SCARS Above : une base solide pour le nouveau Prime Matter

Comme à l’accoutumée avec la maison d’édition de Plaion, Prime Matter, on découvre en SCARS Above une nouvelle licence sans prétention, à la saveur parfois oldschool, mais au potentiel certain. Certaines facettes pêchent encore, mais ce voyage dans un univers inconnu se laisse dévorer sans problème.

SCARS Above est un jeu à la troisième personne dans un univers Sci-Fi où notre survie est mise à rude épreuve. L’humanité s’est toujours demandée si on elle était la seule vie sans trouver de réponse concrète jusqu’au jour où une structure extra-terrestre apparut en orbite autour de la Terre. Le SCAR, Un groupe d’astronautes et chercheurs dont notre personnage nommé Kate, est envoyé en mission à bord de l’Hermès enquêter sur cet engin nommé le Metahédron. Mais alors que le vaisseau s’en approche, un phénomène inexplicable se produit après lequel Kate se réveille isolée dans un environnement inconnu. 

Dès ses premiers pas, elle aperçoit au loin ce qui semble être les débris de la navette spatiale, et retrouve de l’équipement de du commandant de bord au sol. Rien de rassurant à l’horizon surtout quand elle pense être pris d’hallucination aussi bien visuelle en voyant une forme extra-terrestre devant elle, mais tout autant auditive lorsqu’elle croit entendre l’alien lui demander la suivre. Cerise sur le gâteau ? La faune locale vindicative et agressive lui barre la route.

Kate n’a qu’une idée en tête : retrouver ses coéquipiers, comprendre comment ils sont arrivés ici et surtout comment repartir, mais le chemin est semé d’embuches. Le rythme narratif est assez lent sur la première majeure partie de l’histoire avant de lâcher les chevaux en déballant tout un tas d’informations nous aidant à appréhender l’origine du phénomène et pourquoi on est là. Certains dialogues sont parfois un chouïa long ou anecdotiques tout et la VF (avec doublage intégral svp) manque de temps à autre de justesse, mais les thèmes abordés et les sujets évoqués font pencher la balance pour maintenir notre intérêt tout au long des 8 h 30 qu’il nous a fallu pour finir SCARS Above. Le fond est vraiment prenant, bien ficelé et la narration se tient. Il ne manque pas grand-chose à la forme pour rentrer dans le moule. La base est solide et surtout la fin laisse la porte grande ouverte à une éventuelle suite ce qui serait loin d’être déplaisant.

L’univers créé est surement l’un des points forts de SCARS Above avec un monde original, offrant différents biomes et un bestiaire correct. La direction artistique, des plus attrayante et inspirée, joue énormément sur l’ambiance glaciale du titre de Mad Head Games dont la bande-son grignote une place importante. On passe d’un vide absolu matchant à la perfection ces plaines étendues au ciel sombre et orageux à des bruits de fond de plus en plus présent au fur et à mesure que la tempête se rapproche avant qu’un « thème » plus stressant arrive renforçant ce sentiment d’insécurité. Côté immersion, SCARS Above n’a pas de leçon à recevoir.

Le titre de Mad Head Games mise sur un aspect shoot couplé à la survie en abandonnant la nervosité habituelle des TPS pour pencher vers quelque chose de plus stratégique. On jongle entre les armes pour jouer sur les faiblesses élémentaires adverses, tout comme on profite de l’environnement pour maximiser nos dégâts. Un monstre dans l’eau est davantage affecté par les sources électriques. Chaque adversaire possède un point faible plus ou moins visible. À nous de le trouver et l’exploiter. Et tout ceci est sans compter la présence de gadget de différentes formes qu’on met à contribution pour s’en sortir ou encore la lame en dernier recours. Les ressources sont limitées (munitions, filaments pour tout ce qui touche au soin par exemple, de même que l’énergie pour les accessoires) forçant à faire attention à nos actes. Certes le fait que Kate ne soit pas une soldate, mais qu’elle utilise toutes ses armes rapidement et à la perfection, dénote un peu dans le décor. 

