Road 96 Mile 0 : il y a la place pour encore plus grand

L’annonce d’un nouveau titre estampillé Road 96 m’a ravi après un premier épisode poignant, fort et marquant (puis son OST de fou) qui fut un réel (très) gros coup de cœur. Mile 0 se positionne comme une introduction, afin de nous faire comprendre l’exil de ces adolescents fuyant Petria et la dictature de Tyrak. Bien que Road 96 Mile 0 soit loin d’être un mauvais jeu, il n’égale pas son prédécesseur sur son impact, et la façon dont il touche le joueur.

L’histoire se passe dans la ville de White Sands. On incarne tour à tour deux personnages, Zoé qu’on avait découverte lors de Road 96, mais aussi Kaito un nouvel avatar. Amis devenus très proches et inséparables, leurs vies sur le papier semblent pourtant diamétralement opposées. Zoé est la fille d’un ministre influent de Petria et accessoirement voisine directe du palais présidentiel de Tyrak, alors que Kaito est issue de l’immigration en provenance de Colton City que sa famille a fuie pour quitter la pollution et la pauvreté.

Les liens tissés entre les deux adolescents sont forts et vont à contre-courant de la société actuelle, qui tue à petit feu la population locale qui entre dans une mouvance de défiance en témoigne des évènements quelques années auparavant et l’attaque de 86, déjà évoquée dans Road 96. Le peuple tend à se soulever, des jeunes fuient le pays, mais Zoé ne comprend pas pourquoi, elle qui a toujours vécu dans le confort et faisant confiance à son père. Mais lorsqu’elle découvre que Kaito est proche de la Brigade Noire, faction reconnue comme terroriste par le pouvoir, le doute s’installe en elle. S’en suit un tourment entre nos deux jeunes, l’un voulant faire comprendre à l’autre pourquoi il veut quitter Petria tandis que l’autre semble être un peu dans le déni avant de s’ouvrir à la réflexion. Ami aujourd’hui, mais demain ?! Rien n’est sur et Mile 0 nous amène à comprendre ce qui unit ces deux jeunes et qui au final touche toute la société.

La qualité d’écriture n’est pas mauvaise, mais les promesses faites de nous décrire comment cet exode s’est lancé ne sont pas forcément transformées sur le terrain. On pensait avoir un peu plus de profondeur, mais on a plutôt l’impression que le titre n’a pas pris le temps de nous raconter tout ce qu’il voulait pour tenir dans un format similaire au premier question durée de vie. Ce n’est pas simple à expliquer comme sentiment, mais j’ai pour ma part l’impression qu’il manque des bouts pour rattacher tous les wagons ou en tout cas que les éléments donnés ne sont pas suffisants ou trop vite expédiés. Road 96 m’avait transporté tout au long de son histoire, à la rencontre de personnages atypiques, mais Mile 0 n’a pas eu le même effet et c’est surement dans le ton et les sentiments qui nous transmet. Cela reste bon, et peut être que mes attentes étaient un peu élevées, mais je suis resté sur ma faim de mon côté. À noter qu’on retrouve certains avatars iconiques à l’image de Papabear, ou Sonya pour ne citer qu’eux, ou des allusions et clins d’œil à Mitch & Stan par exemple. Les joueurs du premier Road 96 verront pas mal de mention du genre tout au long des quelques heures nécessaires pour voir les crédits.

Road 96 délivrait un OST massif très lourd, il en est de même pour Mile 0 qui nous partage quelques pistes exceptionnelles avec toujours des influences 80s et rétro/new wave et même rock. On retrouve quelques pistes issues de l’œuvre originale pour l’occasion. Visuellement parlant, la direction artistique est toujours ultra léchée avec un chara design excellent dans la continuité de ce que nous proposait le premier jeu. Perso je suis fan. Digixart n’avait aucune raison de changer sa recette d’autant que casser cette continuité n’aurait eu aucun sens.

C’est sur l’aspect gameplay que la « révolution » a lieu et c’est sur ce point qu’il y a matière à discuter. Road 96 conservait une ligne directrice où notre personnage se retrouvait dans une zone plus ou moins délimitée pour ses mouvements (en vue 1re personne), mais avec un panel d’action variant d’un « niveau » à l’autre. Bien que basique d’apparence, la surprise était réussie manette en main tant l’expérience était rafraichissante et originale. Mile 0 divise son expérience en deux facettes et la première conserve cet aspect, avec quelques passages tout autant originaux même si l’effet surprise est moins costaud quand on déjà fait le premier, logique me direz-vous.

L’autre facette amenée par Digixart est une sorte de jeux de plateforme 2D ou 3D à l’ancienne (on pourrait penser à Sonic par exemple) avec un aspect scoring, mêlant vitesse, courses d’obstacle, QTE et j’en passe. Je ne m’y attendais et été agréablement surpris, mais les sensations manettes en main sont de temps à autres ternies par des approximations (un saut millimétré foiré, un personnage ne touchant pas un laser mais échec tout de même, etc.). L’idée était bonne, mais la réalisation un peu moins. Ce n’est pas non plus difficile mais ces errements peuvent être rageants par moment.

J’attendais de pied ferme Road 96 Mile 0, et quand bien même la globalité reste assez positive, je ne peux m’empêcher de ressentir personnellement une légère déception en parallèle. L’histoire m’a bien moins touché que le premier jeu tout comme le gameplay m’a semblé moins accrocheur ou surprenant. Après l’excellence touchée du doigt par Road 96, j’en espérais un peu plus que ce que me propose Mile 0 aujourd’hui. La qualité reste plus que correcte sur sa globalité, mais forcément pour une suite l’effet waouh est bien moins fort.