, la lune ou encore un torche. Tout est fait pour qu’on ne soit jamais serein et qu’on avance à tâtons sans faire d’excès de zèle.

Côté progression, on reste sur une formule à l’ancienne n’indiquant pas clairement où on doit se rendre. On connait notre objectif, on possède une carte du coin, à nous de faire le lien et de nous diriger, mais les zones étant contenu sans être trop restreintes, on n’éprouve aucune difficulté à se repérer et trouver notre route. Les puzzles rencontrés ne sont jamais compliqués et demandent simplement un peu de réflexion. Dès qu’on prend le temps de relire les infos acquises, on met peu de temps à se débloquer.

Le craft est une composante majeure du jeu, nécessitant de ramasser des plantes comme Revil pour pouvoir créer des préparations ou même utiliser la magie noire. On voit assez loin ce qui est ramassable ou non, mais l’emote apparait uniquement lorsqu’on est limite accroupi sur le loot ce qui n’est pas toujours très optimal. De même, on a la possibilité de débloquer des bonus pour booster notre politicien comme pouvoir porter plus d’objets ou s’essouffler moins vite lors des courses poursuites.

La direction artistique reste propre même si, visuellement, on alterne le « bon » et le « moins bon ». On traverse quelques passages jolis en gardant en tête l’envergure du jeu, pour voir dans la seconde qui suit des textures moins flatteuses. Globalement, Warani affiche un rendu qu’on valide. De tout de façon, on ne demande pas la lune à ce genre de jeu niveau rendu, mais la stabilité ça oui, et pour le coup The Origin Blind Maid rempli le contrat. Les environnements sont variés et le mélange réalité/surnaturel est bien balancé. Les ennemis ont eu le droit aussi à leur part d’originalité. Sans briller comme un AAA, The Origin Blind Maid case la plupart des cases. Côté audio, choix surprenant seul l’anglais était jouable sur PS4. Point de vue immersion, il aurait été cool d’avoir une VO. Le tout est sous-titré en anglais également. Fait étonnant, on dispose de quelques options comme la FoV ou encore l’expérimentale vue TPS!

La durée de vie est plus que convenable avec des runs aux alentours des 6-7 heures, avec une rejouabilité possible via un NG+ et plusieurs fins selon qu’on rachète une conscience à notre héros, ou qu’on s’enfonce à être une pourriture corrompue jusqu’à la moelle. Trois modes de difficulté sont d’ailleurs disponibles allant de la promenade santé à un parcours bien plus hard qui nécessitera de pas jouer comme un bourrin tête baissée.

Je suis tombé par le plus grand des hasards sur le trailer dernièrement, et ai découvert de ce fait The Origin Blind Maid (qui était déjà mentionné dans la presse il y a deux ans au final). Je ne m’attendais à rien et au final, l’expérience assez oldschool dans son approche et son gameplay n’a pas été désagréable. Le folklore sud-américain est un terrain de jeu si peu exploité. Warani a puisé dedans pour créer une histoire mêlant réalité et surnaturel aux multiples fin. Certes, tout n’est pas tout rose (certaines textures un peu chiches, des animations parfois datées), mais le reste réussit à nous faire oublier cela. C’est un petit jeu indé qui mérite le coup d’œil.