Aucune composante n’est réellement nouvelle mais l’assemblage judicieux de toutes ses options nous offre quelque chose de différent des autres titres hardcores. Au rayon des touches maison, on note la gestion de l’hypothermie durant les moments de grand froid, et la possibilité de jouer avec la glace justement pour venir plus vite à bout d’adversaires coriaces. Quelques énigmes ou puzzles s’intercalent entre nos phases d’exploration et actions. Souvent simples, elles contribuent finalement à obtenir des éléments pour compléter le lore de la licence plus qu’autres choses ou nous ouvrir un passage.

Là où la SCARS Above diffère est l’absence de fonction leveling traditionnelle. On acquiert des points de compétences à investir dans deux arbres (un dédié à l’armement, l’autre aux capacités de Kate) uniquement en ramassant des cubes de connaissance dissimulés un peu partout. Les composants nécessaires à nos gadgets se trouvent en fouillant chaque recoin de la carte. Face à la rareté d’une majorité d’objets, SCARS Above nous encourage sans cesse à explorer en prêtant attention à ce que nos gains ne soient pas annihilés à cause d’un danger non maitrisé ! Le level design vise juste avec une succession de couloirs plus ou moins larges et zones semi-ouvertes, donnant une réelle impression de grandeur à la planète alien. Le tout est jonché de nombreux passages annexes toujours récompensés si on s’y aventure.

À la façon des Souls-like ou assimilé, il n’est pas rare de devoir faire un détour pour débloquer une porte nous ramenant au point de sauvegarde précédent qui a pour effet de nous régénérer, remplir les poches de munitions et faire réapparaitre les ennemis vaincus. On retrouve finalement une construction du monde là aussi assez classique et déjà aperçue ailleurs où on est encouragé régulièrement à explorer, mais ce procédé fonctionnant assez bien, pourquoi se priver. 

Le craft reste ultra basique où il nous suffit de trouver le bon objet pour acquérir la nouvelle arme, son amélioration ou une variante. Aucun composant autre à ramasser, ou de recette à connaitre, on maintient la touche adéquate le temps de la fabrication et merci au revoir. Dommage, il y avait surement moyen de faire mieux ou tout simplement de nous faire loot l’objet et basta.

Le challenge est en deçà des cadors du genre, mais amplement suffisants en l’état et surtout on modifie la difficulté voulue grâce aux 3 paliers disponibles allant de la promenade de santé à une réelle mission commando en terrain inconnue. Les quelques boss qui jonchent notre route sont plaisants surtout celui sur la glace sans en dire plus, demandant de combiner les outils à notre disposition pour venir à bout ce des combats. On oublie le gunfight frénétique et on réfléchit ! Mais c’est ici qu’on peste sur quelques soucis techniques ou de finition notamment une certaine rigidité parfois oldschool de Kate ou le fait de se retrouver bloqué par l’ennemi sans possibilité de bouger conduisant à une mort violente parfois.

Visuellement parlant, on sent le petit budget dont a eu le droit SCARS Above. Les environnements sont magnifiques, on aperçoit quelques effets de lumières ou reflets poussés, mais la modélisation des personnages pêche tout comme leurs animations, la synchro labiale ou certaines textures. Pas de choix à faire entre framerate ou définition, SCARS Above cumule les deux la majorité du temps, avec une fluidité répondant présente sauf les cinématiques qui subissent quasi systématiquement des chutes plus que visibles ! La mouture Xbox Series X est propre le reste du temps et tourne comme une horloge.

Porté par un récit intriguant, une direction artistique massive aussi bien visuelle que sonore et un socle gameplay alliant classiques du genre saupoudré d’un aspect stratégique, SCARS Above possède des qualités indéniables pour une voyage au challenge bien présent. Certains aspects auraient mérité un peu plus de polish sur la forme afin de faire franchir un cap à la production de Mad Head Games. Le potentiel et la base sont là pour que la licence prenne de l’ampleur. Croisons les doigts pour une suite, et que le studio en profite pour peaufiner ce qui peut l’être.